Procès de l’autoroute Est-Ouest : Des accusations et des questions sans réponses
Procès de l’affaire autoroute Est-Ouest
Des accusés qui nient tout…
El Watan, 30 avril 2015
Le président du tribunal ouvre l’audience par l’audition de Tadj Eddine Addou, en détention depuis fin 2009, poursuivi pour «association de malfaiteurs», «trafic d’influence» et «blanchiment d’argent». D’emblée, il nie toutes les accusations portées à son encontre. Il affirme être un promoteur immobilier qui possède aussi une société de pêche, et un bureau de consulting.
Le juge l’interroge sur sa relation avec le ministre Amar Ghoul. «Je l’ai vu pour la première fois en 2003, par le biais mon frère, qui était membre du comité central du MSP. C’était durant une fête familiale où il était venu avec le cheikh Mahfoud Nahnah. Je ne l’ai plus revu jusqu’aux années 2002 ou 2003. Je l’ai rencontré dans un restaurant à Dély Ibrahim.
Nous nous sommes salués et avons échangé nos coordonnées. Mais comme il était ministre, j’étais gêné de l’appeler. Entre nous, il y avait une grande relation de respect, pas plus. En 2001, après avoir abandonné mon projet de pêche en Mauritanie, j’ai déposé un projet dans le cadre de la relance du secteur. Il a été accepté. J’étais parmi les 10 premiers qui ont commencé à travailler et pas avec la BADR, comme les 151 qui ont bénéficié de l’aide de l’Etat, mais avec le CPA. Les bateaux, je les ai ramenés d’Espagne», répond-il.
Le magistrat l’interroge sur sa relation avec l’accusé Khelladi, directeur des nouveaux projets à l’ANA. Addou répond : «Je savais qu’il était au département de Amar Ghoul et qu’il était un vrai zaïm. Il ne recevait personne. La première fois que je l’ai vu, c’était le jour où il m’a remis la décision pour mon projet de pêche. Lorsque Ghoul est parti, ils l’ont enlevé et scellé ses bureaux. Lorsque je l’ai rencontré quelque temps après, il m’a exprimé son intention d’ouvrir un bureau d’étude.» Il ajoute avoir revu Khelladi en 2006, dans un café à Dély Ibrahim. Il le voyait de loin régulièrement, mais lui parlait quelquefois.
C’est à cet endroit dit-il, qu’ils ont échangé leurs numéros de téléphone. Le juge : «Avez-vous parlé de SMI, le bureau canadien avec lequel vous travailliez ?» L’accusé : «Il m’a demandé ce que je faisais je lui ai dit que je travaillais avec SMI. A cette époque, le bureau n’avait pas encore décroché de marché. Un jour, les travaux publics ont eu un problème avec un bureau d’étude français, il m’a appelé au téléphone en me demandant de remplacer ces derniers. Les virements que j’ai reçus entrent dans le cadre des activités avec SMI.
J’ai été chargé de les aider à avoir les cahiers des charges des avis d’appel d’offres, que je leur ai remis à Paris. Lorsque Khelladi m’a appelé pour me proposer de remplacer les Français, j’ai tout de suite contacté la vice-présidente de SMI, une juive marocaine, pour lui faire part de l’offre ; elle m’a dit qu’elle allait contacter Pékin. Je pense que les responsables l’ont par la suite réorienté sur Alger.» Le juge lui rappelle que ce contrat de travail n’existe pas dans le dossier.
Et Addou répond que quand le juge d’instruction le lui a demandé, il a pris attache avec sa famille pour le récupérer de son bureau à Paris, «mais quelque temps après quelqu’un a remis à mon avocate un contrat signé par une personne que je ne connaissais pas. J’ai été poursuivi pour usage de faux, mais j’ai été relaxé définitivement». Le juge : «Pourquoi vous accuser de choses pas vraies ?» L’accusé : «Je ne sais pas. Une fois dehors, peut-être que j’aurais la réponse.» Le magistrat lui demande quelles sommes il avait sur son compte en Suisse. «550 000 ou 600 000 dollars», répond Addou, précisant que le projet entre SMI et Citic, que Khelladi lui a proposé, a été retardé de six mois, accusant Khelladi de l’avoir fait traîner.
Pour ce qui est de l’accusé Ghezali, ancien directeur de l’Agence de gestion des autoroutes (AGA), il affirme : «Nous vivions dans la même maison à Nedroma. C’est comme un membre de ma famille. Je ne l’ai plus revu pendant 30 ans, jusqu’au jour où je l’ai rencontré dans un café à Dély Ibrahim, et il m’a dit qu’il cherchait du travail, alors qu’il est un crack en ponts et chaussées. Il a travaillé au Maroc et en France, avant de revenir en Algérie. Je lui ai dit laisse mon ton CV. J’ai appelé Amar Ghoul pour lui parler de lui, il m’a dit de laisser le CV à son secrétariat. Il a été recruté et il est resté 5 ans avant d’avoir un poste de responsabilité.» Le juge : «C’est lui qui vous donnait les listes des sociétés ?» L’accusé : «Jamais. Ce n’était pas le genre…»
«Pour ma famille, j’étais mort»
Le juge le ramène à la société portugaise Coba et aux conditions dans lesquelles elle a obtenu les marchés. L’accusé : «La société a soumissionné ; elle était la mieux disante pour les trois lots et elle n’en a obtenu que deux. Le troisième a été donné à une société française. Quand j’ai rencontré son responsable, Calos, je lui ai fait connaître les activités de SMI et ils m’ont dit qu’ils avaient obtenu le marché.» Le juge : «C’est Ghezali qui vous a dit… ?» L’accusé : «Pas du tout.
Lorsque je l’ai rencontré je lui ai dit que les responsables de Coba affirment qu’ils ont eu le marché et que rien ne leur a été notifié. Il s’est renseigné et m’a dit que cela se ferait dans un ou deux jours.» Le magistrat insiste sur les montants perçus par l’accusé : «C’est une avance sur les services que je devais assurer pour SMI. D’ailleurs, je serais obligé de rembourser parce que je n’ai rien fait. J’étais en prison. Le versement a été effectué sur mon compte à HSBC à Genève.» Le juge : «Et SNC-Lavalin ?» Addou : «Je suis un homme d’affaires. Je rencontre beaucoup de sociétés. Et SNC c’était dans ce cadre.
La société voulait réaliser un projet clés en main de la troisième rocade. Lorsque j’ai rencontré le ministre Amar Ghoul, je lui en ai parlé et il m’a dit, en ces termes, ‘khalik’ (laisse tomber). Peut être parce que le type de réalisation ne lui a pas plu.» Le juge : «Vous avez parlé aussi de la société Egis.» L’accusé : «Ces propos m’ont été dictés par le DRS. J’étais nu, accroupi et on m’a dit qu’ils allaient ramener mes enfants. Comment pouvais-je réagir ?» Le magistrat lui rappelle les propos de Khelladi selon lesquels c’est lui qui avait appelé Chani pour le ramener en Algérie et le faire arrêter après. Il dément catégoriquement et affirme que Khelladi l’a appelé pour lui demander de le rejoindre au café de Dély Ibrahim. «Il m’a dit suis-moi au parking et là une dizaine d’hommes ont surgi pour m’arrêter. Ils auraient pu me convoquer.
C’était la veille de l’Aïd. Pour ma famille, j’étais mort.» Le juge : «Quel intérêt y a-t-il à dire qu’il y a un lien entre vous, Ghoul et Egis ?» L’accusé : «Khelladi a même dit que Ghoul était associé dans un chalutier. C’est lui qui a parlé d’Egis.» Le juge rappelle : «Vous aviez déclaré que lorsque vous avez proposé Egis, Ghoul a refusé ; mais quand le fils à Bouguerra Soltani est revenu avec l’offre, il a acceptée…» L’accusé : «Ce sont des propos qui m’ont été dictés !» Le président insiste et l’accusé réplique : «Khelladi raconte ce qu’il veut. Il veut passer pour un héros. Il se croit toujours colonel du DRS.» Le juge demande «dans quel intérêt». L’accusé : «Posez-lui la question.»
Le juge l’interroge sur Kouidri Tayeb, accusé en fuite, un richissime homme d’affaires algérien installé à Genève. Tadj Eddine Addou nie tout en bloc. Sur Nasreddine Boussaïd, dit Sacha, l’accusé explique : «Sacha et un homme d’affaires. J’avais parlé avec lui de ma nièce handicapée. Il avait promis de voir avec une association et il m’a appelé quelques temps après pour me dire de la lui transférer, mais la mère de ma nièce a refusé. Quelque temps plus tard, lorsque Khelladi m’a parlé de son fils handicapé, j’ai appelé Sacha et je le lui ai passé. Ils se sont parlé, ils ont échangé leurs numéros de téléphone.» Tadj Eddine persiste et affirme que Sacha est une connaissance, pas plus.
Mais le juge lui parle de cette somme de 6000 euros qu’il a transférée à Sacha : «Je voulais acheter des montres pour moi et mon épouse dans une bijouterie de luxe qui faisait des promotions de fin d’année. Le montant de 6000 euros était trop important pour ma carte ; j’ai appelé Sacha, je lui ai demandé de me passer la somme cash pour bénéficier de la détaxe et je lui ai restitué le montant juste après. C’est ce que j’ai fait.» A propos de l’accusé Allab Kheir, il affirme l’avoir connu dans un train entre Paris et Genève, et il lui a parlé de son «projet de création d’une usine de rames de train en Algérie, sans plus…».
Le juge revient sur les transferts de devises opérés sur son compte par la société portugaise Coba. Il ne cesse de répéter que «c’était une avance». Le juge : «Le témoin Merabet Ali qui était à SMI parle de pourcentage.» L’accusé : «Il n’a aucun lien avec SMI, C’est une histoire inventée. Le montant de 30 000 euros que je lui ai transféré c’était à la demande de la vice-présidente, qui m’a expliqué que Merabet avait besoin d’argent pour compléter le paiement d’une maison qu’il a achetée au Maroc et qu’après je serais remboursé.»
«Viens prendre El Boursa»
Addou dément toutes les accusations en disant ne pas comprendre son implication dans cette affaire ; peut-être, dit-il, qu’il y a «autre chose». Le président lui rappelle les propos de Khelladi relatifs au piège tendu à Chani pour son arrestation, mais lui conteste la version. Le magistrat appelle Khelladi et lui dit : «Vous avez entendu, que répondez-vous ?» Khelladi répond : «Je réaffirme. Lorsqu’il y a eu l’avenant de 5 milliards de dollars pour les échangeurs, j’ai parlé avec Tadj Eddine Addou, en lui disant de vérifier la liste. Il a appelé Chani et lui a dit en ces termes : ‘Viens prendre, viens vite prendre el boursa.’ Il est venu.» L’accusé Addou réplique : «Vous pouvez dire ce que vous voulez…» Il continue à tout nier et à dire que les 186 000 euros qu’il a perçus étaient une avance.
Son neveu, Addou Sid Ahmed, qui comparaît en liberté, ne déroge pas à la règle : il nie toutes les accusations. Actionnaire dans un bureau d’étude britannique, Metalsun, il explique avoir obtenu un contrat de consulting et d’engineering auprès de SMI et que rien n’a été fait en dehors de ce contrat. Il affirme que les montants transférés sur le compte des filles Ghrieb n’ont «rien à voir avec l’affaire ; c’est une dette familiale que mon père avait contractée auprès de leur père.
Lorsqu’il est mort, nous avons fait la fredha et remis la somme à leur père. Mais ce dernier a préféré la verser sur les comptes de ses filles». La famille Ghrieb, il dit la connaître depuis 1985, lorsqu’il vivait à Londres, où le père Ghrieb était ambassadeur. Cependant, Salim Hamdane, époux de Widad, il ne l’a vu que quelquefois. «Metalsun n’a pas besoin d’informations. C’est un bureau d’étude qui vient après que les sociétés obtiennent les marchés.»
A peine 30 minutes ont été consacrées à Salim Hamdane, en détention. Directeur des nouveaux projets au ministère des Transports, il commence par revenir sur les conditions de détention et la torture dont il aurait fait l’objet. Il dit : «J’ai été enlevé de mon bureau, après que le colonel du DRS du ministère des Transports m’a demandé de le rejoindre à mon bureau pour une affaire urgente. Durant trois jours, ils m’ont dénudé, ils m’ont obligé à rester debout. Mes pieds ont doublé de volume. Je ne savais rien. Je n’ai pas compris pourquoi. Je n’ai aucune information de valeur, comment je peux vendre. «Ce que j’ai vu est indescriptible.
Ils sont allés chez moi, ils ont tout pris. C’est du racket», lance-t-il après avoir demandé au juge de faire sortir son épouse et ses deux belles-sœurs de la salle. Le magistrat lui demande pourquoi n’avoir pas parlé des fonds versés sur les comptes des membres de sa famille au juge. «Je ne faisais plus confiance. Les informations qu’ils ont trouvées sur mes flashdisks concernent mon travail», lance-t-il avant de quitter la barre. Sa femme et ses deux belles-sœurs, Widad et Radia Ghrieb, nient elles aussi et expliquent que les sommes qu’elles ont reçues de Addou Sid Ahmed étaient des fonds de la famille. «C’est l’argent de mon père.
C’est avec sa mère que nous nous sommes entendues pour qu’il nous soit viré», révèlent les sœurs Ghrieb. L’épouse Widad affirme que les agents du DRS ont pris y compris l’argent de sa sœur et de la pharmacie qu’elle dirige et «qui est depuis en faillite». «Lorsqu’ils sont venus, ils étaient huit, ils cherchaient l’argent. Je ne comprenais rien. Ils ont fait rentrer Salim et ils l’ont déchaussé. J’ai vu ses pieds avec des hématomes. Ils m’ont dit vous nous donnez l’argent, on vous le libère dans deux jours. J’avais 2 millions de dinars de la pharmacie et 4 millions de dinars de mon père que je leur ai remis, puis ma sœur qui était avec moi les a emmené chez elle pour leur remettre 1,3 million de dinars. Pour moi, c’était la rançon pour sa libération. Mais ils ne l’ont pas libéré.
Et j’ai reçu une convocation chez le juge après», raconte-t-elle d’un ton serein. Les deux autres accusés, Belkacem Ferrach (ex-directeur de cabinet de Ghoul) et Ahmed Rafik Ghazali (ex-directeur de l’AGA) ont eux aussi nié les faits de corruption, alors que Allab Kheir, un homme d’affaires en fuite jusqu’à il y a quelques mois, il a déclaré n’avoir jamais reçu de convocation du juge ; il aurait pris connaissance de l’affaire à travers les journaux.
Salima Tlemçani
Procès de l’autoroute Est-Ouest : Des accusations et des questions sans réponses
par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 30 avril 2015
L’audition des personnes accusées dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest s’est poursuivie hier, pour le quatrième jour, dans un procès où des accusations accablantes ont été faites par l’ex-directeur des projets à l’ANA et ex-officier à la DRS, Mohamed Khelladi, qui accusait des personnes d’avoir touché des pots-de-vin. Il a cité, entre autres, Medjdoub Chani, Pierre Falcone et Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères), Amar Ghoul et Tayeb Kouidri. Hier encore, Mohamed Khelladi a intervenu, interrompant Addou Tadj Eddine lors de son audition, pour préciser devant le juge que c’est Addou Tadj Eddine qui a appelé par téléphone Medjdoub Chani pour qu’il se rende vite en Algérie afin de négocier sa commission, voire sa part des 5 milliards de surcoûts, sachant que l’autoroute avait coûté seulement 11 milliards de dollars. Mohamed Khelladi persiste en affirmant devant le juge que Chani ne s’est pas rendu le 16 septembre 2009 en Algérie, pour passer l’Aïd avec sa mère, mais il s’est rendu au pays parce qu’il a été contacté par Addou Tadj Eddine. Et d’ajouter que grâce aux appels téléphoniques échangés entre Addou Tadj Eddine et Chani qu’on a pu l’arrêter à l’aéroport. Mohamed Khelladi affirme qu’il est sincère et que ses déclarations il les a faites en son âme et conscience. Addou Tadj Eddine, accusé de trafic d’influence grâce à son amitié avec le ministre Amar Ghoul et accusé d’avoir touché des pots-de-vin et de transfert illicite d’argent a nié catégoriquement avoir appelé Chani pour se rendre en Algérie. Il a également démenti avoir créé une entreprise avec l’ancien ministre des Tavaux publics Amar Ghoul, à l’époque où il était ministre de la Pêche. Il lance devant le juge : « Comment voulez-vous qu’un ministre de la Pêche s’associe avec une personne qui a une entreprise de pêche qui compte deux chalutiers, a-t-il souligné. Interrogé par le juge sur sa relation avec Khelladi, Addou Tadj Eddine répond qu’ils se sont rencontrés à la direction de la pêche. « C’était lui le chef, il recevait les personnes comme il voulait et il faisait ce qu’il voulait », dit-il. Et de poursuivre que la relation entre eux s’est développée et tous les deux se rendaient dans un café de Dely Brahim. Il affirme qu’ensuite Khelladi lui a demandé, de par sa qualité d’homme d’affaires, de solliciter une société canadienne pour débloquer le projet de l’autoroute. Et c’est par la suite que la SNI est entrée en jeu en reconnaissant qu’il avait signé avec cette entreprise un contrat de prestation et d’affirmer qu’il a encaissé 550.000 dollars. Interrogé par le juge et le procureur sur le transfert d’argent du Crédit suisse vers la banque anglaise HSBC, en 2013, il affirme avoir fait ce transfert compte tenu de la publicité attrayante faite par cette banque. Et de préciser que cet argent qui a été placé dans des banques « je l’ai hérité de mon père et c’était pour le fructifier au fil du temps. Et de préciser, encore, qu’il avait déposé cet argent dans des banques étrangères pour permettre à ses enfants d’étudier ou de se soigner à l’étranger. Le juge a ensuite appelé les représentants de COBA qui a traité avec Tadj Eddine à travers son entreprise Merland installée au Panama. Ce dernier a affirmé que son entreprise a sollicité les services de cette entreprise pour l’aider à surmonter les problèmes d’ordre bureaucratique, sachant qu’ils ont soumissionné en 2007 pour des projets de la rocade des Hauts-Plateaux. Il poursuit en soulignant qu’ils ont pu arracher deux projets dont les travaux ont commencé en 2011. Le représentant de COBA a affirmé qu’ils ont versé une avance de 30%. Interrogé par le procureur comment l’entreprise COBA verse une avance avant d’entamer le projet, voire avant d’avoir le projet à une personne qu’elle connaissait à peine. Le représentant de COBA répond : « Cela dénote de notre bonne foi ». Et de poursuivre : « Il se peut que nous étions naïfs. Mais le contrat ne concernait pas le consulting mais un simple accompagnement », s’est-il rendu à l’évidence.
Addou Sid Ahmed est appelé, à son tour, à la barre. Le juge va directement au vif du sujet en l’interrogeant sur sa relation avec les filles Ghraïb et pourquoi il transférait de l’argent sur leur compte. Actionnaire dans un bureau d’études en Angleterre, Addou Sid Ahmed affirme que son entreprise faisait des études techniques sur des projets en Algérie pour le compte d’entreprises étrangères. Et par rapport à l’argent versé dans le compte des filles Ghraïb, il précise que « c’était une dette due par mon père et c’est leur père qui a voulu que je leur verse l’argent dans leurs comptes, je ne sais pas pourquoi ». Il insiste pour dire que sa relation avec la famille Ghraïb est purement familiale et amicale et que Hamdane, qui est le mari de l’une des filles Ghraïb, est une simple connaissance. Le juge a interrogé Addou Sid Ahmed pourquoi il n’a pas auparavant déclaré au juge d’instruction qu’il s’agissait de dettes. Il affirme qu’il était fatigué psychologiquement par des auditions répétées suite à son arrestation. « Ça a duré des jours, c’était une torture morale incroyable », a-t-il souligné.
Le juge a, par la suite, appelé le représentant d’Isolus, société espagnole qui a soumissionné pour le projet du tramway d’Oran avec Alstom, pour expliquer sa relation avec Addou Sid Ahmed. Et le représentant d’Isolus affirme que son entreprise a une relation avec l’entreprise Metalson et non avec Addou Sid Ahmed. Le représentant d’Isolus indique qu’ils ont eu le projet sans aucun acte de corruption, et qu’ils ont juste signé un contrat avec Metalson pour une étude technique d’assistance pour la réalisation du projet.
Un autre accusé, Hamdane Salim Rachid, ex-directeur de la planification au ministère des Transports, a lui aussi récusé toutes ses déclarations lors de l’instruction faites, selon lui, «sous la pression». «J’ai été enlevé par le DRS, j’ai été détenu pendant quatre jours, j’ai été torturé, j’ai subi des pressions», a-t-il lancé lors de son audition.
Interrogé par le président du tribunal d’où provenait l’argent trouvé dans son domicile par les enquêteurs, il est resté silencieux. Il n’a pas également justifié l’argent viré au compte de son épouse.