François Mitterrand : Du colonialisme au néo-colonialisme, trajectoire en clair-obscur d’un ‘‘socialiste’’ français.

Entretien de Thomas Deltombe avec Rafik Lebdjaoui en Podcast, Algeria-Watch, 28 mars 2025

 

Thomas Deltombe, journaliste et essayiste, spécialiste de la françafrique, parle de son dernier ouvrage, « L’Afrique d’abord ! Quand François Mitterrand voulait sauver l’Empire français* » et d’une l’actualité politique qui porte le poids d’une immense tragédie coloniale toujours non-assumée par l’État français.

Cet entretien porte sur la relation trouble, c’est un euphémisme, que le président « socialiste » de la Ve République a entretenu avec l’Algérie, de ses actes et positions durant la guerre de Libération Nationale algérienne que ce maître du mensonge a tenté d’escamoter. Il est aussi question du rôle de François Mitterrand dans la période du coup d’État du 11 janvier 1992 et au cours de la sale guerre contre les civils de la décennie noire.
*Édition la Découverte, 2024.

Questions de l’entretien

(00.01.23) Question 1- Dans L’Afrique d’abord! Quand François Mitterrand voulait sauver l’empire français, Thomas Deltombe analyse les stratégies de Mitterrand à la fin des années 1940 et au début des années 1950 pour préserver la présence française en Afrique. Quels étaient les fondements de son projet et comment comptait-il s’y prendre pour maintenir cet empire ?

(00.11.48) Question 2- En 1954, au début de la guerre d’indépendance algérienne, François Mitterrand affirme : L’Algérie, c’est la France. Cette déclaration contraste avec les écrits d’André Mandouze, publiés en 1947 dans la revue Esprit, où il défendait au contraire l’idée que l’Algérie n’était pas la France. Comment expliquer un tel écart entre ces deux points de vue, à seulement quelques années d’intervalle ? Peut-on y voir une forme d’aveuglement politique ? Par ailleurs, le rôle de Georges Dayan, pied-noir d’Oran et proche collaborateur de Mitterrand, a-t-il eu une influence sur son positionnement vis-à-vis de la question algérienne ?

(00.32.18) Question 3- Parmi les réformes proposées par Mitterrand en 1955, le concept d’ »intégration » revient fréquemment. Ce terme, qui s’inscrivait dans le contexte colonial, a ensuite été repris dans le discours politique français pour désigner l’accueil des immigrés issus des anciennes colonies. Peut-on y voir une forme de continuité entre les politiques coloniales et les politiques migratoires françaises ?

(00.41.09) Question 4- Un article du journaliste Claude Bourdet, publié en 1951 sous le titre Y a-t-il une Gestapo en Algérie ?, dénonçait déjà les méthodes répressives employées par l’administration coloniale. Après le déclenchement de la guerre d’Algérie, la question de la torture est relayée dans la presse française, notamment par Bourdet et François Mauriac. Pourtant, en comparaison, la manière dont la colonisation et la guerre d’Algérie sont traitées aujourd’hui dans l’espace médiatique semble marquer un recul. Comment expliquer cette évolution du discours public sur ces questions ? Peut-on parler d’une régression dans la manière dont ces événements sont abordés aujourd’hui ?

(00.54.58) Question 5- Après son accession à la présidence, François Mitterrand effectue une visite officielle en Algérie, accompagné notamment de l’acteur pied-noir Roger Hanin. En 1992, il soutient le coup d’État des généraux « janviéristes », qui met brutalement fin au processus démocratique en Algérie. Quels ont été les enjeux de cette décision et quelles en ont été les conséquences sur la politique franco-algérienne ?