Mort de D. Contant qui enquêtait sur l’affaire des moines

L’Ex-rédacteur en chef de l’agence Gamma victime d’une chute

Il enquêtait sur le GIA

L. B., France-Soir, 17 février 2004

Il s’appelait Didier Contant. Il était journaliste-photographe, ancien rédacteur en chef de la prestigieuse agence Gamma. Il est mort à Paris dans la nuit de dimanche à lundi, à 43 ans, victime d’une chute dans la cour de l’immeuble d’une amie. Selon une source proche de l’enquête, la these du suicide est la plus probable. Redevenu journaliste indépendant depuis 2002, Didier Contant avait enchainé les reportages, notamment consacrés à l’Algérie. Il s’intéressait aux sujets les plus divers, comme les derniers forts français du Sahara.

Mais aussi à des sujets d’actualité brûlants, beaucoup plus sensibles. Notamment l’affaire de l’enlèvement des moines de Tibéhirine en 1996.

« Didier est rentré récemment d’Algérie après avoir refait une enquête sur cet enlèvement,se rappelle Serge Faubert, journaliste à l’agence Gamma. Une partie de son travail démentait notamment les accusdations d’un transfuge des services secrets algériens », Abdelkader Tigha, contre ses anciens patrons.

Selon la thèse explosive de cet ancien adjudant du Département recherche et sécurité (DRS), les moines ont été détenus par un émir du GIA sous la coupe des « services » algériens. Or « Didier disait avoir retrouvé un homme enlevé en même temps que les moines, se souvient Serge Faubert. Ce témoin avait ensuite réussi à fuir ses ravisseurs avec deux autres otages. Ceux-ci avaient ensuite été rattrapés et abattus par les islamistes. »

Le témoin rencontré par Contant se serait montré formel. Le rapt des moines aurait bien été commis « par des islamistes ». Et ceux-ci « n’étaient pas manipulés » par le pouvoir algérien.

 

Le sentiment d’être « épié »

A son retour à Paris, Contant se montre de plus en plus préoccupé. A ses amis, il se confie,. Le journaliste a le sentiment d’être « épié », « observé », « filé ». « Quand je l’ai vu la semaine dernière, Didier ne paraissait pas déprimé, observe Serge Faubert. Il soulignait juste cette impression d’être surveillé. Pour la première fois, je lui voyais ce sentiment de bête traquée. »

« La thèse du suicide semble se confirmer, poursuit Faubert. Simplement, on peut se demander si la pression lié à ce dossier sensible ne l’a pas poussé à mettre fin à ses jours. » Selon un autre proche, Contant n’excluait aucune piste. Y compris celle d’une implication des militaires algériens dans le rapt des moines.

Ses amis se souviennent de l’une de ces phrases récentes: « J’ai l’impression d’avoir mis les pieds dans une histoire que je ne maîtrise pas. »