Une filiale d’EADS impliquée : Une autre affaire Khalifa en france

Une filiale d’EADS impliquée : Une autre affaire Khalifa en france

par S. M., Le Quotidien d’Oran, 28 juin 2008

Cinq années après la découverte de l’escroquerie du siècle, l’affaire du groupe Khalifa continue à livrer ses secrets en Europe.

Une filiale du groupe européen de l’industrie aérospatiale et de la défense (EADS), la société Socata et un de ses anciens PDG, vient d’être impliquée dans l’enquête sur des malversations présumées au sein du groupe de l’ex-magnat algérien, selon des sources judiciaires françaises. Cette filiale, spécialisée dans la fabrication d’avions légers pour le tourisme ou les affaires, a été mise en cause en avril dernier à Nanterre, en région parisienne, en tant que personne morale pour «complicité de banqueroute». Son ancien PDG Philippe Debrun, qui avait quitté l’entreprise en juin 2003, a été inculpé pour les mêmes motifs, selon les déclarations des mêmes sources, rapportées jeudi par l’agence française de presse AFP. Le juge d’instruction français a émis des soupçons sur une vente litigieuse d’avions légers d’EADS Socata à Khalifa Airways en 2001-2002. La société Socata aurait aidé l’ex-magnat algérien dans l’immatriculation des appareils vendus au nom d’une autre société du groupe, Khalifa Jet Corp, qui n’était en réalité qu’une société écran. L’avocat de la filiale mise en cause, Me Kami Haeri, a confié que c’est «à la demande de Khalifa» que l’immatriculation a été modifiée. «En quoi cela nous rend-il complices de l’appauvrissement du groupe Khalifa ? Où est l’enrichissement pour Socata ?», s’est-il demandé, soulignant que la vente litigieuse ne portait que sur «trois avions». «L’enquête n’a pas démontré que Khalifa Jet Corp était une coquille vide», a-t-il ajouté. Rafik Khalifa est impliqué en France dans une affaire de malversations présumées au sein de son groupe, notamment dans les ex-sociétés Khalifa Airways, Antinéa Airlines (transport aérien) et Khalifa Rent-a-Car (KRC, location de voitures), toutes enregistrées en France. La justice française avait ouvert une information judiciaire fin 2003 pour «abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité et blanchiment en bande organisée» suite à des plaintes déposées par des anciens employés français des ex-sociétés du groupe Khalifa. Outre Rafik Khalifa, plusieurs autres personnes ont été inculpées en France dans cette affaire, dont son épouse.

Après la délivrance d’un mandat d’arrêt européen à son encontre le 5 mars dernier, Rafik Khalifa a été arrêté trois semaines après, le 27 mars 2007, par les services de sécurité britanniques. Depuis cette date, l’ex-magnat algérien, âgé de 40 ans, est gardé en détention provisoire. Il fait l’objet de deux demandes d’extradition, l’une française, l’autre algérienne. En janvier 2008, il a été entendu dans le cadre de l’enquête préliminaire qui précède sa comparution en audience.

La justice britannique a fixé la date du 21 juillet prochain pour trancher dans la demande d’extradition algérienne de Rafik Khalifa. Le juge décidera soit de prolonger la détention, soit d’accorder la liberté à Rafik Abdelmoumène Khalifa conformément à la loi britannique qui fixe la durée de la garde à vue à 28 jours renouvelables. Il a déjà été condamné en mars 2007 par contumace en Algérie à la réclusion criminelle à perpétuité dans le cadre du procès sur la faillite de Khalifa Bank.