Accord d’association Algérie-UE: « La promesse d’une prospérité partagée n’a pas été tenue »
El-Houari Dilmi, Le Quotidien d’Oran, 25 décembre 2024
Les perspectives économiques pour l’année 2025 s’annoncent sous de bons auspices, comme le confirme le dernier rapport de la Banque mondiale. Pour Le vice-président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), le docteur Abdelouahed Kerrar, « il s’agit d’une continuité de l’action des autorités du pays en matière de réformes économiques, puisqu’en 2023 déjà, la Banque mondiale parlait d’une croissance du PIB non extractif de 3,7%, alors que la majorités des pays développés restaient sous le taux de 1% », a-t-il souligné.
Invité de la Radio nationale, le vice-président du CREA, a expliqué que l’Algérie a connu un taux de croissance de 3,9% au premier semestre de l’année en cours, « une croissance qui reste parmi les plus élevées de la région MENA, tirée certes par le secteur des hydrocarbures mais aussi par les secteurs agricole et industriel », a-t-il indiqué. « L’inflation qui était de 9,3% en 2023, a été réduite considérablement pour atteindre 4,3% en glissement annuel pour les neuf premiers mois de l’année 2024, ce qui est très encourageant », s’est-il réjoui. Comme confirmé par les experts de la Banque mondiale, « les investissements ont augmenté de 15% en 2024, avec tous les agrégats macroéconomiques qui passent au vert à l’image du solde excédentaire de la balance des paiements ou les réserves de change qui passent à 16 mois d’importations sans parler de la dette quasi-nulle de l’Algérie », a-t-il affirmé. « Il faut bien préciser que toutes ces performances de l’Economie algérienne s’inscrivent dans un contexte mondial qui reste encore marqué par les séquelles de la pandémie de Covid-19, en plus des tensions géostratégiques que tout le monde connaît », a encore argumenté l’invité de la Radio, ajoutant que le pays « dispose d’un potentiel de croissance qui reste parmi les importants, avec cette objectif premier qui est celui de se débarrasser définitivement de la dépendance aux hydrocarbures ». Comme le prouve les chiffres de l’Agence de promotion de l’investissement (API), « plus de 10.000 investissements ont été réalisés dans une période très courte, avec l’objectif de créer 20.000 entreprises d’ici quatre années, ce qui dénote de l’efficience de la bonne gouvernance en matière économique sous la direction du président Tebboune », a encore rappelé le vice-président du CREA. « Le Conseil du renouveau économique algérien, soutient activement le programme de réformes en cours, à commencer par la refonte totale du cadre législatif et réglementaire de promotion et de soutien à l’investissement, à l’image de la nouvelle loi sur l’investissement, la loi sur la monnaie et le crédit, le foncier industriel ou encore la digitalisation progressive de tous les secteurs économiques », a encore expliqué le Dr Kerrar. « Seul bémol, peut-être, le retard que nous accusons dans le domaine du système financier qui reste perfectible, mais le nouveau cadre réglementaire est venu justement parer à cette insuffisance », a estimé l’hôte de la Radio.
Concernant les exportations hors hydrocarbures qui s’élèvent à 3,5 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l’année en cours, « principalement en raison de la baisse des prix à l’international », Abdelouahed Kerrar, a estimé que la création d’un ministère à part entière spécialement dédié au commerce extérieur « était une très bonne chose, puisque cela nous permettra d’identifier les obstacles et les entraves pour booster nos exportations qui doivent venir de la diversification de notre économie et pouvoir atteindre les 30 milliards d’exportations hors hydrocarbures à l’horizon 2030 », a-t-il souligné.
Les négociations sur la révision de l’accord d’association avec l’UE vont débuter en janvier prochain, a rappelé l’intervenant, estimant que cet accord en vigueur depuis 20 ans est « en défaveur de l’Algérie, d’où la nécessité de le réviser puisque la promesse d’une prospérité partagée n’a pas été tenue », a-t-il indiqué. Et de conclure que « l’Algérie ne peut plus se satisfaire de ce seul statut de fournisseur de pétrole et de gaz pour le marché européen », précisant que l’Algérie peut exiger dans ses prochains pourparlers, « l’ouverture de l’Europe aux exportations hors hydrocarbures algériennes, le transfert technologique et l’investissement des entreprises européennes sur le sol algérien ».