L’Espagne se joint au procès contre Israël à La Haye

Ali Aït Mouhoub, El Watan, 8 juin 2024

Jeudi dernier, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares a déclaré lors d’une conférence de presse à Madrid, une semaine après la reconnaissance par l’Espagne de l’Etat palestinien : «Notre seul objectif est de mettre fin à la guerre et de commencer enfin à avancer dans la mise en œuvre de la solution à deux Etats».

M. Albares, qui a fait cette annonce au Palais de Viana, a expliqué que l’Espagne prenait cette décision en raison de la poursuite de l’opération militaire à Ghaza et de «l’énorme préoccupation» causée par l’extension régionale du conflit. «Il s’agit d’une mesure que nous envisageons depuis de nombreuses semaines, que d’autres pays ont déjà prise et que d’autres ont annoncé qu’ils allaient la prendre. Notre objectif est double : que la paix revienne à Ghaza et au Moyen-Orient, et ce, par attachement au droit international», a-t-il déclaré.

Il a expliqué par ailleurs que l’objectif de cette décision est de restaurer la paix à Ghaza et au Moyen-Orient. A cette fin, il est urgent que toutes les parties apportent leur soutien à la Cour afin de garantir le respect des mesures de précaution ordonnées par celle-ci pour arrêter l’opération militaire à Rafah.

Il a également insisté sur la nécessité de lever les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire dans la région et de mettre fin à la destruction des infrastructures civiles. «Nous demandons une fois de plus l’arrêt des bombardements, un cessez-le-feu, la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, et l’accès urgent et sans restriction de l’aide humanitaire à la population civile», a déclaré le ministre espagnol.

Le ministre a précisé que l’objectif était d’aider la Cour internationale de justice dans son interprétation, tout en soulignant que «l’Espagne ne prend parti pour aucune des deux parties en conflit». Il a affirmé que l’Espagne soutient la Cour pour l’aider dans son interprétation, quelle qu’elle soit.

Interrogé sur la raison pour laquelle l’ambassadeur espagnol en Israël n’a pas été rappelé, contrairement à ce qui s’est passé avec l’Argentine à la suite d’une crise diplomatique, M. Albares a assuré qu’il s’agissait de «situations différentes». Il a ajouté que l’Espagne prend les décisions qu’elle juge les meilleures dans chaque cas pour défendre la dignité des institutions et atteindre les objectifs de paix à Ghaza et au Moyen-Orient.

Quant à savoir si l’Espagne est le premier pays européen à intervenir dans les procédures de la Cour internationale de justice, il a indiqué qu’il était au courant de l’intention de l’Irlande et de la Belgique d’intervenir de la même manière, et a rappelé que d’autres pays, comme le Mexique, la Colombie et le Chili, ont également agi dans ce sens.

«Réponse ferme»

Rappelons que le président du Chili, Gabriel Boric, a annoncé le 1er juin que son pays se joindrait également à la plainte et a de nouveau demandé «une réponse ferme de la communauté internationale» face au massacre en Palestine. Israël a ignoré tous les ordres de la Cour, ce qui constitue le énième mépris de l’Etat sioniste à l’égard d’une institution internationale.

«L’Espagne va intervenir dans la procédure de la Cour internationale de justice initiée par l’Afrique du Sud concernant la situation à Ghaza». C’est par ces mots que le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a présenté ce qui semble être une nouvelle initiative de pression diplomatique lancée par l’Etat espagnol pour défendre la Palestine, lors d’une conférence de presse convoquée d’urgence le jeudi 6 juin.

La Cour internationale de justice a ordonné à Israël, le 24 mai, de mettre fin à l’offensive à Rafah, où plus d’un million de personnes se sont réfugiées pour échapper aux massacres dans le reste de la bande de Ghaza. La Cour a également ordonné à Israël d’ouvrir le point de passage de Rafah pour permettre l’arrivée de l’aide humanitaire et d’autoriser des inspecteurs à mener une enquête sur place.

L’annonce de M. Albares fait suite à des semaines de tension entre les partenaires de l’UE qui ont récemment franchi le pas de la reconnaissance de l’Etat palestinien : l’Espagne, l’Irlande et la Norvège.

Ces trois pays avaient annoncé une réponse coordonnée aux pressions de l’Etat israélien, qui, dans le cas de l’Espagne, ont pris la forme d’une menace de bloquer les services offerts aux Palestiniens par le consulat de Jérusalem.

C’est la énième fois qu’Israël bafoue une institution internationale, lui qui, pendant des décennies, n’a pas respecté les résolutions de l’ONU concernant l’occupation du territoire palestinien et le traitement de ses habitants.