Génocide israélien à Ghaza: Les 100 jours qui ont mis à nu l’hypocrisie de l’Occident

Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 15 janvier 2024

Au 100e jour de l’agression israélienne contre Ghaza, ce n’est pas seulement le bilan dramatique en nombre de victimes civiles, où les enfants et les femmes représentent plus de 70% des 23.968 martyrs et des 60.582 blessés, ainsi que près de 2 millions de déplacés.

Ce n’est pas seulement un grave désastre environnemental marqué par l’utilisation de plus de 65.000 tonnes d’explosifs et la destruction totale de 69.300 d’habitations et environ 290.000 autres partiellement endommagées. Sans compter les destructions d’infrastructures de communications, les routes et les canalisations d’eau.

Ce n’est pas seulement les coupures d’électricité et d’eau, ni le bombardement des hôpitaux, des ambulances et des équipes médicales et de secours.

Ce n’est pas seulement la famine à Ghaza qui représente 80% des personnes souffrant de faim dans le monde, ni plus de 100.000 cas de diarrhée dont 50% parmi les enfants de moins de 5 ans, ou plus de 150.000 cas d’infections respiratoires dues à une forte pollution de l’air en raison des bombardements incessants.

Après 100 jours de carnages commis par l’enfant chéri des Etats-Unis, du Canada, et de l’Europe, c’est aussi et surtout la chute brutale, définitive et sans précédent des «valeurs» présentées par l’Occident comme «humanitaires», de «lumières», et de «raison».

A l’ère du «village global» où la survenance de tout événement fait le tour de la planète grâce à l’Internet et des réseaux sociaux, les principaux pays représentant le monde occidental, à l’image des Etats-Unis qui ont déclaré leur opposition à un cessez-le-feu, ont exprimé officiellement leurs doutes quant aux nombres de martyrs et de blessés annoncés par les autorités sanitaires à Ghaza, et ont même lavé Israël de sa responsabilité dans l’assassinat de plus de 115 journalistes.

La guerre d’extermination qui se produit sous nos yeux depuis plus de 100 jours a aussi détruit le mythe de la «liberté d’expression et des médias» que prétend défendre le monde occidental. Tout le monde a vu et entendu les tentatives de malmener les voix qui soutiennent les Palestiniens sur les plateaux de télévision des «médias mainstream», ou d’incriminer les porteurs du drapeau de la Palestine. Cela s’est particulièrement produit chez les puissances, comme l’Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la France, qui ont le plus colonisé et exterminé des pans entiers de populations mondiales.

En fait, dès les premiers jours de l’agression sioniste contre Ghaza, l’hypocrisie occidentale était déjà nue y compris aux yeux des populations de ces pays. Ces dernières montrent, il faut aussi le souligner, un soutien sans précédent à Ghaza, aux enfants et aux femmes de Ghaza, et de toute la Palestine, à travers des marches mondiales dénonçant le génocide que commet Israël avec l’assentiment des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, du Canada et de l’Allemagne. C’est sans doute l’unique aspect positif qui provient de simples gens du camp occidental.

Pour Mohamed Ghalayini, un scientifique palestinien qui a passé plusieurs semaines à Ghaza pendant les bombardements israéliens avant d’être évacué, l’attitude des pays occidentaux ne peut être qualifiée que de racisme. « Je pense qu’un seul mot décrit vraiment la réponse internationale de l’Occident, c’est le racisme. Si les Palestiniens n’étaient pas considérés comme des êtres sous humains par les dirigeants occidentaux, la réponse serait bien différente en termes d’empathie », a-t-il déclaré à Al Jazeera.

« En raison de leur réponse raciste aux morts et aux destructions infligées aux Palestiniens à Ghaza, cela aura inévitablement un effet d’entraînement et cela se répercutera sur Joe Biden et d’autres dirigeants occidentaux », a-t-il ajouté.

23.968 martyrs et 60.582 blessés

Dimanche le ministère de la Santé à Ghaza a déclaré que les forces d’occupation israéliennes ont commis 11 massacres qui ont coûté la vie à 125 martyrs et 265 blessés au cours des précédentes 24 heures. Le ministère a également annoncé que le nombre des victimes de l’agression israélienne, depuis le 7 octobre 2023, s’élève à 23.968 martyrs et 60.582 blessés.

Comme depuis plus de trois mois, l’armée sioniste a continué hier ses bombardements de plusieurs régions du nord, du centre et du sud de la bande de Ghaza, faisant des dizaines de martyrs et de blessés.

A Khan Younes, au sud de la bande, 12 martyrs sont tombés et plusieurs blessés dans des bombardements continus sur cette région où se déroulent aussi depuis plus d’une semaine de violents affrontements au cours desquels la résistance palestinienne fait payer le prix fort aux soldats et aux blindés de l’armée israélienne.

Toujours à Khan Younes, « au moins deux personnes ont été tuées et une autre blessée lors d’une frappe de drone israélien sur le quartier de Qizan Abu Rashwan », selon les équipes d’Al Jazeera sur le terrain. A Rafah, au sud de Ghaza, le bombardement d’une maison a fait 6 blessés, selon la même source.

Des bombardements et des raids aériens intenses ont également visé la ville de Deir Al-Balah (située au sud de la ville de Ghaza), et dans les camps de réfugiés de Maghazi et Bureij. Selon Al Jazeera English, le nombre des victimes « n’est pas immédiatement disponible en raison d’une panne de communication persistante ».

Au centre de Ghaza, un correspondant d’Al Jazeera a fait état d’un martyr et de plusieurs blessées dans le bombardement visant une voiture dans le camp de Nuseirat.

Dimanche, le mouvement de la résistance islamique (Hamas) a déclaré que les forces d’occupation israéliennes ont ciblé une équipe de la société de télécommunications Paltel qui travaillait à réparer des lignes dans la région de Khan Younes, malgré une coordination préalable, faisant deux martyrs parmi les techniciens de la société.

L’opérateur Paltel, le principal fournisseur de services de télécommunications à Ghaza, avait déclaré précédemment dans un communiqué publié sur Facebook que 13 de ses employés ont été tués depuis le début de l’agression israélienne le 7 octobre.

Par ailleurs, la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a déclaré qu’à Ghaza « environ 180 femmes accouchent quotidiennement » dans « conditions dangereuses et inhumaines ». « Beaucoup d’entre elles ne peuvent atteindre les hôpitaux car elles se trouvent dans des zones assiégées, alors que les forces israéliennes empêchent les ambulances de les atteindre », ajoute la PRCS. Dans une vidéo diffusée par le Croissant-Rouge palestinien par le groupe, un médecin tente d’assister une femme jusqu’à l’accouchement en lui donnant des instructions par téléphone.

Cisjordanie occupée : 355 enfants parmi 5.875 prisonniers

Hier aussi, en Cisjordanie occupée des affrontements entre jeunes Palestiniens et les forces d’occupation sioniste, lors de leur prise d’assaut du camp d’Ain al-Sultan, ont fait un martyr. Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré qu’un autre Palestinien avait été grièvement blessé par les balles des forces israéliennes lors de l’assaut du camp.

Au nord de la ville d’Al Khalil, un Palestinien a été tué et un autre blessé par des tirs de l’armée d’occupation, près de la colonie de «Gush Etzion».

Par ailleurs, le Club des prisonniers palestiniens a déclaré dimanche, dans un communiqué, qu’en 100 jours, l’armée israélienne avait arrêté environ 5.875 Palestiniens, dont 355 enfants et 200 femmes, en Cisjordanie.

Rien que durant la journée de dimanche, au moins 40 Palestiniens de Cisjordanie occupée ont été arrêtés. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, citant le Club des prisonniers palestiniens et la Commission des affaires des détenus et ex-détenus, 15 parmi les 40 personnes arrêtées hier « sont des travailleurs de Ghaza ». Les arrestations ont été concentrées à Al Khalil et des détentions ont également été signalées à Naplouse, Ramallah, Bethléem et Jénine, selon Wafa.

A noter que depuis le 7 octobre, les conditions de détention des Palestiniens arrêtés ou détenus se sont fortement dégradées.

Beaucoup se sont plaints d’avoir été sévèrement battus, tandis qu’au moins six prisonniers palestiniens sont morts en détention, ajoute la même source.

Selon Al Jazeera English, au cours des deux premières semaines qui ont suivi le 7 octobre, Israël a doublé le nombre de Palestiniens détenus, passant de 5.200 à plus de 10.000. Ce chiffre comprenait 4.000 travailleurs de Ghaza qui travaillaient en Israël et ont été détenus avant d’être relâchés à Ghaza.