La tendance risque de s’accélérer avec la nouvelle loi sur l’immigration : La France expulse des Maghrébins et des Subsahariens à tour de bras
Madjid Makedhi, El Watan, 14 janvier 2024
Les autorités françaises ont accéléré les expulsions des étrangers qualifiés de «délinquants». Le nombre de personnes visées par la mesure a progressé de 30% en 2023 par rapport à 2022, selon les chiffres communiqués, le 8 janvier dernier, par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans un message sur le réseau social X. Cité par l’agence de presse régionale (APR), le ministre français fait état de l’expulsion d’un total de «4686 étrangers délinquants en 2023».
Selon la même source, la majorité des personnes concernées sont renvoyées dans les trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc), en Afrique subsaharienne et en Europe centrale.
Depuis le début de l’année 2024, Gérald Darmanin a multiplié les publications sur les expulsions des dizaines d’étrangers. Ainsi le 10 janvier dernier, il a annoncé, toujours sur son compte du réseau X, le renvoi «de 17 étrangers délinquants et/ou radicalisés».
«Parmi eux, il y a A. H., 36 ans, fiché FSPRT au titre de la radicalisation religieuse. Condamné à 15 ans d’emprisonnement pour homicide volontaire, provocation directe à un acte de terrorisme, menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion. Placé au centre de rétention administrative de Oissel, il a été renvoyé dans son pays d’origine hier», précise-t-il.
Le ministre français donne aussi le chiffre de près de 1000 individus expulsés depuis 2017 pour «radicalisme». «En lien avec la DGSI, nous poursuivons également une politique de fermeté contre les étrangers radicalisés, que nous souhaitons expulser de notre territoire : depuis 2017, 996 étrangers fichés au FSPRT l’ont été», indique-t-il, précisant que ce «nombre va s’accroître encore plus cette année, après l’adoption de la loi immigration».
La France qui s’apprête à accueillir les Jeux olympiques 2024 semble vouloir mettre à profit le contenu de la loi sur l’immigration adoptée, fin décembre 2023, par le Parlement, pour chasser de son territoire tous les étrangers jugés suspects. Ce texte permet clairement au gouvernement d’effectuer cette mission. La loi légalise, en effet, «les expulsions des étrangers condamnés pour crimes et délits punis de trois ans d’emprisonnement ou plus».
Le document oblige également «tout demandeur d’un titre de séjour doit désormais signer un contrat d’engagement au respect des principes de la République». «En cas de non-respect de ceux-ci le titre de séjour peut être retiré ou ne pas être renouvelé», stipule la loi. De plus, le texte donne « aux préfets un pouvoir discrétionnaire de régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension».
Tout en durcissant les conditions pour les demandes d’asile, cette loi remet en cause «le droit du sol, pour les enfants nés en France de parents étrangers».
Ces derniers, lit-on dans le document, devront à leur majorité faire une demande d’acquisition de la nationalité française. Les règles de regroupement familial ont également été durcies, en le soumettant à des conditions financières «stables, suffisantes et régulières» de l’étranger résidant en France.
De plus, les proches du demandeur doivent maîtriser des bases du français. En outre, le délit de séjour irrégulier (supprimé en 2012) est à nouveau sanctionné d’une amende et de trois ans d’interdiction de territoire.