Pour préserver le pouvoir d’achat des ménages : Le gouvernement renoue avec les subventions dédiées aux pâtes alimentaires

Samira Imadalou, El Watan, 19 février 2022

Après une période de perturbation marquée par la flambée des prix des pâtes alimentaires, le marché est en voie de stabilisation avec la baisse de 50% des prix appliqués jusque-là. Mais également avec la mise en œuvre des mesures annoncées pour l’approvisionnement régulier du marché.

Le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a d’ailleurs appelé jeudi dernier dans un communiqué rendu public, les producteurs de pâtes alimentaires et leurs dérivés (l’Algérie compte 432 minoteries) à garantir l’approvisionnement régulier du marché national à des prix raisonnables.

Une réunion de coordination a été tenue le 16 février avec tous les producteurs de pâtes alimentaires et leurs dérivés. «Des orientations ont été données pour assurer un approvisionnement régulier du marché national en ces produits de large consommation, notamment suite à l’autorisation donnée aux producteurs par le président de la République de produire ces pâtes en utilisant le blé subventionné distribué par l’Office algérien des céréales aux minoteries, et ce, après la hausse record des prix de ce produit au niveau des marchés internationaux», explique le communiqué en question invitant dans ce sillage les opérateurs de la filière à contribuer à la préservation du pouvoir d’achat des citoyens.

Ainsi, la mesure appliquée depuis septembre 2020 sonnant la fin de la subvention du blé tendre et dur destinés à la fabrication d’autres types de farines, de pâtes alimentaires et couscous conformément aux deux décrets exécutifs publiés dans le Journal officiel n’aura duré que 16 mois. Et ce, après avoir engendré dans un premier temps de grandes perturbations sur le marché des pâtes alimentaires.

Une décision qui avait, pour rappel, pris les opérateurs de la filière au dépourvu, entraînant une certaine tension au début avant que la mise en œuvre du dispositif ne soit reportée pour accorder une période transitoire supplémentaire aux producteurs dans l’objectif de «mieux expliquer le dispositif réglementaire et faire adhérer les professionnels tout en veillant à ce qu’il y ait un approvisionnement régulier du marché», avait expliqué le ministère du Commerce à l’époque. Finalement, le dispositif a été carrément annulé en ce début d’année.

Consommation en hausse

Le renchérissement des prix des matières premières alimentaires sur le marché mondial et l’impact d’une telle situation sur certaines filières ont poussé les pouvoirs publics à revoir leur copie en dépit de la situation financière du pays de manière à assurer l’approvisionnement du marché et à limiter l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages. Et ce, d’autant que les pâtes, couscous et autres dérivés se taillent la part du lion dans l’assiette de l’Algérien puisque les prix étaient jusque-là abordables par rapport aux autres produits.

D’ailleurs, des études universitaires concluent à une consommation croissante et continue des pâtes alimentaires dépassant les 5 kg par an et par habitant. Avec la croissance démographique, la demande est appelée à augmenter. Ce qui entraînera la hausse des importations. Le stress hydrique que connaît le pays ne faera que chambouler les calculs du gouvernement.

Si selon le ministre de l’Agriculture et du Développement rural la production nationale de céréales qui sera collectée en 2021/2022 devrait se situer entre 27 et 30 millions de quintaux, cela permettra à l’Algérie de réduire ses importations céréalières de 25%, mais l’objectif s’annonce loin d’être facile à atteindre.

Déjà, en 2020/2021, la récolte a chuté de plus de 34% alors que pour cette campagne l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentaire (FAO) prévoit un recul de la production de 38% et une augmentation des importations. A titre illustratif, rien que pour le pain, l’Algérie achète annuellement pour 164 milliards de dinars de blé tendre.

Dans ce contexte de tension sur les céréales à l’échelle internationale et de baisse des ressources hydriques en Algérie, la régulation du marché devrait être renforcée par de nouveaux mécanismes.

C’est le cas précisément pour cette filière dont l’approvisionnement des minoteries en intrants se fait habituellement en collaboration entre le ministère du Commerce et celui de l’Agriculture à travers l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC).