Communiqué :Affaire de l’enfant Said Chetouane, l’enquête dévoyée !
Le Comité Contre la Torture et les Conditions Carcérales Inhumaines, 8 avril 2021
L’adolescent Said Chetouane est la victime dans cette affaire où il est question d’abus sexuels et de brutalités policières, ce que semble ignorer l’enquête déclenchée au lendemain des faits par le parquet d’Alger.
Au rythme des rebondissements, l’enquête tend à nous révéler les véritables objectifs pour laquelle elle était ouverte. Il apparait clairement au fil de son avancée que ce n’était nullement une volonté de recherche de vérité et de rendre justice à la victime.
En la confiant au procureur général d’Alger, à savoir au responsable de la police judiciaire du secteur, la partie mise en cause dans l’affaire, l’enquête était déjà biaisée d’avance à cause de sa partialité manifeste.
Lors de son point de presse ayant trait à l’état d’avancement de l’enquête, le procureur général a donné l’orientation vers lesquelles sont dirigées les investigations qui visent à disculper les auteurs des agressions sur le mineur Said Chetouane, âgé de 15 ans, à savoir chercher des bouc-émissaires parmi les jeunes ayant dénoncés les abus à son encontre. Les médias à la solde du régime et les chaînes de télés offshores de prendre le relais, comme dans l’affaire de Walid Nekkiche, pour distiller des allégations mensongères sur la victime et des jeunes du Hirak, En infraction du code régissant la profession des avocats, la déclaration honteuse du bâtonnier d’Alger est venue lever d’une manière définitive le voile sur les desseins inavoués et machiavéliques que cache l’ouverture de cette enquête.
En fuitant les éléments d’enquête en cours et les accusations fantaisistes basées sur une machination qui figuraient dans le dossier de Mohamed Tadjadit et de ses camarades, le bâtonnier a enfreint le droit de la défense en les condamnant avant même le début de l’instruction et la tenue du procès.
La manière de conduire cette enquête est le prélude au sort réservé aux deux autres, déjà ouvertes pour viol et torture. Le régime montre ainsi une velléité à résister à toute tentative mettant à nu l’usage de la torture par les institutions sécuritaires et de poursuivre ses auteurs afin de les punir.
Nous exprimons notre consternation devant cette situation et nous prenons acte de ce dévoiement volontaire des enquêtes censées faire la lumière sur les cas dénoncés de la pratique de la torture et rendre justice aux victimes. À cet effet, nous nous réservons le droit, conformément aux conventions internationales de lutte contre la torture ratifiées par l’Algérie, de recourir aux instances internationales.
Nous appelons toutes les victimes et tous ceux et celles ayant subis des sévices, des brutalités et des humiliations dégradantes à continuer à apporter leur témoignage et à déposer plainte contre les auteurs de ces crimes abominables.
Déconstruisons tout le discours et la propagande qui se sont faits autour de l’affaire de Said Chetouane en lui exprimant, à lui, à Mohamed Tadjadit et ses camarades, notre soutien et solidarité.
C’est une forme parmi d’autres pour combattre l’impunité et éviter toute confusion ou amalgame entre la victime et son bourreau.
C’est à ce dernier d’avoir honte !
Le CCTCCI
Algérie, le 08 avril 2021