Khalida Messaoudi en détention provisoire «illégale»
Une demande a été introduite et l’audience est prévue pour demain
Nabila Amir, El Watan, 04 août 2020
Elle est en détention provisoire depuis le 4 novembre 2019, à la prison d’El Harrach. Le sort de l’ex-ministre de la Culture, Khalida Messaoudi (2002-2014), inquiète ses avocats, sa famille et ses proches.
Selon eux, Khalida Mesaaoudi est aujourd’hui en détention provisoire «illégale», si l’on se réfère à la loi.
Son avocat, Boudjemaâ Ghechir, confirme les faits et affirme avoir introduit une demande de mise en liberté provisoire en faveur de Khalida Messaoudi, mais elle a été rejetée par le juge en charge de son dossier. Il s’agit, dit-il, du second refus du même genre depuis son incarcération.
L’avocat ne lâche toutefois pas prise. Il a fait appel auprès de la Cour suprême et l’audience est prévue pour demain, 5 août. «Nous ne comprenons pas pourquoi la détention provisoire perdure. Nous espérons que cette fois-ci notre requête aboutira», affirme Me Ghechir, qui revient dans le détail sur cette affaire.
Pour lui, l’ex-ministre de la Culture a consommé le délai de la détention provisoire tel qu’énoncé par la loi, et qui est de 8 mois. Khalida Messaoudi, rappelle-t-il, a été arrêtée pour un délit de gestion et non pour un crime lié à la corruption ou passation de marchés ou d’enrichissement illicite.
«La loi est claire à ce sujet ; lorsqu’il s’agit d’un délit et non d’un crime, le juge n’a pas le droit de renouveler plus d’une fois la détention provisoire ; logiquement et légalement, Khalida devait retrouver sa liberté le 4 juillet dernier et comparaître par la suite libre», tranche Me Ghechir, précisant que la détention provisoire est renouvelée une fois tous les quatre mois.
«Dans le cas de Khalida, la détention provisoire a été renouvelée le 4 mars. Elle a donc passé huit mois en détention provisoire. Etant donné que son procès n’a pas été programmé, elle devait être libérée le 4 juillet dernier et comparaître en tant que femme libre.
Ce ne fut malheureusement pas le cas», dénonce l’avocat, pour qui l’ancienne ministre de la Culture et militante de la cause féminine présente toutes les garanties, puisqu’elle n’a jamais envisagé de fuir la justice et son passeport a été confisqué.
«Khalida a toujours répondu présente, elle n’a rien à se reprocher. Elle a été arrêtée dans le cadre d’une vaste campagne dite d’anticorruption, mais aussi il y avait l’aspect lié au hirak.
Le pouvoir de l’époque, pour calmer les esprits, jetait en prison des responsables qui avaient un lien avec le régime Bouteflika, et ce, sous n’importe quel prétexte», témoignent ses amis. Louisa Hanoune et Zohra Drif Bitat, ses camarades de lutte, demeurent persuadées que Khalida Messaoudi n’a jamais été impliquée dans des affaires de détournement d’argent, ni de corruption !
A la question de savoir pourquoi la demande de liberté provisoire a été refusée, Me Ghechir explique que les motifs sont infondés : «Le juge a expliqué que l’affaire est importante et que sa détention provisoire s’imposait.
Faut-il préciser qu’étant libre, Khalida ne peut avoir de l’influence sur personne, sachant que l’affaire remonte à plus de 10 ans et que durant son mandat, elle a été entendue par l’IGF, la Cour des comptes et par la commission du budget à l’APN sur, précisément, les dossiers d’organisation de deux grandes manifestations culturelles : ‘‘Alger capitale de la culture arabe’’ et ‘‘Tlemcen capitale de la culture islamique’’.»