Algérie: cas de torture documentés par Maître Mahmoud Khelili

Cas de torture documentés par Maître Mahmoud Khelili
(Président du Syndicat National des avocats algériens et membre du réseau euro-méditerranéen desDroits de l’Homme)

Benail Enalia, grand handicapé, pensionné de l’Etat à 100%, logé dans une baraque en tôle dans un bidonville avec sa femme et ses deux enfants en bas âge. Arrêté le 8 mars 1997.

Il a été violenté chez lui devant sa famille, puis emmené au commissariat du PCO de la cité Hayet où il fut détenu arbitrairement durant 11 jours, 7 sans manger, et soumis à des actes de torture après avoir été attaché nu sur le dos sur un banc en bois, les mains attachés derrière le dos. On lui a fait ingurgiter de l’eau sale à travers un chiffon qu’on lui faisait évacuer en lui marchant sur le ventre.

Il a déclaré en outre que les policiers ont déshabillé sa femme devant lui, outragée et craché sur elle et injuriée. Un des policiers se prénommait « Azzedine ». Ils n’ont même pas tenu compte de sa carte d’invalidité qu’ils avaient entre les mains. Il n’y a eu aucune suite judiciaire.

Benail Said, marié, deux enfants en bas âge dont l’un est né après son arrestation, logeant dans une baraque en tôle du bidonville.

Arrêté le 8 mars 1997 (en même temps que son frère) et placé dans la même cellule pendant 14 jours. Les deux ont un beau-frère (frère de sa femme) qui a été abattu dans un attentat « terroriste » et un autre blessé, actuellement « patriote ».

Said a également été soumis à des sévices pendant sa détention dans les locaux de police mais la justice l’a acquitté. Il a été placé sous mandat de dépôt 22 mars 1997 et jugé le 19 février 1998. Ecrou n°: 86.336.

Barar Kamel: enlevé de son domicile par des policiers cagoulés au petit matin du 16 septembre 1997 à 6h30 alors qu’il dormait encore.

Un nombre impressionnant de policiers cagoulés fit irruption dans son domicile ce jour-là sans rencontrer la moindre résistance. A part Kamel, il n’y avait que trois femmes dont une était enceinte de 7 mois, toutes terrorisées et traumatisées par l’incursion musclée des policiers et la perquisition bruyante qui s’en est suivie.

Arraché de son lit, Kamel fut jeté à l’arrière d’une R19, la tête enveloppée dans sa propre chemise et coincée entre deux « gorilles », tête plaquée face au plancher du véhicule pour l’empêcher de repérer l’endroit où il allait être emmené. Aucun policier ne souffle mot des raisons de cette arrestation arbitraire qui a toutes les apparences d’un kidnapping.

Le cortège de véhicules anti-terroristes « Nissan » bondés de policiers cagoulés s’ébranle direction sûreté de Daira de Hussein-Dey où il y eut transbordement d’otage (Kamel) dans la malle arrière d’une autre R19 (tourisme) dans laquelle il sera « promené » 3 heures durant pour le déroutage avant d’être finalement conduit au commissariat des Annassers (les sources), cagoule et les mains attachées derrière le dos avec position accroupie sur le côté en raison de l’exiguïté de la malle. Il risquait à l’évidence d’être intoxiqué par les gaz d’échappement du véhicule.

Dans ce dernier commissariat il fut sauvagement torturé au chiffon et eau mélangée au grésil, après avoir été « saucissonné » sur un banc en bois. Il a déclaré aussi avoir été frappé sur toutes les parties du corps pendant environ une heure et demie avant d’être jeté dans une cellule d’un mètre sur deux., dotée d’un trou sanitaire et une porte blindée.

Il restera ensuite 3 jours et deux nuits sans subir de violence et ne sera présenté au parquet que le jeudi matin sans la moindre visite médicale, même demandée au procureur de la république qui l’invita à se présenter à lui le samedi matin.

Le registre d’écrou du commissariat aurait été falsifié en portant la mention selon laquelle kmel avait été conduit dans ce service seulement à 17 heures, alors que son supplice avait commencé à 6 h 45. Ce jour là.

Présenté devant la section correctionnelle du tribunal de Hussein-Dey, il a bénéficié d’un jugement de relaxe.

Il était pourtant sans antécédents judiciaires et de bonne famille: son père est un ancien Moudjahid, son frère, inspecteur de police, blessé en service commandé en période sécuritaire (75 jours dans le plâtre), 14 ans de service.

Les sévices subis par Kamel et constatés par un médecin expert:

  • plaie à la région lombaire
  • plaies multiples du cuir chevelu
  • contusions thoraco-abdominales
  • traumatismes divers

Le tout donnant lieu à une incapacité temporaire totale de 13 jours.

Takarli Mohamed Amine, détenu à la prison d’El-Harrach, écrou n°: 90.808.

Arrêté le 6 décembre 1997 par des militaires et embarqué dans un fourgon sans visibilité. Il a été conduit dans un lieu non déterminé où il a été soumis à une torture sauvage: nuit et jour à la gégène, supplice du chiffon trempé à l’eau sale, coups sur toutes les parties du corps au moyen de tuyau en caoutchouc, séance de sévices corporels jusqu’à ce que Monsieur Tarkali soit victime d’une crise nerveuse suivie d’évanouissement entraînant une injection intra-veineuse d’un produit non-identifié. Remise en cellule jusqu’à la reprise de conscience. Répétitions des tortures trois à quatre fois ce même jour, puis trois jours après, puis une semaine plus tard.

Après 22 jours de détention arbitraire, il fut présenté au parquet par des « civils » le 28. 12.97.

A noter qu’il s’agit d’un malade atteint d’affections psychologiques traité régulièrement par des spécialistes avant son arrestation. Il possède un dossier conséquent, connu des services, d’où les injections au cours des séances de torture. Sa mise sous traitement médical à la prison a nécessité mon intervention auprès de l’administration pénitentiaire.

Khider Mohamed: détenu à la prison d’El_Harrach, écrou n°: 71.721, jugé le 20.11.97 par le tribunal criminel d’Alger et condamné à 15 ans de réclusion criminelle.

Arrêté à son domicile le 2 mars 1994 à 1h00 du matin par la police de Dellys où il passa la nuit, puis transfert à la S.M. à Blida où il séjourna pendant 37 jours. Il a subi des sévices atroces:

Complètement nu, il a été attaché les mains derrière le dos sur une table et torture au chiffon imbibé d’eau sale et fut forcé d’ingurgiter ce liquide infecte alternant avec des pressions sur le ventre pour provoquer le vomissement pendant des séances répétées jusqu’à perdre connaissance. Suit la gégène avec des électrodes pincées sur les parties intimes et le lobe des oreilles. Ce fut après, la pendaison par les parties intimes au moyen d’une corde fine entraînant des urines de sang.

En outre, 04 hommes détenus comme lui ont été en sa présence passés par les armes sommairement et sans aucune forme de procès. Il s’agit de:
Lamri Rabah (marie, une fille),
Bentouati Malik,
Benchiha Rabah (marie, huit enfants),
Rachdi Ali (celibataire).

Arab Malek détenu a El Harrach, écrou n°: 86.511, atteint de névrose.

Il a été arrêté en mars 1997 et détenu un mois durant a Chateuneuf. Il y a subit une torture barbare inhumaine. Complètement nu, les mains attachées derrière le dos sur un banc de bois, fut trempé d’eau et torturé a la gégène (une boite de couleur beige de marque russe avec boutons de réglage d’intensité, genre appareil électrocardiogramme. Alternant avec la gégène, le chiffon imbibé d’eau sale suivi de sévices sexuels à l’aide d’une barre de fer chrome à section carrée introduite dans l’anus avec répétitions sadiques ayant entraîné le saignement abondant par l’anus et son hospitalisation au CHUA Mustapha Bacha Alger, service des urgences et de réanimation.

En cours de séance de torture, il est réanimé après chaque évanouissement par un des tortionnaires prénommé Djamel. Ils sont tous cagoulés et un simulacre d’exécution par arme a feu lui est appliqué pour mieux le terroriser. La mère du supplicié a été frappée chez elle et menacée d’incendie de la maison par les policiers venus arrêter son fils avec injures et grossièretés. Elle a reçu aussi des coups de poing ayant touché une petite fille de 02 ans qu’elle tenait à la main. Le fils nu devant sa mère, les mains attachés avec du fil de fer fut couché à plat ventre et intimidé par des tirs de pistolet en l’air. Avant de se retirer du domicile, les policiers ont cassé l’armoire qu’ils ont fouillée de fond en comble.

La famille a du déserter le domicile du fait de harcèlements incessants de la police. Toutes les autorités ont été alertées par leur avocat. A ce jour il n’y a eu aucune suite.

Ghedhab Mohamed, détenu à la prison d’El Harrach où il purge une peine de 09 années de réclusion criminelle arbitrairement et sans la moindre preuve. Ecrou n°: 83.887

Ghedhab vivait en Suisse ainsi que toute sa famille. Le 16 Septembre 1996 il rentra en Algérie dans le vol d’Air Algérie: AH 2049. Il fut kidnappé dès sa descente d’avion et au pied de celui ci par 04 hommes armés en tenue civile et fut conduit manu-militari au centre de détention de Chateauneuf où il fut séquestré pendant 15 jours durant lesquels il fut soumis à des actes barbares et inhumains de torture au moyen de toute la panoplie en usage dans ce triste et macabre domaine (gégène, chiffon imbibé d’eau sale, coups de pieds, coups de poing, tuyaux de caoutchouc sur toutes les parties du corps nu, électrodes pincées sur les parties génitales et sur le lobe des oreilles, menottes aux poignets et mains derrière le dos etc..).

Le supplicié a été présenté au parquet le 05 Octobre 1996 alors que sa famille en Suisse n’avait aucune nouvelle de lui et s’en inquiétait énormément. Sur la base d’un faux dossier monté de toutes pièces rapportant des faits fallacieux, il a été inculpé des chefs d’inculpation: appartenance a un groupe terroriste, soutien à ce groupe, agression, constitution de forces armées, détention d’armes de guerre. Rien de tout cela n’était vrai.

La vérité est que les services algériens avaient récupéré chez un policier suisse indélicat des documents subtilisés frauduleusement aux services de sécurité suisse: ministre de l’intérieur de ce pays. Ces documents représentaient un travail de recensement préventif des étrangers maghrébins susceptibles d’être des islamistes en relation avec le terrorisme intégriste. Parmi les noms figurant dans ces documents, il y avait celui de Ghedhab Mohamed auquel les autorités suisses n’avaient rien à reprocher. C’est en exploitant frauduleusement ces documents volés que les enquêteurs algériens ont donné libre cours à leur imagination en préfabriquant un dossier mettant en évidence un soit-disant réseau terroriste en Suisse dont la direction a été attribuée à Ghedhab, auquel on a ajoute des noms de suspects recherchés par la sécurité algérienne.

Ce subterfuge était à l’évidence destiné, au plan international, à confondre certains pays européens dont la Suisse, et au plan national, obtenir la condamnation par contumace des suspects dont les plus médiatisés, le fils Abassi Madani, et Dhina Mourad. Mais les autorités suisses s’étaient rendues compte du vol de documents et avaient identifié les auteurs: le policier suisse Léon Jobe et son complice algérien Abdelkader Hebri. Ils décidèrent d’ouvrir une information judiciaire avec comme chef d’accusation « espionnage au profit d’un pays étranger ».

A la demande de Ghedhab avant de quitter le territoire suisse, le ministère de l’intérieur de ce pays l’avertit par écrit du danger qu’il courait s’il partait en Algérie. La lettre est arrivée trop tard à son destinataire. Un avocat suisse a été constitué par la famille (Maître Garbade) qui prit contact avec moi concernant l’affaire d’espionnage dans laquelle Ghedhab était partie civile.

J’ai aussitôt saisi le juge d’instruction M.Djebarni Cherif auprès duquel il déposa une demande de main levée de la détention de leur mandant ainsi que de l’interpellation de l’officier de police judiciaire qui avait diligenté la procédure d’Alger et signé le faux dossier. Le magistrat promis de faire diligence d’autant plus qu’il n’y avait dans ce dossier aucune preuve et qu’il avait lui même insisté auprès des services de sécurité pour le versement des pièces à conviction dans le dossier sans quoi il les avait menacé de libérer Ghedhab.

Ma requête a été rejetée sans motif légal, rejet confirmé par la chambre d’accusation qui a été mise au fait de la falsification de procédure lors de ma plaidoirie soutenue par un mémoire écrit. Le juge d’instruction Djebarni a été relevé de son poste et affecté à la section des mineurs. Sa secrétaire, Mlle Boughaba Nedjoua et la sour de celle ci Boughaba Naima ont été kidnappées alors qu’elles se rendaient à leur travail (tribunal d’El-Harrach), et ce presque le même jour. La famille du mandant a déconstitué et retiré l’affaire pour la confier a un autre avocat que leur aurait recommandé le juge.

Dans le même ordre d’événements, la juridiction suisse devant laquelle il était convenu que je plaide en qualité de partie civile aux côtés de Maitre Garbade, décida subitement qu’il ne m’était pas permis de plaider en tant qu’étranger mais offrait des frais de séjour et de déplacement si j’acceptais de comparaître comme témoin.

Le 27 Octobre 1997 le tribunal fédéral suisse jugea les auteurs de l’âcre d’espionnage et les condamna à des peines symboliques de 18 mois et de 15 mois de prison avec sursis. Le 15 Novembre 1997 Ghedhab fut jugé par le tribunal criminel d’Alger et fut condamné a 09 années de réclusion criminelle, décision déférée à la cour suprême un pourvoi en cassation formé par le prévenu, n°: 197830.

Les 02 sours Boughaba sont toujours portées disparues.
A noter que Naima était secrétaire du procureur de la République.

 

Kara-Ahmed Abdelkader (Ecrou n°: 76.576 EH)

Enlevé le 26 Mars1995 par trois hommes armés en tenue civile qu’il prit pour des terroristes et auxquels il essaya de fuir entraînant des tirs de sommation de leur part. Dès qu’il s’arrêta, il fut violemment embarqué à l’arrière d’une 404 bâchée, visage plaqué au sol (plancher) et rué de coups de pieds sur le visage et sur toutes les parties du corps. Il a été piétiné durant tout le trajet qui séparait le lieu d’arrestation et les locaux de détention et de torture (Chateuneuf).

Pendant un mois et cinq jour passé dans la cellule, il fut soumis à des actes de torture affreux et inhumains: lapidé à coups de poings et de pieds alors qu’il avait les mains menottées derrière le dos avant d’être torturé par le chiffon mouillé d’eau sale, et l’électricité. Ces actes de torture étaient accompagnés de gestes et de propos attentatoires à sa dignité: harcèlement et menaces sexuels par un des policiers en état d’ivresse surnomme HAFID (moustachu). Des menaces de mort par des cris: « tue-le ». Il fut empêché de dormir par des jets d’eau sur le corps et des hurlements atroces venant des cellules voisines. il pense même qu’il y a plusieurs autres victimes, y compris des personnes âgées qui auraient été exécutées de la même manière.

Les sévices commencent a 08h pour s’arrêter a 17h. Dans sa cellule d’autres suppliciés ont gravé sur le mur « ici Chevalier », ce qui correspond au lieu de détention appelé aussi bien Chevalier ou Chateuneuf. Il portait des traces de menottes sur les poignets lors de ma visite à la prison. Toutes les autorités: présidence, exécutif, judiciaire, ont été saisies sans qu’ils aient donné suite aux requêtes, y compris l’ONDH. Une demande de liberté provisoire du 06 Juin 1995 a été rejetée par le magistrat instructeur.

 

Amoura Mahmoud

Ex-policier agent de recherche, signalé comme disparu A/C du 24.05.95, reparaît après le 06 Aout 1995, date de présentation au parquet de Bir Mourad Rais, 2eme chambre d’instruction et sa mise sous mandat de dépôt a la prison d’El-Harrach, écrou n°: 77.775. Toutes les autorités ont été alertées pour cette disparition. Seule l’ONDH répondit par une lettre du 17 Juin 1996 n°:443/96 signalant qu’elle avait saisi les services de sécurité en Juin 1995 lesquels ne lui a pas répondu, or Amoura avait été présenté a la justice le 06.08.95.

Il a été arrêté dans un barrage militaire en date du 24.04.95 et conduit au lieu dit Chateuneuf où il fut jeté par des policiers dans la malle arrière d’une voiture Daewoo et promené dans la ville pour perdre toute idée du lieu de torture puis enfermé dans une cellule sans qu’il sache où il était. Le soir même une vingtaine de policiers se sont livrés sur sa personne à des actes ignobles de torture au moyen de la gégène et de chiffon trempé dans l’eau sale nauséabonde lui faisant perdre connaissance, qu’on lui fit reprendre par des jets de seaux d’eau à plusieurs reprises. Il fut ensuite isolé dans sa cellule pendant 03 mois et 16 jours, nourrit seulement par un bout de pain et une demie bouteille d’eau par jour sans la moindre précaution d’hygiène. Sous l’effet atroce de la torture il a été contraint de dénoncer ses propres amis injustement.

A noter qu’ayant moi-même lancé des recherches suite à sa disparition, c’est par le biais d’une convocation du procureur de Bir Mourad Rais que j’ai appris qu’Amoura était détenu a la prison d’El-Harrach.

El Harrach, 19 septembre 1997

Lazreg Nacera

Lazreg Nacera épouse Koudri a été arrêtée à son domicile le 05 Décembre 1994 a 01 heure du matin par des policiers du commissariat de Bourouba.

Voici le témoignage d’une source bien informée:

Madame Lazrag Nacera a été sommairement exécutée par ses tortionnaires, plus précisément par le commissaire OULD-AMI lequel a été lui même tue par la suite.

Nacera a été horriblement torturée et mutilée avant d’être achevée et jetée à la décharge publique d’Oued-Smar où elle fut découverte et signalée comme cadavre féminin en décomposition. Ce crime lâche et crapuleux aurait été commis une nuit du mois de Janvier 1995 environ un mois après son enlèvement par les services de police de Bourouba qui ont au même moment arrêté le nommé Nouah Youcef dans des conditions identiques. Avant son exécution, elle a été affreusement mutilée avec son oil gauche sorti de sa cavité crânienne à l’origine d’une importante hémorragie à ce niveau.

La suppliciée a été après sa découverte transportée à la morgue de Bologhine (ex Saint-Eugene), puis enterrée dans une fosse réservée aux victimes non identifiées sous l’indication de « ..X Algérienne.. ». Les services incriminés étaient parfaitement au courant de l’identité de la défunte dont l’inhumation a été facilitée par un médecin complaisant du nom de BELHOCINE, exerçant au CHU de Mustapha.

A noter que Nouah Youcef a lui aussi été découvert parmi les 5 cadavres d’un charnier situé a 1000 mètres environ du commissariat de Bourouba. Il repose au cimetière d’El Alia sous l’épithète « X Algerien », mort le 4 Mars 1995, fosse n°: 305, enterré le 18 Mars 1995. Cette découverte macabre de feu Nouah Youcef n’a pas empêché le tribunal criminel de le juger par contumace et de le condamner à la peine capitale sur la base d’un arrêt de renvoi de la chambre d’accusation qui le porte comme étant en « fuite ».

Au cours de ce procès, ou j’ai défendu le beau-frère de Nacera, le nommé Kouidri Abderrezak, arrêté dans les mêmes circonstances par les mêmes service de police et torturé tout aussi sauvagement, je n’ai pas manqué d’attirer l’attention de ce Tribunal sur la triste découverte du charnier, il n’en a pas tenu compte…

Nawal Zemzoum

Arrêtée à son domicile près d’Alger le 15.10.97 par des hommes en civil qui l’ont conduite dans un véhicule banalise vers une destination inconnue. Sa mère l’a rechercha au commissariat mais sans résultats. Ce n’est que le 10.11.1997 qu’elle réapparut. Elle raconte:

Des hommes armés sont venus à mon domicile situé près d’Alger, m’ont embarquée dans une voiture de marque Daewoo. Après plusieurs kilomètres de trajet on est arrivé dans un grand immeuble surveillé par des policiers (pendant tout le trajet il m’était interdit de voir et je gardais constamment la tête entre les genoux).

Ensuite ils m’ont conduit dans un bureau pour me questionner sur mon mari. Comme je persistais à dire que je ne savais rien, deux hommes m’ont couvert les yeux avec un tissu et m’ont emmenée dans une autre salle de torture. Dès lors qu’on est arrivé, ils m’ont attaché les mains avec une corde et m’ont versé de l’eau et du savon dans la bouche et dans le nez a plusieurs reprises, et m’empêchaient de respirer en mettant sur la bouche et les narines un chiffon sale qui dégageait une odeur et un goût nauséabonds. Cette manière de torturer vous met dans un état ou vous franchissez la frontière de la mort chaque fois que vous perdez complètement le souffle jusqu’à asphyxie totale et votre bourreau joue avec la vie et la mort en mettant et ôtant le chiffon et en déversant des quantités inimaginables d’eau a sa guise.

Devant mon silence à leurs questions dont je ne connaissais pas les réponses, ils me brûlèrent la main gauche avec des cigarettes. Les deux hommes m’injuriaient, me menaçaient de mort et me disaient des mots que je n’oserai raconter. Le lendemain, ils m’ont mis dans une cellule ou je suis restée quatre jours avant d’être présentée à un tribunal. Le juge a refusé d’informer ma famille et je ne sais pour quelle raison on me priva de ma liberté jusqu’au 10.11.97 où j’ai enfin pu voir ma famille et surtout ma fille âgée de deux mois et dont j’étais très inquiète car elle allaitait de mon sein.

 

Djouaidia Mabrouk né le 18.11.68, fils de Moudjahid à Souk Ahras.

Il fut arrêté le 08.03.97 par la brigade de gendarmerie de Ouallel prés de Souk Ahras. Il fut soumis à la torture: chiffon trempé dans l’eau sale, gégène, coups de bâton occasionnant fracture de la mâchoire, coups à la tête. Il a signé un PV sous la contrainte et sans lecture dont le contenu est faux. Le supplice a duré 08 jours.

Il fut ensuite transporté à Blida (SM) ainsi que ses compagnons d’infortune, à bord d’un avion spécial où il sera retenu pendant 60 jours sans subir de mauvais traitement, puis ramené à Souk Ahras où il fut remis en liberté et a pu reprendre son travail. 05 mois après, un mandat d’arrêt est lancé contre lui et ses copains et entraîna une seconde fois son arrestation et sa présentation auprès du parquet d’El-Harrach. Il sera de nouveau incarcéré mais dans la prison d’El-Harrach. Déféré devant la section correctionnelle du tribunal d’El-Harrach, il a été condamné a 18 mois fermes de prison. Sur appel interjeté par son avocat, la cour d’Alger rendit en sa faveur un jugement de relaxe en date du 28.03.98, l’ayant reconnu innocent.

05 de ses compagnons d’infortune n’ont donné aucun signe de vie après leur déplacement forcé sur Blida:
Azzouzi Ahmed,
Azzouzi Abdelkader,
Mahmoudi Touffik,
Mahmoudi Youcef,
Abdellali Djillali.

Ces 05 prévenus sont portés dans la procédure en cours de procès comme étant en « fuite ».

 

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