La Kabylie en prériode préélectorale

Conférence de presse de la fédération FFS de Tizi Ouzou

47 APC en grève depuis hier

De notre bureau A. Djamila, Le Jeune Indépendant, 28 mai 2002

La conférence de presse animée hier par le premier secrétaire fédéral du FFS de Tizi Ouzou, M. Abib, assisté de huit P/APC, a été axée, essentiellement sur le bras de fer engagé entre le wali et les P/APC, et ce, après la décision de ces derniers de se désengager de tous les préparatifs liés au scrutin du 30 mai prochain.

Après avoir dénoncé la répression du pouvoir de la marche d’hier à laquelle a appelé le FFS, le conférencier a tiré à boulets rouges sur le premier responsable de la wilaya. «La panique du sinistre Ouadah [wali de Tizi Ouzou, NDLR] reflète la panique au sein du pouvoir», a-t-il déclaré devant un parterre de journalistes présents au siège de sa fédération.M. Abib, qui a annoncé que la «décision dudit wali de suspendre le P/APC d’Azzefoun de ses fonctions, est non avenue», a affirmé qu’à deux jours avant le vote, tous les APC FFS de Tizi Ouzou sont fermées, et ce, jusqu’à l’après-30 mai, à l’exception de la municipalité de la ville des Genêts. Cette dernière a ouvert ses portes à cause du conflit entre la section syndicale de cette APC affiliée à l’UGTA et l’exécutif communal. De son côté, M. Ben Arbane Nacer, président de l’APC de Draâ Ben-Khedda, a ajouté que «le wali n’a pas le droit de réquisitionner les P/APC […]», avant d’informer la presse que ce dernier a appelé, le 12 mai dernier, le personnel des APC à désobéir aux premiers magistrats des communes.

Cela avant la procédure de la réquisition entamée les 18 et 22 du même mois. Quant aux raisons qui ont poussé le P/APC à faire fi de la mission qui lui a été assignée (organisation des élections), M. Ben Arbane avancera la même explication que celle donnée par ses pairs. «J’ai été élu par la population, je ne peux aller à son encontre en organisant des élections auxquelles elle (population) s’oppose», a-t-il expliqué, avant de dénoncer la décision du wali de suspendre le P/APC d’Azzefoun sans avoir consulté l’Assemblée populaire de la wilaya (APW).

Abondant dans le même sens, M. Mensouri Dahmane, P/APC d’Azzefoun, s’est montré confiant quant à la légitimité de sa démarche. «La loi du nombre est de mon côté, 47 APC fermées prouvent que tout le monde est contre la mascarade électorale.»

Pour conclure, le secrétaire général des élus, M. Abane, a déclaré que «les documents du wali ne sont pas légaux, et les P/APC, après avoir rédigé une déclaration commune de leur rejet des élections, se démarquent individuellement de ses échéances électorales». Il est à noter que les P/APC comptent attaquer en justice le wali pour incitation à la désobéissance. A. D.

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Emeutes à Tizi Ouzou et quinze daïras fermées par les aârchs

De notre bureau Saïd Tissegouine

Les localités de Makouda, Maâtkas, Aït-Mahmoud et Naciria ont enregistré hier des affrontement entre jeunes manifestants et forces de l’ordre. A Makouda, on a enregistré deux blessés graves dans le camp des forces de l’ordre, alors que celui des manifestants n’en a enregistré que trois et légèrement touchés. A Maâtkas, en revanche, on a dénombré deux blessés dont un grièvement dans les rangs des manifestants. A noter que le blessé grave a été évacué vers l’hôpital Mustapha d’Alger. Au niveau des deux autres localités, à savoir Aït-Mahmoud et Naciria (Boumerdès), on croit savoir que seulement des blessés légers sont à déplorer. Par ailleurs, il est à signaler que pas moins d’une quinzaine de daïras ont été fermées, hier, par les aârchs au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou dont celles de Makouda, Azazga, Beni-Yenni, Ouacifs, Tizi-Rached, Larba-Nath-Irathen. A signaler encore que les chefs de daïra de Makouda, Tizi-Rached et Beni-Douala, de peur d’être lynchés par leurs administrés, ont pris la fuite. S. T.

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Les localités de Tizi Ouzou passent à l’action

De notre bureau Malik Adel

Dans la foulée des événements induits par l’envoi de renforts dans cette localité pour contrecarrer la CADC qui envisage de fermer tous les sièges des daïras, l’agglomération de Tizi-Rached a observé une grève générale, et les institutions locales, en l’occurrence, la daïra et la commune, sont restées fermées et le chef de daïra s’est vu bousculé par la population pour avoir tenté d’ouvrir les sièges. A Makouda, les manifestants ont également tenu en haleine les éléments de la CNS obligeant la daïra et la commune à rester fermées alors que les commerçants ont baissé leurs rideaux. A Maâtkas, la même situation est constatée avec des affrontements sporadiques sans grandes incidences. La Coordination des communes de la daïra de Tigzirt a informé la population qu’une mesure d’ex-communication et de mise en quarantaine seront appliquées à l’encontre de M. Arbouche Akli, mouhafadh et tête de liste du FLN si celui-ci ne se retire pas des élections législatives. Dans la commune d’Aïn El-Hammam, c’est une pétition qui est initiée par les comités de villages afin d’exprimer leur solidarité avec les élus, les fonctionnaires et les transporteurs réquisitionnés. A Aït-Yahia, le président d’APC dans une déclaration, a affirmé que «nous rappelons que notre position est plus que jamais irrévocable. Nous rejetons ces élections dans la forme et dans le fond et nous assumons nos engagements devant la population et devant l’histoire». Pour le président d’APC de Draâ Ben-Khedda, c’est à travers un appel à la population qu’il demande «à tous les fonctionnaires de l’APC de ne pas s’investir dans les préparatifs de cette mascarade électorale. «J’appelle la population à être vigilante, à bouder les urnes, le 30 mai, et à marquer sa désapprobation du scrutin». Quant au président d’APC d’Azeffoun, celui-ci nous a informés de sa suspension, hier, par le wali de Tizi Ouzou. M. A.

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Des axes routiers bloqués hier à Amizour et à Adekar

De notre bureau, Hammouche M.

Prévu dans la réunion de la CICB tenue à Akfadou, plusieurs axes routiers sont déjà bloqués à partir d’hier à Amizour (Béjaïa), Adekar (Tizi Ouzou) et le pont de Berchiche, un quartier de la ville d’El-Kseur, afin d’empêcher l’accès aux renforts des services de sécurité à ce quartier où devait se tenir un meeting populaire au cours de la journée, à 18 heures, meeting qui serait animé par Kamel Gherbi, le délégué du Comité de la société civile d’El-Kseur.

Selon Gherbi, l’objectif de ce meeting est d’expliquer aux citoyens les motifs de ces actions, entre autres le blocage des routes pendant quatre jours, sensibiliser les gens à ne pas voter et à répondre massivement au mot d’ordre de grève des trois jours à partir d’aujourd’hui. Au cours de ce meeting, les délégués attireront aussi l’attention des citoyens à être vigilants pendant cette période et à ne pas céder aux provocations. Les noms des informateurs des services de sécurité seront communiqués au public, selon Gherbi. D’après ce délégué, un renfort de sécurité très impressionnant a été dépêché dans la région (gendarmes et CNS) pour apporter main forte à ceux qui sont déjà en position. H. M.

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Marche et grève générale pour jeudi à Bouira

Par Mourad O.

Absente de la scène depuis le début de la campagne électorale, la Coordination des comités de citoyens de la wilaya de Bouira compte entamer dès aujourd’hui des actions sur le terrain pour faire barrage à la tenue des élections de jeudi. Ainsi, le comité de Haïzer débutera par une caravane qui sillonnera tous les villages de la daïra pour sensibiliser les citoyens à l’effet de rejeter les élections et remettre par la même occasion l’argent collecté aux familles des détenus. Plusieurs meetings seront animés par des délégués aux villages El Mahsar-Tazamourt ainsi qu’au chef-lieu de la daïra de Haïzer. Par ailleurs, la CCCWB a rendu publique une déclaration appelant les citoyens à participer massivement à la marche qui sera organisée jeudi, au chef-lieu de la wilaya de Bouira, et décrétant les 29 et 30 mai, journées de grève générale. Du côté des partis politiques «boycotteurs», les militants du RCD qui ont lancé leur appel au boycott depuis l’ouverture officielle de la campagne poursuivent l’opération de distribution de tracts. Après l’ensemble des communes arabophones de la région sillonnée par deux caravanes de sensibilisation, les militants du RCD ont préféré pour cette dernière journée de campagne investir la région berbérophone. Une caravane conduite par M. Chaâbane Slimane, membre du conseil national, a sillonné dans la journée d’hier pas moins de quatre communes : Ath-Laâziz, Taghzout, Haïzer et El Esnam. Une procession conduite par Ahmed Boutata et Belkacem Mechoub a traversé à pied les différents quartiers de la ville de Bouira. Dans leur périple, qui les a menés à la commune d’Aomar, située à l’ouest du chef-lieu de wilaya, les militants du Rassemblement conduits par un élu à l’APW, ont investi le marché hebdomadaire. Ils auraient distribué plus de 2 000 tracts. M. O.
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La marche du FFS empêchée à Béjaïa…

De notre bureau, A. Mezhoud

La marche à laquelle le FFS a appelé pour «exiger la libération de tous les détenus, l’arrêt de toutes les intimidations à l’encontre de la population, dénoncer la violation des franchises universitaires et la répression qui s’abat sur les citoyens ainsi que le hold-up électoral du 30 mai prochain», a été empêchée par les services de sécurité. Elle était prévue à 11h à partir du Théâtre régional de Béjaïa jusqu’au siège de la wilaya. A peine les premiers manifestants regroupés, vers 10h, que la police les a chargés à coups de matraques, puis elle a embarqué trois personnes qui ont été relâchées quelques heures plus tard. Suite à l’intervention de la police, les personnes rassemblées se sont dispersées. M. Ikhlef Bouiche, député du FFS à l’APN, nous a déclaré que cette répression est une réponse du pouvoir à toute expression libre de la société. Le pouvoir démontre encore une fois par cet acharnement policier que seuls ses supplétifs et ses relais sont tolérés pour mener leurs activités politiques. Il ajoute que même si le pouvoir utilise la violence, le FFS est contre l’idée que l’émeute soit érigée en pratique politique, notre combat est donc démocratique et pacifique et est seul garant d’une victoire certaine du peuple algérien. Lors d’un point de presse animé par un membre de la direction nationale Khaled Tazaghart et le secrétaire fédéral M. Djamel Atta, ces derniers ont rappellé les principes du FFS, à savoir le soutien de toute action qui s’inscrit dans le cadre de la dissidence citoyenne, et dénoncé la répression par le pouvoir de cette manifestation pacifique contre la mascarade électorale du 30 mai. Ils ont informé l’assistance qu’une délégation composée des élus du FFS est intervenue pour la libération de tous les détenus et un collectif d’avocats s’est constitué à cet effet, et que les élus du parti déposeront une plainte contre le wali de Béjaïa qui leur a adressé des mises en demeure après avoir exprimé leur refus par écrit d’encadrer les prochaines élections. Dans leur intervention, ils se sont interrogés aussi sur l’explosion de la bombe de Tazmalt à ce moment précis. Enfin quatre militants du FFS ont été arrêtés la veille, deux à Kherrata et deux autres à Aokas, à l’est de Béjaïa. A. M.

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… et à Tizi Ouzou

De notre bureau Malik Adel

La marche à laquelle a appelé le FFS a été réprimée hier à Tizi Ouzou. Les quelques centaines de personnes ont été reçues à coups de bombes lacrymogènes au niveau du stade du 1er-Novembre 1954 où les attendaient les CNS qui auraient pris position tôt le matin. Dans l’impossibilité d’avancer, les marcheurs ont observé un sit-in d’une heure avant que l’ordre de dispension ne soit donné. Deux jeunes ont été blessés, heureusement sans grande gravité. La grève générale initiée par le FFS pour la journée d’hier n’a été suivie que partiellement à travers la Kabylie, principalement dans les agglomération, sous tension. La marche a vu la participation de plus de deux cents élus FFS ainsi qu’une foule à majorité de militants du parti d’Aït Ahmed. M. A.