Grosse pression sur Bouteflika
Les tragiques événements de Kabylie ébranlent le gouvernement
Grosse pression sur Bouteflika
Les socialistes européens souhaitent une commission denquête internationale. Le MCB mobilise ses troupes pour ce jeudi. Les partis dopposition multiplient les critiques à lencontre de la démarche du président de la République
Par Ryad Choukri, La Tribune, 9 mai 2001
«Le Parti des socialistes européens condamne lutilisation de la force contre la population algérienne qui ne revendique que plus de libertés, de progrès et une véritable alternative démocratique», peut-on lire dans cette résolution dont une copie nous est parvenue hier à la rédaction. En outre, le PSE déclare être «extrêmement préoccupé par les événements dramatiques de ces derniers jours en Algérie» et constate que «la violence de la répression contre les manifestants pacifiques, dont le régime porte lentière responsabilité, a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés parmi les manifestants». Toutefois, le plus important dans cette résolution reste le souhait des socialistes européens de voir lUnion européenne user de son poids et soutenir la demande «des démocrates algériens [le FFS, NDLR] dune commission denquête internationale sur la responsabilité des massacres» auprès des Nations unies : «Le PSE appelle lUnion européenne à soutenir auprès de lONU la demande des démocrates algériens dune commission denquête internationale sur la responsabilité des massacres.» Adoptée à lunanimité, cette résolution représente une petite victoire pour le FFS. Ses effets les plus immédiats sont denlever au président de la République et au pouvoir de leur superbe à se vanter -non sans avoir jeté lanathème sur leurs prédécesseurs comme les anciens responsables du défunt HCE et lancien président de la République Liamine Zeroual- davoir réussi à «normaliser» limage de lAlgérie à létranger, en Occident, en particulier. Elle peut avoir des prolongements encore plus redoutables pour le président de la République. Surtout si ce dernier ne prend pas les initiatives douverture que tout le monde attend : ouverture du champ politique et médiatique, entre autres. Mais aussi une prise en compte effective de la question de tamazight. Tous les ingrédients sont en effet présents pour rendre plus délicate la mission du président de la République : un contexte international défavorable, caractérisé notamment par les appels on ne peut plus significatifs lancés par des responsables français connus pour leur soutien au président de la République. Une pression interne qui, en outre, risque de saccentuer ce week-end avec la mobilisation pour une marche de protestation nationale dune frange du MCB, demain à Alger. La démarche que le président Bouteflika poursuit depuis deux années na eu pour effet que de crisper la classe politique et de rendre épouvantables les relations avec elle. Les événements de Kabylie ont donné de cette crispation un symbole tragique et malheureux. Ils ont révélé la grande vulnérabilité du gouvernement et surtout une inaptitude à la gestion dont le meilleur exemple a été encore une fois le retrait du RCD, lapathie incroyable des relais supposés acquis au président de la République. En sera-t-il autrement à lavenir ? Des rumeurs font déjà état du départ parmi tant dautres du ministre de lEconomie et des Finances à loccasion d’un remaniement qui devrait intervenir au plus tard jeudi prochain. Si ce départ est confirmé, il concrétisera un autre échec : celui, pour le président de la République, de se débarrasser dun ministre dont le nom a été associé aux réformes alors que celles-ci nont même pas démarré.
R. C.
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