Assassinat de Kasdi Merbah : Le secret reste vivant

9 ANS APRÈS L’ASSASSINAT DE KASDI MERBAH

Le secret reste vivant

L’expression, 22 août 2002

Le 21 août 1993, il devait rencontrer un ami dans une villa aux environs d’Alger-Plage.

Il fait chaud à El-Alia. Le cimetière situé à l’est d’Alger renferme toute l’Algérie officielle éteinte, de l’Emir Abdelkader et Boumediene à ce mystérieux officier mort «en service commandé en 1972». Au carré des martyrs, un groupe d’hommes et de femmes entoure une tombe. «Ici repose Kasdi Merbah sauvagement assassiné le 21 août 1993», est-il inscrit sur la pierre tombale. Les couleurs vives des robes kabyles des femmes venues de son village natal contrastent avec le marbre funèbre. La famille est là, ainsi que de vieux amis. Daho Ould Kablia, ministre délégué aux Collectivités locales et ancien du MALG, ministère de l’Armement et des Liaisons générales durant la Guerre de libération et ancêtre de la SM, est venu représenter le gouvernement. Il est le seul officiel présent. L’homme qui possédait tous les dossiers noirs de l’Algérie fait-il encore peur? L’APS, l’agence officielle, a passé sous silence la présence de Ould Kablia. Pourtant, la dernière promotion d’officiers de police a été baptisée, fin juin, au nom de Kasdi Merbah. Et comme si l’Histoire voulait prouver qu’elle n’opte jamais pour le hasard, Daho Ould Kablia a offert, avant-hier, au musée de la police, un document historique concernant un programme de formation militaire de 70 officiers de l’Armée de libération nationale s’étalant du 1er juillet au 31 décembre 1957. 27 de ces stagiaires ont été répartis à travers le pays pour renforcer les rangs de la révolution dans la Wilaya V. Le tiers a rejoint le secrétariat de wilaya pour constituer le service de renseignements. Parmi eux, un certain Kasdi Merbah.
Il y a 9 ans, l’ancien Chef du gouvernement de 1988 à 1990 et ex-patron de la Sécurité militaire sous Boumediene, est assassiné avec son frère et son fils à Alger-Plage, bourgade côtière à l’est de la capitale. Les services de sécurité et les médias imputeront cette opération commando à l’un des frères Hattab, Mouloud. Ce dernier, ainsi que toute sa famille ont été retrouvés morts au fond d’un puits quelques mois plus tard.
En cette période, l’homme était à la tête du parti MAJD. Ce 21 août 1993, Kasdi Merbah devait rencontrer un ami dans une villa des environs d’Alger-Plage. Il venait de rentrer de Suisse où il aurait rencontré Aït Ahmed et des membres du FIS dissous ainsi que des représentants de la guérilla islamiste. L’ancien chef des services secrets algériens était-il en train de «négocier» une issue à la crise ? Mme Merbah a déclaré le lendemain de l’assassinat de son mari qu’«il était sur le point de finaliser un accord de paix définitif qui aurait mis fin au terrorisme…». Selon des témoignages de l’époque, Merbah portait sur lui une valise rouge, une sorte de porte-documents. Elle ne sera jamais retrouvée. L’un des officiers des forces spéciales de l’ANP, appelés ce jour-là pour boucler le secteur d’Alger-Plage après l’assassinat, a estimé que «l’opération a été exécutée par des professionnels».
Hier, sur la gerbe de fleurs déposée sur la tombe de l’ex-chef de la sécurité militaire on pouvait lire ces mots: «…par fidélité…». Kasdi Merbah est mort, mais ses secrets restent vivants parmi nous. Pour encore longtemps?

Adlène MEDDI

LUTTE CONTRE LA FRAUDE ELECTORALE
Les garanties du Président
22-08-2002 – Page : 3

Outre la douzaine de mesures de mai dernier, d’autres initiatives sont attendues dans les prochains jours ou prochaines semaines.

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De sources proches du ministère de l’Intérieur, on apprend que «des mesures draconiennes sont en chantier en vue de garantir une régularité et une transparence maximale tant en amont qu’en aval du déroulement des élections locales, prévues pour le 10 octobre prochain».
Dans ce cadre, les fameuses douze mesures relatives aux législatives du 30 mai dernier, et signées de la main du Président de la République, seront intégralement reconduites. Ces mesures ont été unanimement bien accueillies par la classe politique qui voit là une volonté pratique des pouvoirs publics de garantir des élections «propres et honnêtes», selon une expression consacrée, mais presque jamais respectée.
Les mesures prises, inédites même depuis l’avènement de la démocratie en Algérie, prévoient d’accorder des P-V de dépouillement à l’ensemble des observateurs partisans, ce qui aura pour conséquence d’éviter toute falsification en amont de ces documents comme cela avait été le cas en 1997. En cas de litiges sérieux, ces mesures vont encore plus loin, en conservant les bulletins dans des sacs scellés en cas d’éventuels nouveaux décomptes. A ces deux mesures, originales et inédites, s’ajoute le fait que le président de la commission de surveillance des élections ne soit plus une personne désignée par le pouvoir, mais élue par ses pairs représentants de tous les partis politiques en lice.
S’agissant des nouvelles mesures, toujours à l’étude, on apprend de sources proches du ministère de l’Intérieur qu’elles concerneront surtout la «réduction drastique du nombre des bureaux itinérants». Cette question, en effet, est restée la principale pierre d’achoppement entre les partis politiques et les autorités.
La présidence de la République, qui a reçu les leaders des partis politiques les plus en vue en prévision de cette échéance électorale, en a été saisie officiellement par de nombreux leaders.
Des promesses très fermes auraient été faites en ce sens. Idem pour les corps constitués dont le vote continue à «intriguer» les observateurs avertis et les partis politiques, aussi bien siégeant au pouvoir que militant dans l’opposition.
Pour ce qui est de la remise à jour des listes électorales, il faut croire qu’il faudra attendre la présidentielle de 2003.
De nombreux partis, en effet, se basant sur des statistiques officielles, ont contesté le nombre d’électeurs annoncé, supposant que de nombreuses doubles inscriptions existent sans doute, ce qui a pour effet de tronquer les résultats au profit d’un parti ou d’un autre. Des partis, comme celui de Djaballah, sont allés encore plus loin pour dire que «ces doubles, triples…inscriptions sont volontairement laissées en l’état dans le cadre d’une fraude quasi institutionnalisée par les tenants du pouvoir».
Prises par le temps, les autorités ne pouvaient pas faire grand-chose à ce sujet. Mais il est à peu près certain que le pouvoir, avec l’aide des nouveaux élus locaux, oeuvrera à assainir consciencieusement le fichier électoral avant la présidentielle d’avril 2003.

Mohamed ABDOUN

Voir aussi; MAOL: L’opération « Virus »