Le Pentagone veut des bases au Maghreb
Lutte contre le terrorisme
Le Pentagone veut des bases au Maghreb
par Aït-Chaâlal Mouloud , Le Jeune Indépendant, 3 mars 2004
Les Etats-Unis projettent d’installer des bases militaires dans la région subsaharienne et au Maghreb, y compris en Algérie, “pour traquer les cellules actives ou dormantes” de l’organisation terroriste El-Qaïda d’Oussama Ben Laden.
C’est ce qu’a annoncé dimanche soir à Accra (Ghana) le général Charles F. Wald, commandant-adjoint des forces américaines en Europe (EUCOM). Ce projet avait déjà été annoncé l’an dernier et évoqué par les médias américains dont le Washington Post.
Le général Wald motive le recours à ce projet par le risque que cette partie du continent noir puisse constituer un sanctuaire pour les cellules terroristes, soulignant que l’Administration américaine a engagé des consultations avec les gouvernements concernés afin qu’ils adhèrent au projet.
La région du Sahel est considérée comme pouvant servir, à l’avenir, de rampe de lancement des attaques terroristes contre les intérêts occidentaux. L’armée américaine avait dépêché au Mali, en janvier dernier, une trentaine d’experts militaires chargés de la formation de contingents maliens pour lutter contre le terrorisme, notamment dans la région de Gao frontalière avec l’Algérie.
Cette opération s’inscrit dans le cadre du plan baptisé “Initiative pan-Sahel” (PSI) de lutte contre le terrorisme, élaboré à Washington. Mis sur pied par le département d’Etat mais exécuté par le ministère de la Défense et par des civils sous contrat, le programme appelé “Initiative pan-Sahel” est destiné à aider la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad “à protéger leurs frontières contre les infiltrations terroristes”, avait indiqué récemment Vincent Kern, assistant spécial auprès du vice-ministre adjoint de la Défense chargé des opérations de stabilisation.
Selon le général Wald, “il existe des éléments qui font croire que les groupes terroristes pourraient à l’avenir opérer à partir des régions du Nord, à la fois du Sahel et du Maghreb et de l’est de l’Afrique”. Le général Wald avait eu plusieurs entretiens par le passé avec des responsables militaires de plusieurs pays africains, notamment en Algérie considérée par les Etats-Unis comme un partenaire privilégié dans la lutte contre le terrorisme international, au Nigeria, en Angola et en Afrique du Sud.
Le chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Mohamed Lamari, avait rencontré le général Wald à Stuttgart et à Alger. Ces rencontres étaient destinées, selon des sources américaines, à réfléchir aux moyens de renforcer l’échange d’informations sur la lutte antiterroriste et plus précisément l’étude d’un projet d’installation d’une station d’écoute américaine dans le Sud algérien.
“Il y a des endroits où nous sommes deja opérationnels et nous sommes à la recherche de nouveaux emplacements qui permettent d’assurer un support pour le déploiement aérien”, a fait savoir le général Wald, sans préciser lesquels. Des experts militaires américains se seraient rendus l’an dernier à Tamanrasset, selon certaines sources citées par des médias, dans l’espoir d’identifier les emplacements pouvant servir à l’installation de ce genre d’infrastructures militaires.
Mais l’information n’a été ni confirmée ni infirmée par les autorités des deux pays. Il n’est pas exclu que l’affaire de la prise des otages européens à Illizi a alerté les responsables de la lutte contre le terrorisme du Pentagone sur les risques d’un déploiement d’El-Qaïda dans la région du Sahel, après avoir été chassée de l’Afghanistan et du Yémen.
A.-C. M.