MSP: Soltani élu président

FIN DU 3e CONGRES DU MSP

Soltani élu président

El Watan, 9 août 2003

Abou Djerra Soltani a été élu, hier matin, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Alors que beaucoup d’observateurs ne donnaient pas cher de sa peau pour l’emporter sur son rival, Abderrahmane Saïdi, dont la candidature est parrainée par 18 membres du bureau exécutif, voilà que Soltani a réussi le pari de renverser la vapeur.

Soltani l’a emporté avec 105 voix contre 95 qui se sont exprimées en faveur de Saïdi. Il a fallu rallonger le congrès d’une journée pour que les deux concurrents soient enfin départagés. Selon Abdelkrim Dahmane, président du congrès, pas moins de 200 intervenants se sont inscrits au bureau du congrès. La nouvelle équipe dirigeante aura entre les mains le destin du mouvement pour une période de cinq ans. Subsiste une question : comment Soltani a-t-il réussi un tel renversement de vapeur, alors qu’au premier jour du congrès il n’a bénéficié du soutien que d’une quinzaine de wilayas à peine ? Le ralliement à la cause de Soltani des grosses pointures, comme Mohamed Megharia dit Hadj Hamou, Abderrezak Mokri, Amar Ghoul…, est pour beaucoup dans cette issue surprenante des travaux du congrès. Nombre de responsables du mouvement mais aussi de congressistes ont mal digéré le coup de force, présenté comme simple «proposition» du bureau exécutif. En outre, la personnalité quelque peu effacée de son concurrent a facilité la tâche aux promoteurs de la candidature de Soltani. Ce dernier est de loin plus connu à l’intérieur et en dehors du parti. Sa personnalité bouillonnante et entreprenante, sa médiatisation ont fait la différence. La présidence du Madjliss Echoura est revenue à Mohamed Megharia dit Hadj Hamou qui a eu à assurer l’intérim après la mort de Nahnah. Abderrezak Mokri, un autre allié de Soltani, est élu comme troisième vice-président. Comme pour assurer un certain équilibre, l’aile adverse n’a pas été tout à fait écartée du périmètre décisionnel. Puisque Abderrahmane Saïdi et Abdelmadjid Menasra ont été élus respectivement premier et deuxième vice-président. Ainsi donc, le nouveau Madjliss Echoura, composé de 205 membres, a porté son choix sur Soltani. Mais cela ne veut nullement dire qu’il lui a donné carte blanche. Du moins si l’on s’en tient aux déclarations du président du bureau du congrès, A. Dahmane, qui a rappelé hier et jeudi, lors de deux points de presse, que le conseil consultatif a, du temps de Nahnah déjà, la prérogative de destituer le président s’il s’écarte de la ligne «modérée» du parti, «consacrée avec du sang». Une mise en garde déguisée à l’adresse du nouvel homme fort du MSP qu’on se plaît à présenter comme un radical ? Possible. D’autre part, les congressistes ont adopté hier les projets de statut du parti, de politique générale et de politique éducative. Il semble que la motion de politique générale ait connu quelques remaniements qu’on n’a pas jugé utile de rendre publics. Globalement, ce 3e congrès n’a pas bousculé l’ordre établi. La ligne modérée, chère à Nahnah, est maintenue. Dans moins de 45 jours, le Madjliss Echoura tiendra sa première réunion pour l’examen et l’enrichissement du programme d’actions du mouvement. A cette occasion, le nouveau président présentera son bureau exécutif qu’il formera de concert avec ses vice-présidents pour adoption.

Par Arab Chih