Bouteflika au 10ème sommet de la francophonie à Ouagadougou
Bouteflika au 10ème sommet de la francophonie à Ouagadougou
Sur un air de Nepad
Le Quotidien d’Oran, 27 novembre 2004
Le chef de l’Etat se trouve depuis hier à Ouagadougou où il représente l’Algérie au 10ème sommet de la francophonie.
Pour nombre d’observateurs, sa présence au Burkina Faso a pour enjeu l’adhésion ou non de notre pays à cette organisation comptant 56 pays et ayant le français comme langue commune. Mais, faute d’éléments nouveaux à ce sujet, il est préférable de ne pas trop s’aventurer sur ce terrain devenu pourtant si familier.
L’important, en revanche, c’est de s’intéresser aux motivations qui ont incité au rapprochement récent entre les deux parties et pourquoi Alger s’est-elle engagée pour un statut d’observateur depuis le sommet de Beyrouth en 2002. Pour l’Algérie, cette organisation comptant 51 Etats et gouvernements membres et cinq observateurs offre un cadre intéressant et stimulant pour sa politique extérieure et africaine en particulier. Selon son pouvoir et sa diplomatie, le discours et la doctrine prônés récemment par la France, son principal animateur, évoluent dans «le sens de l’histoire», dit-on. Ils ouvrent des perspectives favorables au moment où le continent cherche à rompre avec l’héritage politique et économique post-colonial et à s’intégrer favorablement dans le grand flux des échanges internationaux.
Le thème retenu par le pays hôte, cette année, est «un espace solidaire pour un développement durable». Son contenu puis sa tonalité sont manifestement très proches de ceux du Nouveau partenariat pour le développement (Nepad). On y retrouve une partie des dossiers qui y sont pris en charge tels que la démocratie, la bonne gouvernance, ou celui encore du développement économique. Tandis que le chef de l’Etat du Nigeria, l’anglophone Olusegun Obasanjo, qui a prononcé, hier, un discours devant les dirigeants francophones en tant que président en exercice de l’Union africaine, donne plus de consistance et de crédit à cette impression.
Par ailleurs, les objectifs des deux organisations se rejoignent notamment sur la nécessité pour l’Afrique de renforcer son cadre d’action dans le développement durable et pour la solution de conflits tels que celui du Darfour, à l’ouest du Soudan. Et, hors continent, celui qui gangrène depuis des années l’île francophone d’Haïti aux Caraïbes. En outre, les bonnes mémoires se souviendront sûrement que les questions débattues durant deux jours, dans la capitale du Burkina Faso, interpellent les pays riches de la planète. Ces questions font directement écho au dernier G8 à Sea Island et amplifient les attentes africaines qu’ont, alors, suscitées les pays industrialisés par leur engagement à réduire la fracture entre nantis et démunis.
En Georgie, souvenons-nous, les pays industrialisés ont retenu comme conclusion principale la décision de prolonger de deux ans l’initiative prise, lors de la conférence de Monterrey sur le financement de l’aide au développement, en mars 2002, de réduire la dette des pays pauvres et très endettés. Il s’agit, pour les pays francophones, d’encourager et d’appeler, au moins, d’autres pays occidentaux à imiter l’exemple français et la volonté exprimée par Paris de réaliser cet objectif à l’horizon 2012-2013.
En ce qui concerne l’actualité immédiate, le sommet de Ouagadougou doit lancer un appel à Abidjan à rejoindre le point de vue adopté par l’Algérie et l’ONU pour que les parties ivoiriennes en conflit respectent les accords de Marcoussis et d’Accra III, comme seule solution à la crise. «Nous réaffirmons que la solution en Côte d’Ivoire ne peut passer que par le respect des accords de Marcoussis et d’Accra», a ainsi déclaré, selon les agences de presse, le ministre canadien de la Francophonie, Jacques Saada. Lors de son bref séjour dans la capitale burkinabé, le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a, pour sa part, déclaré lui aussi que les deux parties doivent «suivre» ces accords et procéder sous peine de chaos à un désarmement et à des réformes politiques rapides et efficientes.
A propos du Proche-Orient, le sommet devrait par ailleurs adopter une résolution affirmant le soutien des Etats francophones à la «feuille de route», un plan international également soutenu par Alger et qui prévoit un règlement du conflit israélo-palestinien. Selon l’AFP, le projet de résolution appelle «les parties à remplir leurs engagements au regard de la Feuille de route».
Noureddine Azzouz