Sarkozy: Les dessous de l’annulation de l’escale marocaine

Tournée de Sarkozy au Maghreb

Les dessous de l’annulation de l’escale marocaine

Par : Rédaction de Liberte, 8 juillet 2007

Les relations entre Alger et Paris, marquées par de vives tensions depuis plus de deux ans, sont entrées dans une phase de relance et Sarkozy s’est déclaré notamment favorable à une alliance très forte avec Alger dans le domaine énergétique.

Contrairement aux raisons officiellement invoquées, l’annulation de l’étape marocaine de la tournée au Maghreb du président français Nicolas Sarkozy ne tient pas “aux raisons de calendrier” qui auraient empêché le roi Mohammed VI d’accueillir le président français.
L’argument avancé par les autorités marocaines semble pour le moins fallacieux d’autant qu’il s’agit d’une visite éclair de quelques heures, estiment des sources diplomatiques.
Il est peu probable que l’Élysée ait pris le risque d’annoncer officiellement le voyage de M. Sarkozy, il y a plusieurs jours déjà, sans qu’il y ait un accord préalable avec les trois pays du Maghreb sur le timing et le programme de la tournée. Que s’est-il donc passé pour que Rabat demande subitement ce report ? Une source autorisée marocaine citée par l’Agence France Presse (AFP) a avancé cette explication : “En raison de l’excellence” des relations entre les deux pays et “de l’amitié entre le roi Mohammed VI et Nicolas Sarkozy”, le Maroc souhaite qu’il s’agisse d’une visite d’État et qu’elle dure plus longtemps que quelques heures, comme prévu initialement.
En réalité, le palais royal voyait d’un mauvais œil le fait que Nicolas Sarkozy ait choisi de commencer sa tournée au Maghreb par la capitale algérienne au lieu de Rabat comme l’avait fait souvent l’ancien chef d’État français, Jacques Chirac. Ce report inattendu de l’escale marocaine aurait également un lien avec l’épineux dossier du Sahara occidental. Les autorités marocaines auraient très mal pris les récentes déclarations de l’ambassadeur de France à Alger, M. Bernard Bajolet, qui, lors d’une rencontre informelle en juin dernier avec des responsables de journaux algériens, avait affirmé que le problème du Sahara occidental n’est pas un facteur de blocage dans les relations algéro-françaises. “Ce n’est pas un problème majeur ni un enjeu pour la France”, avait souligné le diplomate français. Une déclaration qui sonne comme un cinglant désaveu à la démarche du prédécesseur de Nicolas Sarkozy.
L’ancien président français Jacques Chirac n’avait jamais, en effet, caché ses penchants pour les thèses marocaines et avait même soutenu le projet d’autonomie marocain de l’ancienne colonie espagnole. Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy, le Maroc s’inquiète de la volonté française de procéder au rééquilibrage de sa position sur cette question. Mais Paris semble avoir une autre priorité : la relance des relations avec l’Algérie, qui constitue désormais le principal objectif de la diplomatie française dans la région. La réussite du projet de l’union méditerranéenne, cher à Nicolas Sarkozy, en dépend beaucoup, estiment des observateurs avertis. Autre sujet de discorde, le refus de Paris d’accorder une ligne de crédit à Rabat pour financer l’achat de 18 avions Rafale chez le constructeur français Dassault aviation. Malgré le lobbying intense du propriétaire de Dassault, la France reste toujours réticente à accorder cette ligne de crédit de 2 milliards de dollars au Maroc pour l’achat de ces avions de chasse. Les relations entre Alger et Paris, marquées par de vives tensions depuis plus de deux ans, sont entrées dans une phase de relance et Sarkozy s’est déclaré notamment favorable à une alliance très forte avec Alger dans le domaine énergétique.
Et visiblement, Paris ne souhaite pas compromettre ce processus enclenché depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir et prendre le risque de provoquer le mécontentement d’Alger en aidant le Maroc à acquérir des avions de combat.

R. B.