Le nouveau président nigérian chez Bouteflika

Le nouveau président nigérian chez Bouteflika

par Synthèse S. Chalal, Le Quotidien d’Oran, 12 mai 2007

Poursuivant sa tournée dans plusieurs pays africains, le président élu du Nigéria est arrivé dans la soirée de mercredi dernier pour une visite de travail de deux jours à Alger.

Aussitôt arrivé, M. El-Hadji Umaru Musa Yar’Adua s’est entretenu lors d’un tête à tête avec le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika.

Au deuxième jour, le président du Nigéria a reçu au lieu de sa résidence de hauts responsables algériens tels que M. Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des Investissements, et un groupe d’hommes d’affaires algériens. M. Al-Hadji Umaru Musa Yar’Adua, a reçu ensuite M. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation et M. Amar Saidani, président de l’APN. Le président Nigérian a quitté jeudi Alger et a été salué à son départ de l’aéroport Houari-Boumédiène par M. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation.

Cette visite en Algérie survient au moment où, au Nigéria, le différend politique avec l’opposition sur fond d’enlèvements de techniciens étrangers notamment dans la région pétrolifère du Sud du pays constitue la préoccupation majeure du nouveau président qui a été élu le 21 avril dernier, et qui devra prendre officiellement ses fonctions le 29 mai prochain en remplacement du président Obasanjo en poste depuis 8 ans.

Concernant la question des relations de l’Etat nigérian avec les nombreux opérateurs étrangers opérant dans le secteur des hydrocarbures, un différend avec l’un des géants de l’industrie pétrolière, le groupe anglo-néerlandais Shell est né suite à la décision des instances judiciaires de Lagos de «bloquer temporairement la vente de deux champs pétroliers. De son côté, une source proche du gouvernement nigérian a annoncé qu’en attendant que cette décision soit rendue publique le 17 mai prochain, un compromis est possible vu que le gouvernement nigérian soutient qu’il a le droit de mettre à nouveau en vente les deux champs, la compagnie à laquelle ils avaient été originellement attribués en juillet 1989, à savoir la Shell Petroleum Development Company Nigeria Limited, ne les ayant pas exploités dans les délais impartis. Shell conteste cette version et l’a fait savoir par le biais du directeur des Ressources pétrolières du Nigéria (DPR) Tony Chukwueke qui a déclaré : «nous allons obtempérer à l’injonction de la Cour. Nous allons ouvrir les offres faites pour ces deux champs, mais nous ne ferons rien en attendant l’arrêt de la Cour».

Au registre politique, le nouveau président du Nigéria, s’est dit sûr de parvenir à un accord avec l’opposition pour travailler avec elle, à l’occasion d’une rencontre à Pretoria avec le chef de l’Etat sud-africain Thabo Mbeki.

Enfin, la question sécuritaire avec la recrudescence des enlèvements de techniciens étrangers travaillant dans les champs pétroliers est un autre tracas pour le nouvel homme fort du Nigéria. C’est ainsi que des sources diplomatiques et industrielles ont annoncé que durant la nuit de mardi à mercredi derniers, quatre Américains employés dans le secteur pétrolier ont été enlevés par des hommes armés dans le sud du Nigéria. Ces travailleurs employés par la société Global Industries Inc., sous-traitante du géant pétrolier américain Chevron, ont été enlevés à bord d’un bateau de transport, le Cheyenne, au large des côtes de l’Etat du Delta. Le bateau a été attaqué par un commando d’au moins 80 hommes armés venus à bord de six petites embarcations à moteur.

Des militaires nigérians ont tiré sur les assaillants mais n’ont pu empêcher les rapts, a ajouté cette source.

Pour la libération des otages, un haut responsable nigérian a assuré depuis Asaba, la capitale de l’Etat du Delta où se sont produits les enlèvements, que les autorités «tentaient d’établir un contact avec les hommes qui les ont enlevés à travers les communautés locales et les leaders d’opinion de la région». Ces enlèvements, qui n’ont pas encore été revendiqués, surviennent au lendemain de la destruction de trois oléoducs dans l’Etat voisin de Bayelsa, engendrant la suspension de la production de deux gisements de pétrole. Ces actes de sabotage ont été en revanche revendiqués par le Mouvement d’émancipation du delta du Niger (MEND), le groupe le plus actif contre les multinationales pétrolières dans le delta, dans le cadre de son plan d’attaques pour paralyser les exportations pétrolières. Ce mouvement réclame que les revenus pétroliers profitent davantage aux communautés locales qui peuplent la région qui génère 95% des rentrées en devises au Nigéria, considéré comme le sixième exportateur mondial de l’or noir.