Présidence : Le général Tartag et Benmeradi, nouveaux conseillers de Bouteflika

Présidence : Le général Tartag et Benmeradi, nouveaux conseillers de Bouteflika

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 15 septembre 2014

De nouveaux conseillers sont annoncés, actuellement, à la présidence de la République. Après les « limogeages-dégommages » de l’été, dont le plus sensationnel aura été la fin « politique » de Abdelaziz Belkhadem, avec sa « fin de mission » de toutes ses fonctions officielles, notifiée par le Président Abdelaziz Bouteflika, de nouveaux arrivants à El Mouradia sont annoncés.

Il s’agit, d’abord, du poste de conseiller à la Défense, laissé vacant par le général-major Touati. Il est remplacé par le général Bachir Tartag, qui rejoint la présidence de la République, en tant que Conseiller du Président Bouteflika. Selon des médias algériens, ‘Ennahar’ et ‘TSA’, qui ont rapporté l’information, hier, dimanche, l’ex-n°2 du DRS, en charge de la Sécurité intérieure, le général Tartag, avait été mis à la retraite, il y a près d’un an, dans le cadre de la restructuration de ce département, et remplacé par le général Bendaoud. La mise à la retraite du général Tartag était intervenue, juste après l’affaire de l’attaque terroriste de Tiguentourine, en 2013. Le système de sécurité des bases de Sonatrach et de ses partenaires étrangers a été, depuis cette attaque, revu avec des critiques dures, en interne, pour celui qui était, jusque-là, en vigueur. A la présidence de la République, Bachir Tartag conseillera le chef de l’État, sur plusieurs questions liées à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme. Le général Tartag avait dirigé, entre 2011 et 2014, la direction de la Sécurité intérieure (DSI), une division chargée des écoutes téléphoniques, des volets contre-espionnage et de la lutte contre la subversion. Avant d’en être «remercié», il avait succédé à ce poste au général Ahmed, qui, lui, a intégré la présidence de la République, au printemps dernier, et rejoint Ahmed Ouyahia, chargé par Bouteflika, du dossier de la révision de la Constitution.

Un autre arrivant à la présidence de la République, pour les Affaires économiques est, également, annoncé, selon ‘Ennahar’. Il s’agit de Mohamed Benmeradi, l’ancien ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Mohamed Benmeradi a rejoint, lui aussi, la présidence de la République, en tant que conseiller à la présidence, chargé des Affaires économiques. Le nouveau conseiller économique du président avait, également, détenu le portefeuille des ministères du Tourisme et de l’Artisanat. Mais c’est au ministère de l’Industrie qu’il va émerger du lot. Mohamed Benmeradi , énarque et ex-directeur général des Domaines, se voit confier, par le Président Bouteflika, la tâche délicate de redonner vie à l’Industrie algérienne. Il va s’illustrer, surtout, par l’accord historique avec Renault, après des négociations en plusieurs rounds avec l’ex-PM français Jean Pierre Raffarin, dont la conclusion, en décembre 2012, a enfanté le projet de l’usine d’Oran. A la présidence de la République, il va retrouver un autre énarque de sa promotion, Ahmed Ouyahia, chef de Cabinet du président, avec lequel il avait travaillé lorsqu’il était en charge du ministère de l’Industrie. Ces nouvelles nominations, outre qu’elles comblent un «vide», au niveau des conseillers à la présidence de la République, interviennent, juste après les limogeages de ces deux dernières semaines, et qui ont touché, à la surprise générale, des «indéboulonnables», tel Abdelaziz Belkhadem, démis, par décret présidentiel, de toutes ses fonctions officielles et étatiques.

Le mois de septembre 2014 a été, ainsi, riche en rebondissements, en particulier pour le renouvellement des hauts cadres de l’Etat, à la présidence de la République. En effet, le chef de l’Etat avait, successivement, mis fin aux fonctions des chefs de la Garde républicaine, le général Abdelkader Aouali, de la 1ère Région militaire, le général Abdelkader Benzekhroufa, ainsi que celui de la 5ème Région militaire, le général Saïd Ziad. Ces décisions présidentielles, signées par décret, ont été publiées, le 2 septembre, au Journal Officiel n°47.

Par ailleurs, les remplaçants des généraux Abdelkader Benzekhroufa et Saïd Ziad sont, respectivement, les généraux Noureddine Haddad et Khelifa Ghaouar, selon les décrets publiés, au même JO. Dans la même foulée, le Président Bouteflika avait mis fin aux fonctions de son conseiller aux Affaires de la Défense, le général-major, Mohamed Touati, et de son conseiller aux Affaires juridiques, Saïd Bouchair, selon les mêmes décrets présidentiels.

Pour rappel, deux autres conseillers à la présidence, Ahmed Amine Kherbi et Ali Driss, ont été, également, écartés.


Le général Bachir Tartag nommé conseiller du président Bouteflika

Une autre énigme du pouvoir !

El Watan, 15 septembre 2014

La vague des limogeages, des mises à la retraite et des nominations se succèdent depuis le mois de septembre 2013, à la Présidence, selon une logique qui échappe aux observateurs.

Des décisions et des énigmes à la présidence de la République. La vague des limogeages, des mises à la retraite et des nominations qui se succèdent depuis le mois de septembre 2013, soit au lendemain du retour du président Bouteflika au pays après un long séjours dans la capitale française, Paris, suite à l’AVC dont il a été victime, déroutent tous les observateurs. Chaque décision suscite des commentaires et des analyses, mais sans pour autant comprendre son sens.

En effet, quelques jours seulement après la publication au Journal officiel du décret présidentiel mettant 13 généraux à la retraite, qualifié par certains de «coup de balai», on annonce le rappel de l’ex-numéro deux du DRS, Athmane Tartag, dit Bachir, qui vient de rejoindre la présidence de la République en tant que conseiller du président Bouteflika. Une surprise. Le général-major Bachir Tartag, ex-puissant responsable de la Direction de la sécurité intérieure (DSI) a été, rappelons-le, mis à la retraite dans le cadre de «la fameuse restructuration du DRS entreprise en septembre 2013».

Sa mise à l’écart, à l’époque, avait donné suite à plusieurs interprétations. Certains analystes avaient avancé un différend qui l’opposait au patron du DRS, le général Mohamed Mediene, dit Toufik. Ce dernier aurait alors demandé la mise à la retraite du «bombardier», surnom donné à Bachir Tartag. D’autres ont mis en avant le conflit qui l’aurait opposé au clan présidentiel autour du quatrième mandat. Selon cette hypothèse, Bachir Tartag serait contre l’idée que le président Bouteflika, affaibli par la maladie, brigue un nouveau mandat. D’où, estiment les mêmes analystes, son remplacement par le général Abdelhamid Bendaoud, qui est considéré comme un proche de Saïd Bouteflika, le frère cadet du chef de l’Etat.

Que s’est-il passé en 12 mois ? Qu’est-ce qui a changé pour que le général Tartag soit rappelé à la Présidence ? On n’en sait rien pour l’instant. Mais, toujours selon des observateurs, Bachir Tartag, s’estimant lâché par son patron, Mohamed Mediene, aurait rejoint le camp des Bouteflika.
C’est pourquoi, ajoute-t-on, il a été nommé au ministère de la Défense en tant que conseiller aux affaires sécuritaires. Le nom de Bachir Tartag, faut-il le souligner, ne figurait pas dans la dernière liste des généraux mis à la retraite.

Madjid Makedhi