Nouveau code du travail: Le niet de l’UGTA

Nouveau code du travail

Le niet de l’UGTA

El Watan, 15 septembre 2014

Au lieu d’améliorer le climat des affaires, le gouvernement vise à offrir une main-d’œuvre bon marché et des conditions juridiques assouplies aux investisseurs étrangers qui trouveront ainsi plus de facilités pour gagner de l’argent.

Si ce code venait à être adopté, notre pays marquerait une étape de régression sociale, la pire depuis l’indépendance», explique Amar Takdjout, président de la Fédération nationale des travailleurs du textile, de l’UGTA.
Ce texte, soumis à réflexion au niveau des fédérations UGTA et des unions de wilaya, «consacre une véritable remise en cause de plusieurs acquis, arrachés par la lutte et grâce à la mobilisation». Cette fédération UGTA est très critique concernant les dispositions que le gouvernement veut introduire dans ce texte pour permettre plus de «flexibilité» aux employeurs. Selon ce syndicaliste, les dispositions passées au peigne fin indiquent un retour au verrouillage des syndicats. «Les syndicats n’ont plus le droit de siéger dans les conseils de participation, ce qui est une aberration», indique notre interlocuteur, qui a relevé les incohérences de ce texte qui visent «à isoler» les syndicalistes et brider les actions syndicales, les grèves étant soumises à plusieurs restrictions.

«Plusieurs acquis dans l’ancien code du travail sont menacés. Nous sommes en train d’assister à un projet qui veut remettre en cause tout ce qui a été édifié par nos prédécesseurs», s’inquiète M. Takdjout. Les inquiétudes de l’UGTA sont également motivées par ce projet de loi qui autorise le travail «activité non pénible» dès l’âge de 16 ans dans certains secteurs. «Qui déterminera si le travail est pénible ou pas ?» L’adoption de ces articles signera une plongée directe dans la consécration du travail des mineurs. Dans ce contexte, le président de la Fédération du textile pose la problématique de la difficulté de contrôle des dépassements en matière d’emploi des enfants.

Autre aspect suscitant la crainte des travailleurs, la généralisation des contrats à durée déterminée qui aura pour conséquence, selon le même responsable syndical, la multiplication des risques de harcèlement et autres dépassements qui peuvent menacer l’intégrité physique ou morale des employés. En somme, le texte accorde beaucoup de «facilitations» aux employeurs, qui y trouvent plus de souplesse concernant les contrats de travail. «L’on se demande, si les auteurs de ce document ont apporté une réponse favorable aux doléances des employeurs algériens qui n’ont jamais formulé de telles revendications, à mon avis», s’interroge M. Takdjout qui craint que ces dispositions «soient dictées par des pressions extérieures».

Bradage

Au lieu d’améliorer le climat des affaires, le gouvernement vise à offrir une main-d’œuvre bon marché et des conditions juridiques assouplies aux investisseurs étrangers qui «trouveront ainsi moins de contraintes juridiques pour gagner de l’argent sans trop dépenser». «Scandale», résume l’ancien député du Parti des travailleurs. De son côté, Azzouz Bachir, président de la Fédération des travailleurs de l’hydraulique, estime que l’enjeu de ce projet de loi portant amendement du code du travail dépasse les restrictions de la liberté syndicale. Il y a visiblement une volonté d’écarter les syndicalistes de tout le périmètre décisionnel structurant l’entreprise.

Ce syndicaliste juge qu’en écartant les syndicats des conseils de participation, un fossé se creuse entre l’entreprise, son devenir, ses difficultés, les décisions qui la concernent et le monde des travailleurs. «Les syndicats ont toujours défendu leur poste de travail. C’est grâce aux représentants des travailleurs que des entreprises n’ont pas été bradées et visiblement avec ce projet de texte, personne ne pourra plus faire obstacle au bradage des sociétés», s’inquiète M. Azzouz. Selon ces syndicalistes, la centrale syndicale a mis en place deux commissions techniques pour préparer une réponse encadrée à ce projet de texte. Aucune des 29 fédérations des secteurs ni les 48 unions de wilaya ne tolèrent «les dépassements contenus dans ce projet de texte», affirment-ils.

Fatima Arab