Bouteflika modifie l’architecture de l’armée

Changements au sein des régions militaires

Bouteflika modifie l’architecture de l’armée

Le Quotidien d’Oran, 5 mai 2005

Moins d’une semaine après la nomination du général Abdelmalek Guenaïzia en tant que ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, le président Bouteflika poursuit le parachèvement de l’architecture de l’armée en nommant plusieurs nouveaux responsables militaires.

Parmi ces nouvelles nominations, il faut noter le remplacement du général major Kamel Abderrahmane, chef de la 5ème région militaire (Constantine), par le général major Ben Ali Ben Ali, qui était en charge de la 6ème région militaire (Tamanrasset). Le général major Abderrahmane était précédemment basé à la 2ème région militaire (Oran), avant de permuter avec le général major Saïd Bey. Il n’a, de ce fait, occupé ce poste que 7 mois avant d’être définitivement écarté. Le général major Abderrahmane Kamel, un des jeunes officiers de l’armée les plus prometteurs et ancien commandant de la puissante DSCA (direction de la sécurité de l’armée), avait eu à sécuriser les frontières ouest durant les années de terrorisme. Il faisait partie des généraux majors qui devaient constituer la relève au sein de l’état-major et était considéré comme un proche du général de corps d’armée, Mohamed Lamari.

Son remplaçant n’est autre que le général major Ben Ali Ben Ali, l’homme qui a décapité le GSPC dans les régions du Sud algérien. C’est à lui qu’on doit la première libération des otages européens, celle du premier groupe de 17 Européens, lorsqu’il avait mené une opération héliportée contre un groupe salafiste au sud-est de Tamanrasset. Le général major Ben Ali avait alors réussi à sauver le groupe de touristes étrangers. Sous son commandement, ses unités devaient se distinguer par l’impressionnante saisie d’armes expédiées par Abderrazak Al Para vers le Nord, interceptées sitôt les frontières sud franchies. Il a été également félicité par l’état-major pour son travail de sape continu sur les foyers salafistes qui tentaient de s’installer le long des frontières maliennes même si Bamako avait, plusieurs fois, dénoncé le survol de ses territoires nord d’hélicoptères de l’armée algérienne. C’est son chef d’état-major à la 6ème région militaire, le général Ammar Athamnia, qui lui succède au poste de chef de région assurant ainsi une continuité dans le commandement le long de ces frontières névralgiques qui connaissent une activité de contrebande et de tentatives d’infiltrations terroristes. Autre nomination, celle du général major Mohamed Baaziz, en qualité de commandant des forces de défense aérienne en succédant au général major Achour Laoudi. Le général major Baaziz a occupé plusieurs postes au sein de l’état-major dont celui de chef du département Emploi et préparation au sein de l’EM de l’ANP. Autre nomination, celle du général Abdelghani Malti au poste prestigieux de commandant de l’académie militaire interarmes de Cherchell. Il y remplace le général major Abdelhamid Abdou, promu général major lors des festivités du 5 juillet en 2004. Le nouveau titulaire à ce poste devra mener le programme ambitieux tracé par l’état-major pour élever le niveau de formation des officiers et sous-officiers de l’ANP, déjà assez performant, en ouvrant l’académie interarmes, déjà considérée comme une des meilleures en Afrique et dans les pays arabes, à un partenariat international.

A noter également la nomination du général Mohamed Tlemçani en qualité d’adjoint au commandant de la 4ème région militaire (Ouargla), en remplacement du général Ammar Amarni, ainsi que la nomination du général Mohamed Bergham, en qualité d’adjoint au commandant de la 5ème région militaire où il va assister le général Ben Ali Ben Ali. Avec ces nominations, qui devaient intervenir en juillet prochain, le président Bouteflika modifie progressivement les responsables militaires, privilégiant la génération des jeunes colonels récemment promus généraux. En tant que ministre de la Défense, il semble vouloir donner une nouvelle impulsion à la défense en faisant monter d’un cran une génération d’officiers supérieurs qui ont le dénominateur commun d’être âgés de moins de 50 ans et d’avoir fait de grandes écoles militaires à l’étranger.

Ce mouvement s’est considérablement accéléré depuis septembre dernier et la démission de l’ancien CEM/ANP, le général Lamari dont les anciens officiers supérieurs promus sous son autorité ont pratiquement tous été remplacés.

Mounir B.