La dette algérienne sur la table du Club de Paris
REMBOURSEMENT ANTICIPE
La dette algérienne sur la table du Club de Paris
Le Quotidien d’Oran, 3 mai 2006
L’Algérie veut rembourser l’intégralité de sa dette publique auprès du Club de Paris estimée à 8 milliards de dollars, par anticipation, sur un stock de 15,6 milliards de dollars représentant la totalité de la dette extérieure.
En effet, une réunion entre l’Algérie et le Club de Paris se tiendra le 10 mai à Paris pour discuter du remboursement anticipé de la dette rééchelonnée de l’Algérie, et du dispositif à mettre en place, a indiqué mardi à l’APS le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, en marge d’une réunion économique algéro-française. L’Algérie sera représentée par son ministre des Finances à l’invitation du Club de Paris qui, selon M. Medelci, «n’a pas d’objection de principe» à la demande formulée en mars dernier par l’Algérie pour le paiement anticipé d’une dette de près de 8 milliards de dollars.
Les pays membres du Club de Paris, qui gère la dette publique, s’étaient réunis dans la capitale française le 5 avril dernier pour examiner la demande de remboursement anticipé de la dette algérienne, introduite officiellement par l’Algérie à la mi-mars 2006, a précisé le ministre des Finances. La réunion du Club de Paris d’avril dernier, a-t-il ajouté, a permis «un échange de vues durant lequel il a été noté qu’il n’y avait pas d’objection de principe à la demande formulée par l’Algérie». L’ambition de l’Algérie est que la réunion du 10 mai, «soit non seulement l’occasion de faire avancer ce dossier mais aussi de signer un accord multilatéral» avec ce club de créanciers publics. Si un accord multilatéral est signé lors de cette rencontre, «nous pourrons très rapidement signer avec chacun des pays membres du Club de Paris des accords bilatéraux», a-t-il confié à l’APS.
Dans ce cas, «l’Algérie pourra faire de l’année 2006 une année qui aura fait avancer d’une manière considérable la dynamique de désendettement qu’elle a adoptée», a-t-il ajouté. Quant à la demande faite par l’Algérie auprès du Club de Londres pour le remboursement anticipé de la dette commerciale rééchelonnée auprès des créanciers privés à hauteur de 1 milliard de dollars, le ministre a affirmé que «la Banque d’Algérie gère ce volet dans des conditions qui permettront probablement, d’ici à la fin de l’année, d’opérer le paiement anticipé». En plus de sa décision de rembourser sa dette par anticipation auprès des Clubs de Paris et de Londres, l’Algérie avait signé en mars dernier avec la Russie un protocole d’accord d’annulation de la dette algérienne estimée à 4,737 milliards de dollars pour l’achat de biens et services d’un montant équivalent de cette dette. Pour rappel, en mars dernier, le chef de Gouvernement, Ahmed Ouyahia, a, lors d’une conférence de presse, dressé l’état des lieux de l’économie nationale, notamment le bilan des réalisations de l’année 2005, ainsi que les projections de l’année en cours. Dans ce cadre, il a indiqué que les résultats sont encourageants, en soulignant, toutefois, que tant que la croissance économique reste portée par les exportations d’hydrocarbures, la prospérité actuelle reste fragile. Pour le chef de Gouvernement, il est donc nécessaire de fonder une stabilité nationale sur le développement, et ce, afin de se mettre à l’abri des éventuelles secousses de la bourse pétrolière. Dans cette optique, selon Ouyahia, l’avenir socioéconomique du pays est fondé sur trois éléments essentiels, à savoir le désendettement, l’amélioration de la situation de la population et l’établissement des bases d’un développement durable. Concernant le désendettement, le chef de Gouvernement avait précisé que l’Algérie, après avoir cessé d’emprunter depuis 2004, l’objectif actuel de l’Etat est de rembourser tous les crédits multilatéraux. Dans ce cadre, il est à souligner que 6 milliards de dollars ont été remboursés en 14 mois. Au 31 décembre 2004, le dette extérieure algérienne était de 21,4 milliards de dollars (MUSD), pour se retrouver à 16,4 MUSD, puis à 15,5 MUSD à la fin février 2006. Pour le chef de Gouvernement, l’intérêt du désendettement est principalement de donner une sécurité financière au pays et d’éviter les dépenses liées aux intérêts de la dette. Il faut savoir que l’Algérie, entre 1985 et 2005 a payé près de 118 MUSD dont 34 MUSD pour le service de la dette, en l’occurrence les intérêts.
M. Mazari