Tunisie: l’opposante Sihem Bensedrine a été libérée
Avec notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise, RFI, 20 février 2025
Sihem Bensedrine, l’ancienne présidente de l’Instance vérité et dignité en charge de la justice transitionnelle en Tunisie, a été remise en liberté à la suite d’une décision de la cour d’appel de Tunis, mercredi 19 février. Emprisonnée depuis le mois d’août dernier, elle est accusée d’avoir falsifié le rapport final de son organisation et reste soumise à une interdiction de voyager en attendant la tenue de son procès.
C’est un soulagement pour ses proches. Affaiblie mais sourire aux lèvres, Sihem Bensedrine, l’ancienne présidente de l’Instance vérité et dignité en charge de la justice transitionnelle en Tunisie aujourd’hui âgée de 74 ans, a pu enlacer les siens, dans la soirée du mercredi 19 février, à la suite de sa remise en liberté ordonnée par la cour d’appel de Tunis. « Je ne peux qu’être heureuse, personne ne veut être dans ce trou », a-t-elle déclaré à sa sortie de la prison de La Manouba, en banlieue de Tunis.
Ancienne journaliste connue pour son militantisme sous la dictature de Zine el Abidine Ben Ali, celle-ci était devenue depuis l’an dernier l’une des figures des procès dits « politiques » qui concernent actuellement plus de 70 personnes en Tunisie. Si elle se voit reprocher par la justice le fait d’avoir falsifié des parties du rapport final de l’Instance vérité et dignité en charge de la justice transitionnelle en Tunisie qu’elle a présidé, Sihem Bensedrine estime qu’elle fait plutôt l’objet d’un règlement de comptes lié aux dossiers de malversations et de corruption qu’elle a documenté pendant son mandat à la tête de la structure.
Une libération dans un contexte politique tendu
Le 14 janvier dernier, cinq mois après son arrestation, elle s’était mise en grève de la faim pour protester contre sa détention et avait dû être hospitalisée. « Je ne supporterai pas davantage l’injustice qui me frappe. La justice ne peut être fondée sur les mensonges et les calomnies, mais sur des éléments de preuve concrets et tangibles », avait-elle écrit en annonçant sa décision depuis sa prison. Face à la détérioration de son état de santé, plusieurs ONG s’étaient mobilisées pour demander sa libération, évoquant « des signes inquiétants d’épuisement » et son « placement sous assistance respiratoire ».
La libération de Sihem Bensedrine intervient dans un contexte politique tendu en Tunisie. Mardi 18 février, le Haut Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a publié un communiqué dans lequel il s’inquiète des pressions croissantes exercées par le régime contre les opposants politiques, les journalistes et les minorités, qualifiant la situation actuelle d’« alarmante ».