Sommet d’Alger: Réunion aujourd’hui des ministres arabes des AE
Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 29 octobre 2022
Les ministres arabes des Affaires étrangères se réunissent aujourd’hui et demain pour finaliser l’ensemble des documents et décisions nécessitant un consensus qui permettra aux dirigeants arabes de les approuver sans débat durant le 2ème et dernier jour de la 31ème session de leur Sommet ordinaire qui s’ouvre mardi.
D’ores et déjà, Ramtane Lamamra s’est réuni hier en fin de matinée au Centre international des conférences Abdelatif Rahal avec son homologue koweïtien, Cheikh Salam Abdallah El Jaber Essabah, le premier à être arrivé à Alger (jeudi soir), auquel il a rappelé avec un large sourire que « le Koweït a promis d’être le premier arrivé et le dernier à partir ».
Une fois tous arrivés, les MAE arabes auront demain sur la table tous les dossiers portant les problématiques et questions qui ont été abordées mercredi et jeudi par les délégués permanents et les hauts responsables représentant les Etats membres de la Ligue arabe, et vendredi par ceux du Conseil économique et social au niveau des ministres arabes du Commerce.
Premier acte de ces réunions préparatoires, la passation de leur présidence, par le délégué permanent de la Tunisie (pour avoir abrité le 30 et 31 mars 2019 la 30ème session du Sommet) à Nadir Larbaoui, représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies à New York et qui préside les délégations algériennes à l’ensemble des réunions. « Je suis heureux de renouveler ma rencontre avec la famille arabe à laquelle je suis lié par l’amitié et le travail commun », a d’emblée dit Larbaoui qui en effet connaît bien les arcanes de la Ligue arabe pour y avoir représenté l’Algérie au Caire pendant de longues années. L’ambassadeur a évoqué « les évolutions, les changements régionaux et internationaux avec l’accroissement des dangers, en premier la pandémie de la Covid-19, ses conséquences, le conflit mondial actuel, et l’état des relations internationales, ses conséquences négatives sur l’ordre mondial et les relations multidimensionnelles et leurs répercussions sur le monde arabe politiques, sécuritaires et économiques(…) ».
Des questions à la recherche d’un consensus
Le cadre est ainsi tracé et le décor planté par l’Algérie à la veille d’un sommet qu’elle veut rassembleur d’un monde arabe déchiré par les divergences, les conflits, les interférences et les compromissions.
Beaucoup de questions ont été discutées à huis clos durant deux jours, celles qui d’emblée obtiennent un consensus des participants et d’autres qui ne fâchent pas forcément mais qui risquent d’être rejetées tant elles empiètent sur les intérêts de certains Etats. Le Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe en a touché un mot à la presse mais d’une manière très diplomatique. Les observateurs retiennent que la réforme de la Ligue arabe, la sécurité nationale arabe, le dossier libyen, le conflit syrien, la crise au Yémen et d’autres comme les relations du monde arabe avec la Turquie et l’Iran, ou la Russie en ces temps de guerre avec l’Ukraine et les lourdes pressions américaines sur le monde, avec en parallèle la normalisation avec l’entité sioniste, portent en eux les ingrédients qui en évidence rendent difficile l’obtention d’un consensus arabe sans titiller les uns ou les autres des Etats membres de la Ligue arabe.
Hier, ce sont les ministres arabes du Commerce au titre du Conseil économique et social, qui se sont enfermés pour examiner d’importantes problématiques dont la portée vise à globaliser les économies des Etats membres, en vue de les renforcer face à la crise économique mondiale, de leur trouver des complémentarités rentables pour leur permettre de régler la crise alimentaire sans trop recourir aux importations auprès du monde occidental, la crise de l’eau au centre de laquelle Israël occupe un point névralgique en accaparant depuis toujours les eaux du Jourdain et toutes celles du Moyen-Orient. Les délégués permanents ont mis en outre sur la table le lourd dossier de l’exploitation des eaux du barrage de la Renaissance qui minent les relations entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. «Les sujets qu’on va examiner englobent de nombreuses priorités pour le monde arabe(…) dans cette phase précise que vit notre région et le monde en général », a déclaré le SG de la Ligue arabe Ahmed Abou El Gheit à l’ouverture des travaux. Il a précisé que «la Ligue arabe a élaboré une feuille de route sur la sécurité alimentaire à la demande du Koweït(…)».
Le ministre du Commerce algérien a fait état de 24 recommandations retenues hier dans la réunion de préparation du Conseil économique et social. L’on en retient sans hésiter l’importance de la révision du fonctionnement de la Zone de libre-échange arabe (Zale) qui, depuis sa création, bute contre de multiples contraintes puisque les transactions arabes à travers ses circuits restent minimes au regard des potentialités des Etats membres. L’Algérie demande en outre la création d’un organisme arabe douanier commun.
Arrivée des MAE arabes à Alger
Le ministre algérien a affirmé hier qu’ « aucun pays n’applique de liste négative (produits interdits à l’exportation) », mais a reconnu que «certains pays gardent en vigueur des mesures douanières qui constituent des obstacles au libre-échange dans cette zone». Le chômage, l’inflation, la démographie, la faiblesse de l’investissement agricole, la sécheresse sont des points évoqués aussi par Abou El Gheit.
La question énergétique pèsera de tout son poids sur le dossier économique du Sommet quand on sait que des Etats membres de la Ligue arabe sont grands producteurs d’hydrocarbures et trônent sur les décisions de l’OPEP qui, à elles seules, peuvent bouleverser le marché mondial. Pour preuve, celle prise récemment par l’OPEP+ de diminuer les quantités produites de plus de deux millions de barils/jour…
Aujourd’hui samedi, c’est le MAE tunisien Othman El Djarnidi qui ouvrira la séance pour en remettre la présidence à Lamamra. Les MAE arabes se réuniront ensemble à huis clos pour mettre au point l’ensemble des dossiers et projets de décisions devant être approuvés par les dirigeants arabes qui commenceront à arriver à Alger à partir de la matinée du mardi 1er novembre. Les dirigeants arabes prendront une photo ensemble pour marquer l’événement.
La séance d’ouverture du Sommet des chefs d’Etat débutera le même jour (mardi) à 18h pour s’achever à 19h. C’est le président de la Tunisie Kaïs Saïed qui prendra la parole le premier pour en remettre la présidence à l’Algérie. Le président Abdelmadjid Tebboune prononcera donc tout de suite après un discours de bienvenue aux hôtes d’Alger. S’ensuivra celui du SG de la Ligue arabe, Ahmed Abou El Gheit, et « une prise de parole concise des observateurs et des invités ».
C’est le lendemain, mercredi, que les dirigeants arabes se « concerteront » au CIC à huis clos pendant une heure et demie. Leur première séance de travail débutera à 11h45 et prendra fin à 14h après qu’ils aient pris la parole par ordre de leur demande d’intervention. Dès la fin de leurs discours, ils entameront leur deuxième séance de travail pour discuter du projet de l’ordre du jour du Sommet en vue de l’approuver avant de le faire pour les projets des décisions retenues par les MAE.
La séance de clôture du Sommet se fera le même jour (mercredi) en plénière avec un discours du président Tebboune après l’annonce du nom du pays qui en abritera la 32ème session.