Le colonel Allal Taifour charge Abdelghani Hamel
Il fait de graves révélations sur l’ancien chef de la DGSN
Salima Tlemcani, El Watan, 11 août 2020
Mis en cause par l’ex-DGSN, Abdelghani Hamel, l’ancien chef d’état-major du commandement de la gendarmerie pour la 2e Région militaire, le colonel à la retraite Allal Taifour, brise le silence et fait de graves révélations. Preuves à l’appui, il accuse Abdelghani Hamel d’avoir entretenu des liens avec les narcotrafiquants. Ces révélations ont fait l’objet, dit-il, de rapports transmis à la hiérarchie.
Accusé par l’ex-Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, de faire partie du cartel de la drogue d’Oran, que dirigeait le baron Ahmed Zendjabil, l’ancien chef d’état-major du commandement régional de la Gendarmerie nationale pour la 2e Région militaire, le colonel à la retraite, Allal Tifour, sort de sa réserve et fait de lourdes révélations.
Hamel avait évoqué, il y a une semaine, lors de son procès en appel devant la cour d’Alger : «J’étais régional de la gendarmerie à Oran et j’avais comme adjoint et chef de l’état-major, Tifour, alors que Allel était commandant de groupement de Tlemcen, et Ghali Belkecir chef de compagnie à Maghnia.
Ils travaillaient tous avec l’ex-chef de la 2e Région militaire, Kamel Abderrahmane. J’avais fait un rapport accablant sur les liens entre ces derniers et le baron de la drogue Ahmed Zendjabil, que j’ai transmis à l’époque au défunt général Bousteila, qui était à la tête de la Gendarmerie nationale, lequel l’a remis au président de la République.
Juste après, il ne restait à la 2e Région que moi et le lieutenant-colonel Abdelaziz, du DRS (Département de renseignement et de sécurité) qui avait enquêté aussi. Ils ont tous été enlevés de leurs postes, y compris Kamel Abderrahmane. Mais tout a été effacé par la suite et Belkecir m’en a toujours voulu.»
Le colonel Tifour commence par nier toute implication dans l’affaire Zendjabil en disant que celle-ci «a déjà connu son issue en 2001 par devant les tribunaux, suite à la plainte déposée par le ministère de la Défense nationale et a vu la condamnation de l’ensemble des délateurs et autres agents calomniateurs chargés de colporter ces mêmes informations sur instigation du prévenu Hamel et ses pairs, car impliqués eux-mêmes dans des affaires de trafic de stupéfiants», avant de lancer de graves accusations de trafic de drogue et de liens avec les narcotrafiquants contre l’ex-patron de la police.
Il revient sur le bungalow, situé à Oran et qui «a été acquis» par Hamel, «le premier mois de son arrivée, en juillet 2000».
Et d’ajouter : «Il m’a fait part de cette acquisition en me précisant qu’il a déjà informé le général-major Kamel Abderrahmane, commandant de la 2e Région militaire ainsi que le général-major Bousteila Ahmed, commandant de la Gendarmerie nationale, de crainte que l’information puisse me parvenir par d’autres créneaux et que cela éveillerait en moi des doutes sur l’origine des fonds.
Après sa démolition, une somptueuse villa a été érigée en lieu et place et entièrement financée par un magnat de la drogue, repris de justice notoirement connu sur la place d’Oran et de Maghnia et qui faisait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt. Il était régulièrement reçu au domicile et au bureau du prévenu Hamel Abdelghani (…) Ce qui est certain, c’est que la famille du prévenu Hamel n’y a jamais mis les pieds jusqu’à ce qu’il l’ait vendue.»
Le colonel à la retraite Tifour cite par la suite deux affaires de drogue, pour argumenter ses accusations, dans l’Oranie et dans lesquelles il fait état de liens entre Abdelghani Hamel et les trafiquants avant de préciser que ces affaires «ont fait l’objet d’un rapport transmis par mes soins au général-major Bousteila, qu’il a classé sans suite.
Par la suite, j’ai remis une copie de ce rapport en 2002 au général-major Kamel Abderrahmane». Pour l’auteur de la lettre, «trouver aujourd’hui des alibis et autres échappatoires pour fuir la justice ne lui servira à rien, les faits sont là. Il doit justifier la source et la provenance de cette immense fortune mal acquise.
Personne n’est dupe. Même l’inventaire établi par les services de sécurité et malgré leur professionnalisme et leur sérieux est en deçà de la réalité». Visiblement, l’ex-patron de la police a ouvert de nouveaux fronts contre lui, puisque le colonel Tifour, mais aussi le général-major Kamel Abderrahmane, ex-commandant de la 2e Région militaire (dont la déclaration paraîtra incessamment) qu’il a impliqués dans ses déclarations devant la justice, lui renvoient les accusations.