Décryptage du message de Mouloud Hamrouche
Boubekeur Ait Benali, 26 mars 2014
« Le système, qui a atteint ses limites et ne peut plus se renouveler, ne peut plus gouverner dans la cohérence et la cohésion », extrait de l’interview de Mouloud HAMROUCHE au journal El Watan.
Cette sentence de l’enfant « qui a contribué à construire ce système » renseigne, si besoin se fait sentir, sur la décadence du régime. Bien que ce dernier se maintienne encore par la force, cette logique finira par provoquer un jour sa chute. Hélas, cela ne se fera pas sans conséquences. D’ailleurs, c’est probablement pour éviter les risques d’un changement brutal que Mouloud HAMROUCHE tire la sonnette d’alarme. « Je voulais signaler que le problème ne réside pas dans des querelles, mais dans l’obsolescence du système politique. Un système à bout qui ne peut plus choisir et décider. Il a atteint ses limites et peut s’effondrer à tout moment. Les conditions objectives pour cela sont réunies », explique le chef de file des réformateurs entre 1989 et 1991.
Par ailleurs, ne focalisant pas son intervention sur le scrutin du 17 avril prochain, Mouloud HAMROUCHE regrette le choix de Bouteflika de se représenter, et ce, malgré une santé chancelante. D’après lui, même s’il est élu le 17 avril, il sera absent aux rendez-vous importants, notamment sur le plan géopolitique. Ainsi, contrairement aux précédentes sorties médiatiques, cette fois-ci, son message est clair. Bien qu’on ait du mal à comprendre sa façon exclusive de s’adresser à l’armée (c’est la raison pour laquelle ceux qui pensent construire une dynamique avec le peuple ne peuvent pas le suivre), dans son interview à El Watan, il justifie –ce qui n’est pas faux –que « la majorité de la population a été forcée de déserter le champ politique. »
Or, un changement qui se fait sans le peuple algérien conduira, au mieux, à atténuer les effets de la crise et, au pire, à maintenir un statu quo dévastateur pour le pays. Incontestablement, dans les deux cas, le peuple ne contrôlera absolument rien. A l’inverse, la construction d’une dynamique citoyenne ne peut être que porteuse d’espoir. Bien que Mouloud HAMROUCHE jouisse encore d’un capital de confiance, ça serait vraiment une erreur de demander au peuple pour qu’il suive un homme. Partout dans les pays civilisés, le projet se construit à partir de la base. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, en Algérie, toutes les décisions viennent d’en haut.
Cependant, pour épargner à notre pays des épreuves encore difficiles, le mieux serait de concrétiser au plus vite le changement. Comme l’admet Mouloud HAMROUCHE, « le pays a besoin de réponses maintenant. » Car, si les Algériens n’interviennent pas rapidement pour prendre leur destin en main, l’Algérie, sous le chantage des décideurs, ira à-vau-l’eau. Pour éviter au pays ce scénario catastrophique, il faudra réunir toutes les bonnes volontés, « toutes les idées et aucune contribution n’est moralement récusable », suggère Mouloud HAMROUCHE. En gros, il faut que le rassemblement n’exclue personne. En fait, l’erreur à ne pas faire, selon mon humble avis, c’est d’exclure des patriotes au nom du patriotisme.
Pour conclure, il va de soi que les partisans du changement vont avoir du pain sur la planche. Car, en mobilisant toutes les richesses du pays en vue de se pérenniser, le changement ne sera pas une simple affaire. Pour ne rien céder, les profiteurs du système vont se battre avec acharnement pour garder leurs privilèges. Pour imaginer où ils peuvent y aller, il suffit de décortiquer les déclarations des partisans de Bouteflika. « Que dieu maudisse ceux qu’ils ne nous aiment pas », « Chaouia hacha rezk rebbi », « c’est dieu qui a confié le pouvoir à Bouteflika », sont quelques déclarations de ceux qui veulent s’accrocher indéfiniment au pouvoir. Pour toutes ces raisons, la seule solution réside dans la mobilisation des Algériens pour exiger le départ de ces dirigeants et assurer un avenir radieux à notre pays.
Ait Benali Boubekeur