Commémoration de l’assassinat d’Ali Mecili
(Ile de France)
Souvenez-vous du 7 avril 1987. Ali Mécili, l’une des principales figures de l’opposition démocratique au pouvoir d’Alger, a été abattu par balles en plein Paris. Arrêté par la police française, à peine deux mois plus tard, l’assassin a été expulsé vers l’Algérie. En le renvoyant à ses commanditaires, l’Etat français s’est rendu complice de cet assassinat politique. Depuis, deux raisons d’Etat, l’une algérienne et l’autre française, ont conjugué leurs moyens pour sceller une chape de plomb sur l’« affaire Mécili ». Vingt et une années plus tard, ni vérité ni justice ne lui ont été rendues.
Le FFS Ile de France informe tous ceux qui partagent les valeurs de justice sociale, de démocratie et des droits de l’Homme, défendues par Ali jusqu’à son dernier souffle, qu’une cérémonie de recueillement est prévue ce dimanche 6 avril 2008 à 14h30 au cimetière du Père-Lachaise. Rendez-vous à 14h devant l’entrée principale.
Pour le FFS Ile de France
Malek Bouketouche
Déclaration du FFS Ile de France
(Paris le 31 mars 2008)
« Affaire MECILI » Un crime d’Etat
Souvenez-vous, le 7 avril 1987, la France a été le théâtre d’un crime d’Etat commandité
par le haut commandement militaire, détenteur de la réalité du pouvoir en Algérie.
L’une des principales figures de l’opposition démocratique algérienne, le dirigeant du Front des Forces Socialistes1 Ali Mécili, a été abattu en plein Paris. Disposant de renseignements,
la police française a procédé, à peine deux mois plus tard, à l’arrestation du tueur Abdelmalek Amellou. Bras armé de cette exécution sommaire, ce dernier était encore
en possession d’un ordre de mission de la sécurité militaire algérienne2 signé du capitaine Hassani.
Or, contre toute attente, les autorités françaises l’ont expulsé en catimini vers l’Algérie,
en vertu d’une procédure administrative dite « d’urgence absolue », à la demande du ministère de l’Intérieur de l’époque dirigé alors par Charles Pasqua et Robert Pandraud. Par cette décision, lourde de sens, l’Etat français s’est rendu complice de cet assassinat. Vingt et une années plus tard, deux raisons d’Etat, l’une algérienne et l’autre française, continuent de conjuguer leurs moyens pour étouffer la désormais « affaire Mécili ». Les deux mandats d’arrêt internationaux3 récemment délivrés par le juge Baudoin Thouvenot, contre l’avis du parquet de Paris, ont redonné, certes, un peu de baume au coeur à tous ceux qui inlassablement revendiquent « vérité et justice pour MECILI ». Toutefois, le volontarisme de ce juge n’éloigne malheureusement pas le spectre de la double raison d’état qui scelle la chape de plomb sur cette affaire très. gênante.
Une mise en garde aux opposants algériens
Cette exécution sommaire se voulait un signal fort en direction de l’ensemble des opposants au régime militaire d’Alger. Le choix de la cible n’était, bien entendu, pas fortuit. Le FFS évoluait comme un poisson dans l’eau au sein de la très importante communauté algérienne de France. Face à la terrible répression orchestrée par la SM2, qui s’est abattue sur les militants du FFS en Algérie, c’est tout naturellement en son sein que le FFS clandestin a pu garantir sa survie. L’Emigration algérienne s’est avérée être un important vivier de militants et de cadres politiques pour le FFS et au-delà, pour l’ensemble de l’opposition démocratique au pouvoir militaire d’Alger. Ali Mécili savait l’importance stratégique d’une telle base arrière au moment où le pays vivait un véritable état d’exception. Sa priorité a été d’ouvrer à la structuration d’une organisation politique opérationnelle. C’est pourquoi, il s’est investi avec une rare abnégation dans l’élargissement de la base sociale du parti. L’objectif étant de doter le FFS de moyens organique et politique afin qu’il assume son rôle d’avant-garde dans les luttes pour les libertés démocratiques en Algérie. (Edition du journal Libre Algérie, organisation de séminaires de formation, élaboration de textes politiques, économiques et sociaux, l’avant-projet de plateforme de 1979.).
L’autre question essentielle qu’Ali n’a jamais perdu de vue, était la problématique de l’édification d’un pôle d’opposition démocratique autonome. Son action a d’ailleurs été déterminante dans l’ouverture de pourparlers entre les différents segments de l’opposition algérienne de l’époque. Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, notamment, y étaient parties prenantes. Ali a été le véritable chef d’orchestre d’une construction politique qui s’est concrétisée à Londres, en décembre 1985, par la signature d’une plateforme politique commune. Plus connue sous le nom des « accords de Londres », cette démarche unitaire de l’opposition algérienne avait ébranlé, sur le double plan national et international, le régime d’Alger. Les tenants du système l’ont jugée impardonnable et ont ordonné la liquidation physique de l’artisan de ces accords politiques.
Assassinats politiques
Aujourd’hui, la haute hiérarchie militaire algérienne s’entête et refuse de tirer les enseignements de sa gestion du pays. Plus de deux décennies après les liquidations de KHIDER, KRIM, MECILI, plus tard de BOUDIAF, MAHIOU et de tant d’autres militants politiques algériens, la situation politique, économique et sociale du pays se dégrade toujours plus. Malgré l’embellie financière due à l’augmentation du prix des hydrocarbures qui décuple nos réserves de change, des franges importantes d’algériennes et d’algériens sombrent dans la pauvreté. L’insécurité chronique achève de briser les rêves d’une jeunesse acculée à des gestes de désespoir : suicides, « boat people » -harragas, embrigadement par les idéologies du pire (terrorisme islamiste, terrorisme d’état,…).
Ces assassinats politiques ne visaient, en définitive, qu’à assurer la survie du système, de ses pratiques et de ses hommes. Ils s’inscrivaient dans un processus qui relève de la théorie du chaos. Et, peu importe que l’avenir se ferme pour des générations d’Algériennes et d’Algériens, d’aujourd’hui et de demain.
Quinze ans après son instauration en février 1993, l’« état d’urgence » perdure en Algérie. L’extinction de la vie politique ouvre la voie à toutes les dérives. Pendant que le pouvoir politique demeure aux mains de la même haute hiérarchie militaire. Cette dernière d’ailleurs, ne semble pas réaliser, qu’à court ou à moyen terme, un effet boomerang sera inéluctable.
Dans ce contexte d’exception, l’opposition démocratique doit, à l’instar de feu Ali Mécili, se convaincre de l’importance stratégique de l’Emigration dans la construction d’un vrai rapport politique en faveur d’une démocratisation de la société et des institutions de l’Etat.
1/ FFS ; 2/ La SM – sécurité militaire algérienne – a changé de dénomination pour devenir le DRS- département du renseignement et de la sécurité ; 3/ Délivrés le 7 décembre 2007, ils visent Abdelmalek Amellou et le capitaine de la sécurité militaire algérienne, Mohamed Ziane Hassani , en poste au consulat d’Algérie à Bonn.
A l’occasion de la vingt et unième commémoration
de l’assassinat de notre camarade, Ali MECILI, le FFS Ile de France informe
qu’un recueillement est prévu ce dimanche 6 avril 2008.
Rendez-vous à 14h, au cimetière du Père-Lachaise
devant l’entrée principale.
(métro Père-Lachaise).
Le dépôt de gerbe se fera à 14h30 précises.