Interdiction d’une conférence sur les droits de l’homme

Interdiction d’une conférence sur les droits de l’homme

El Watan, 11 décembre 2013

Le rectorat de l’université Constantine 3 a annulé, hier, une conférence qui devait être animée par la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH).
En effet, le président de la Ligue, maître Boudjemaâ Ghechir, devait donner une conférence sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, à l’occasion de l’anniversaire de cette dernière qui correspond au 10 décembre, devant les étudiants de la faculté des sciences politiques. Mais au dernier moment, la rencontre a été annulée par le recteur. Face à la stupéfaction des organisateurs de la conférence et du conférencier, le rectorat n’a même pas daigné fournir le motif de l’annulation. Pourtant, la conférence était annoncée depuis des semaines et s’inscrit dans le cadre d’un programme initié par le ministère de l’Enseignement supérieur, dans lequel la LADH est partenaire. «Je suis étonné par une décision pareille que je condamne», nous a déclaré, indigné, Me Boudjemaâ Ghechir.
«En quoi cela gêne que des étudiants et leurs enseignants discutent de la Déclaration universelle des droits de l’homme ?», s’est-il interrogé. Et d’ajouter : «Cette interdiction s’inscrit en porte-à-faux avec le programme de recherche et l’accord d’association entre l’université et la LADH. Pour moi, c’est une décision arbitraire qui va à l’encontre de la démarche qui vise le développement du niveau des étudiants et des enseignants ainsi qu’à l’encontre des libertés académiques.» L’université Constantine 3, nouveau-né dans le cercle des établissements d’enseignement supérieur, inaugure ainsi son parcours avec une décision indigne et honteuse, aux antipodes des valeurs universelles sur lesquelles se fondent les institutions du savoir.
Nouri Nesrouche