Comment l’Algérie a restreint l’accès des Syriens à son territoire

Comment l’Algérie a restreint l’accès des Syriens à son territoire

Hadjer Guenanfa, TSA, 5 septembre 2015

Depuis quelques jours, les pays arabes sont au centre des critiques. Alors que plusieurs pays européens, notamment l’Allemagne et l’Autriche, se sont mobilisés en faveur des réfugiés syriens, les pays arabes continuent de fermer leurs portes à ces centaines de milliers de personnes fuyant les persécutions du régime et des terroristes de Daech.

Procédure d’autorisation préalable

L’Algérie figure parmi les pays qui ont pris de mesures pour limiter très fortement l’arrivée de Syriens sur son territoire. Le 1er janvier 2015, l’État algérien a instauré le visa pour les Syriens. La mesure a été renforcée cet été avec l’arrivée massive de réfugiés fuyant la Syrie.

Depuis près de trois mois, les ambassadeurs d’Algérie ont été destinataires d’une instruction : aucune ambassade ne peut accorder de visa sans obtenir l’accord de la tutelle, le ministère des Affaires étrangères, qui doit, à son tour, doit avoir l’aval des forces de sécurité.

« La délivrance de visa aux Syriens est soumise à une procédure d’autorisation préalable de la part de l’administration centrale », confirme une source diplomatique algérienne sous couvert d’anonymat.

Cette procédure est utilisée pour les pays dont les ressortissants sont considérés comme à haut risque terroriste. Mais pourquoi l’Algérie l’utilise-t-elle contre les Syriens alors même que des pays européens accueillent des dizaines de milliers de réfugiés sans aucune vérification préalable ?

Avant l’instauration de cette mesure, quelques milliers de Syriens ont pu rejoindre l’Algérie depuis 2012. Sur son site internet, le Haut-commissariat pour les réfugiés parle de 3 000 réfugiés Syriens en Algérie. Mais ils seraient beaucoup plus nombreux, selon d’autres sources. Ce qui expliquerait peut être la décision du gouvernement algérien d’instaurer le visa pour les Syriens.

Des réfugiés sans statut

Seuls les services de sécurité connaissent le nombre exact des réfugiés syriens en Algérie. Mais le chiffre n’a jamais été rendu public « Il faut savoir qu’ils ne sont pas nombreux à solliciter le HCR. Beaucoup ont été accueillis par des parents qui étaient déjà installés ou avaient des liens avec l’Algérie vu les échanges commerciaux entre les deux pays », affirme une source au fait du dossier.

« Ceux qui ont sollicité le HCR ont seulement un « certificat de demandeur d’asile (qui n’est pas reconnu officiellement) car le gouvernement a estimé qu’ils n’avaient pas besoin d’une carte de réfugiés. Les Syriens circulent librement en Algérie. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays arabes où ils sont contraints de rester dans les camps », selon cette source.

« En fait, nous avons ratifié la convention de Genève relative au statut de réfugié. Mais dans la loi algérienne, il n’y a toujours pas de statut pour les réfugiés. Cela veut dire qu’un demandeur (d’asile, NDLR) ne connaît pas les critères de décision. La LADDH, le revendique depuis au moins une décennie », explique Nourredine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH).