Benzerrouki Fafa élue présidente du CNDH

Droits de l’Homme

Benzerrouki Fafa élue présidente du CNDH

Liberté, 9 mars 2017

Benzerrouki Fafa Sid Lakhdar a été élue jeudi à Alger présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) institué en application des dispositions de la Constitution amendée de février 2016.
Elle a été élue à l’unanimité à l’issue de la cérémonie d’installation des membres de cette institution, au nombre de 38, par le premier président de la Cour suprême, Boudi Slimane.
La prochaine réunion du Conseil sera consacrée à l’élection des présidents des six commissions permanentes de cette institution.

La présidente du CNDH a débuté sa carrière dans le secteur de la justice en octobre 1975 en qualité de juge près le tribunal de Ain Temouchent. En juin 1976 elle a été désignée présidente du tribunal d’Alger (première femme à occuper ce poste), en 1996 elle a été désignée au sein de la chambre administrative de la Cour suprême, puis présidente de section au Conseil d’Etat en juin 1998. Le 25 mars 2010 elle a été désignée présidente du premier tribunal administratif en Algérie, pour être élue en 2014 membre du tribunal administratif de la Ligue des Etats Arabes.

Rédaction Numérique de « Liberté »


Composante du Conseil national des droits de l’Homme

Des profils et des questionnements

Liberté, 2 mars 2017

La composante du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), qui remplace la Commission nationale consultative de protection et promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), présidée par Me Farouk Ksentini, est désormais connue après la publication du décret présidentiel y afférent au Journal officiel. 37 membres en tout, dont 4 sont désignés par le président de la République, siègeront au sein de cette nouvelle instance qui surprend par l’absence de figures réellement connues pour leur engagement dans le domaine des droits de l’Homme. Le nouveau conseil ressemble à s’y méprendre à une institution étatique tant sa composante, visiblement triée sur le volet, livre un profil qui contraste presque avec la cause des droits de l’Homme qui constitue la raison d’être même d’une telle instance. L’on se pose, en effet, la question sur les critères et les paramètres pris en considération dans le choix de ces membres puisque le résultat est, le moins que l’on puisse dire, surprenant.
Beaucoup parmi les membres désignés sont d’illustres anonymes qui n’ont jamais émargé dans un quelconque combat ou lutte pour la défense des droits de l’Homme. La présence de certains représentants des fameuses “organisations de masse” constitue presque un pied de nez à la cause des droits de l’Homme et au sacrifice de tous ceux qui, des décennies durant, se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour le respect par le pouvoir politique des droits humains les plus élémentaires. Leur présence dans ce conseil ne fait, en tout cas, qu’entamer la crédibilité de cette instance censée être à l’avant-garde de la lutte en faveur des droits de l’Homme.
Le pire est que certains d’entre eux sont faussement présentés comme étant issus d’organisations des droits de l’Homme.
Une référence qui prête presque à rire car absolument aucun des membres désignés à ce titre ne s’est distingué, à un moment ou à un autre de sa vie, par une prise de position claire et sans équivoque dans le domaine des droits de l’Homme. Et lorsqu’on découvre que la présidente de l’Union nationale des femmes algériennes, Nouria Hafsi, a été nommée membre du CNDH au titre des associations des droits de l’Homme, l’on ne peut que se demander si l’UNFA, organisation de masse par excellence, s’est muée en organisation de défense des droits de l’Homme ou considérée en tant que telle par les pouvoirs publics. Par ailleurs, il est à noter que le président de la désormais défunte CNCPPDH, Me Farouk Ksentini, ne fait pas partie de la composante du CNDH. Me Ksentini, que nous avons joint hier, assure avoir demandé au président de la République de le décharger et de le libérer de toute charge officielle après 16 années passées à la tête de l’instance présidentielle des droits de l’Homme. “Le temps était venu de passer le relais. J’en avais parlé à Monsieur le président de la République qui a eu la gentillesse de répondre positivement à ma demande”, nous a-t-il confié, estimant, à ce sujet, qu’il était temps “de voir de nouvelles figures émerger pour impulser un nouveau souffle à ce créneau délicat et difficile, mais qu’il faut défendre coûte que coûte”. Invité à émettre un commentaire à propos de son long passage à la tête de la Commission présidentielle des droits de l’Homme, Me Ksentini admet que son instance, autant elle a contribué à mener à bon port beaucoup de dossiers liés aux droits de l’Homme, autant elle n’a pas pu réaliser tous ses objectifs. “C’est un passage qui a été assez difficile au départ avec l’affaire des disparus. Je ne voudrais pas être excessif ni dans le sens de l’optimisme ni dans le pessimisme. Le citoyen algérien a droit à une justice de qualité, comme il a droit à une médecine de qualité, une école de qualité et, également, une alimentation de qualité. Honnêtement et sans être méchant pour qui que ce soit, on est encore loin du compte”, regrette-t-il.

Hamid Saïdani