Bouteflika s’engage à satisfaire les revendications des gardes communaux

Bouteflika s’engage à satisfaire les revendications des gardes communaux

Les “résistants” ont eu gain de cause

Par : Farid Abdeladim, Liberté, 7 avril 2011

“Nous avons gagné”, ont annoncé les représentants des gardes communaux, à leur retour d’un round de négociations. Comme à l’issue d’une bataille gagnée au maquis, ce fut le moment des accolades et des cris de joie.

L’épilogue, enfin ! Après près d’une semaine de “campement”, de jour comme de nuit, à la place des Martyrs, les gardes communaux ont fini par avoir gain de cause. À la bonne heure ! La prise en charge de leurs revendications vient d’être décidée par le président de la République, ont fait savoir dans l’après-midi d’hier, les délégués des protestataires à leur sortie du dernier round de négociations, tenu, cette fois-ci, avec le DGSN, M. Hamel. Ce dernier a invité les représentants des gardes communaux en sit-in depuis samedi dernier à la place des Martyrs à une entrevue. En effet, ils étaient huit délégués à être “embarqués’’ hier vers 12h, dans une voiture de police, pour aller rencontrer le DGSN. À cet instant précis, les concernés, et encore moins leurs collègues restés à la place des Martyrs, ne savaient pas encore pour quel motif les policiers étaient venus les chercher. Il a fallu attendre jusqu’aux alentours de 18h pour voir enfin le véhicule bleu qui les a emmenés revenir et les redéposer. Aussitôt, ils rejoignirent le kiosque à musique de la placette pour annoncer au mégaphone : “Nous avons gagné ! Le raïs s’engage en personne à prendre en charge nos revendications.” Et les ovations fusent alors de partout. Comme à l’issue d’une bataille gagnée au maquis, les accolades et les cris de joie ne se sont pas fait attendre. Une fois le calme revenu, les délégués ont poursuivi leur discours, non sans féliciter le “raïs” d’avoir déjugé ainsi son ministre de l’Intérieur qui ne voulait rien concéder aux protestataires. Mieux, il les avait menacés de radiation.
Ce qui n’avait fait qu’attiser le feu de la protestation. Qu’est-ce qu’a gagné en fin de compte M. Daho Ould Kablia, si ce n’est son propre désaveu, dit un garde communal. Avant l’accord trouvé entre le DGSN et les délégués des protestataires, la situation était très tendue dans la matinée d’hier. “H’na imout Kaci” (ici meurt Kaci) ! était l’adage populaire pris comme mot d’ordre par les gardes communaux qui ne comptaient guère quitter la place des Martyrs avant la satisfaction de toutes leurs revendications. En effet, ni les menaces de la tutelle ni les provocations “occultes” ne semblaient avoir eu raison de la détermination des protestataires faisant de cette placette du centre d’Alger, sise à quelques encablures de la DGSN, leur quartier général depuis déjà près d’une semaine. L’on songeait même à ramener des tentes pour y camper aussi longtemps que durera la réponse des autorités à leur requête. “Oui ! Nous sommes prêts à ramener des tentes et les installer ici et y habiter jusqu’à l’aboutissement de notre combat. Nous sommes prêts à y rester autant qu’ils veulent, un mois, deux mois, une année…”, a vociféré H. C. qui s’est détaché de la haie formée par des dizaines de ses collègues hissant l’emblème national et des banderoles, manière de répondre par la discipline au dispositif musclé de sécurité dépêché sur les lieux. Dans la soirée de mardi, les protestataires, très vigilants, ont même réussi à déjouer une attaque opérée par des jeunes “inconnus” dans l’objectif de “perturber (leur) mouvement”. L’incident, raconte-t-on, survenu aux environs de minuit, dans la nuit du mardi à mercredi, a fait une dizaine de blessés parmi les gardes communaux. “N’eurent été notre vigilance et la maîtrise de nos nerfs, la situation aurait été catastrophique. Nous avons été attaqués par des jets de pierres et de gros pétards par un groupe de jeunes. Ça a failli dégénérer. Mais nous avons aussitôt compris que c’était de la provocation visant la perturbation de notre mouvement. Étant habitués à des attaques plus violentes au maquis, nous n’avons pas éprouvé de grandes difficultés à déjouer ce… chahut de gamins. Heureusement pour nous et pour ces jeunes inconscients”, nous a confié l’un des coordinateurs protestataires, chargé de recueillir toute information se rapportant à leur action. Ce n’était pas fini pour autant car la matinée d’hier n’était pas moins agitée. Une fois le cérémonial de la levée des couleurs accompli, les “soldats” de la place des Martyrs auront affaire, cette fois-ci, à un renfort de casques bleus venus récupérer les haies métalliques encerclant depuis samedi les protestataires. Mais là aussi, les gardes communaux ont pu résister… eux, qui ont résisté à toute une décennie noire !

Farid Abdeladim