Résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental

Résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental (texte intégral)

par R.I., Le Jeune Indépendant, 29 avril 2006

Le Conseil de sécurité, Rappelant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental, dont les résolutions 1495 (2003) du 31 juillet 2003, 1541 (2004) du 29 avril 2004 et 1598 (2005) du 28 avril 2005,

Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la charte des Nations unies, et notant le rôle et les responsabilités dévolues aux parties à cet égard,

Demandant à nouveau aux parties et aux Etats de la région de continuer à coopérer pleinement avec l’Organisation des Nations unies pour mettre fin à l’impasse actuelle et progresser vers une solution politique,

Ayant examiné le rapport du secrétaire général en date du 19 avril 2006 (S/2006/249),

1. Réaffirme que les accords militaires de cessez-le-feu conclus avec la MINURSO doivent être pleinement respectés.

2. Engage les Etats membres à envisager de verser des contributions pour financer des mesures de confiance qui permettent de multiplier les contacts entre les membres séparés d’une même famille, en particulier les visites de regroupement familial.

3. Prie le secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental avant la fin du mandat de la MINURSO.

4. Décide de proroger le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 31 octobre 2006.

5. Décide de rester saisi de la question».

 


La légalité supplante la «realpolitik»

par Mohamed Zaâf, Le Jeune Indépendant, 29 avril 2006

Dans sa résolution sur le conflit du Sahara occidental, le Conseil de sécurité a tranché en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, ce qui, du coup, désavoue les suggestions avancées au nom de la «realpolitik» pour des négociations entre le Maroc et le Polisario avec une participation de l’Algérie et de la Mauritanie.

S’appuyant sur toutes les résolutions adoptées sur le Sahara occidental, le Conseil de sécurité se prononce pour «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui dans le cadre d’arrangements conforme aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies».

Si la résolution parle de la fameuse «solution mutuellement acceptable», chère à Paris, elle précise clairement que cette solution doit inclure l’autodétermination, principe que rejette désormais le Maroc après l’avoir solennellement accepté.

La résolution indique aussi que les arrangements dans ce sens entre les deux belligérants se doivent d’être «conformes aux buts et aux principes énoncés dans la Charte des Nations unies». Telle que libellée, la résolution aura évité à la région de replonger dans la guerre.

Car, la «realpolitik» soufflée à Annan et qui, en langage clair, signifie le droit de la force plutôt que la force du droit, aurait mené imparablement à la reprise des hostilités puisqu’elle faisait pratiquement table rase de l’ensemble des accords et plans, tous basés, y compris le cessez-le-feu, sur le principe de l’autodétermination.

Faire entériner au Conseil de sécurité une telle «realpolitik» aurait permis au Polisario de reprendre en toute légitimité la négociation du baroud. Si elle ne solutionne pas le problème tout de suite, la résolution de vendredi dernier a cependant l’avantage de mettre au clair une question importante : la solution ne se fera pas au détriment du principe de l’autodétermination et des principes énoncés dans la Charte des Nations unies.

Le Maroc est mis devant un choix : se préparer à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, territoire sur lequel aucun pays ne lui reconnaît un atome de souveraineté, ou bien continuer dans sa fuite en avant et se préparer à la guerre.

Les signes d’impatience chez les Sahraouis, particulièrement les jeunes, se multiplient, et apparemment les blocages ne pourront être supportés encore longtemps. Le conflit dure depuis plus de trois décennies, les populations sahraouies perdent de plus en plus confiance en l’ONU et nombreux sont convaincus que la solution est au bout du fusil, même si jusqu’ici ils respectent le cessez-le-feu passé en 1991 avec le Maroc.

Un cessez-le-feu qui traîne en longueur et qui a fini par conférer au conflit une autre forme de lutte d’une autre dimension : la lutte pacifique à travers une Intifada dans les territoires occupés et, parfois, en terre marocaine, qui bouclera le 21 mai prochain sa première année.

Le conseil folklorique de type colonial mis en place par le roi Mohamed VI à l’occasion de son «passage» à El-Ayoun, capitale du Sahara occidental, ne pourra masquer cette réalité. M. Z.

 


Selon le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord

L’Algérie et le Maroc appelés à trouver un consensus

par Nabila K., Le Jeune Indépendant, 29 avril 2006

Le gouvernement britannique a exhorté, jeudi, le Maroc et l’Algérie à «enterrer leurs différences» en vue du règlement de la question du Sahara occidental. Lors d’un point de presse tenu à Londres, le ministre au Foreingn office chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, M. Kim Howells, a appelé l’Algérie et le Maroc «à enterrer leurs différences», dans le but de trouver une solution adéquate à la question du Sahara occidental.

Omettant le fait que le conflit concerne le Sahara occidental et le Maroc et non l’Algérie, M. Howells a estimé qu’»il est temps pour les parties de travailler intensément avec Kofi Annan» afin de trouver une solution adéquate au problème.

Dans ce sens, il y a lieu de rappeler que le président de la République sahraouie, M. Mohamed Abdelaziz, a de tout temps insisté, lui aussi, sur l’existence de deux parties en conflit : son pays et le Maroc. Précisant que la Grande-Bretagne est «très intéressée par une telle solution», M. Howells a relevé le fait que le règlement de la question du Sahara «aura un grand impact sur les économies marocaine et algérienne».

Le gouvernement britannique a émis d’une manière subtile le vœu de voir la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc s’ouvrir. En effet, le ministre a estimé que si les deux pays parviennent à rouvrir leurs frontières, «leur PIB par tête pourrait augmenter d’une manière très significative».

Dans ce contexte, rappelons également que l’Algérie n’a jamais eu l’intention de rouvrir sa frontière avec le Maroc. Une affirmation qui a été rappelée dernièrement par le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, qui avait déclaré que ladite ouverture n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement.

La question du Sahara occidental, a-t-il précisé, est l’une des causes principales qui pousse l’Algérie à s’abstenir d’ouvrir sa frontière. Affichant indirectement son penchant pour le Maroc, notamment après la proposition qu’il a faite sur la large autonomie pour «les provinces du Sud», M. Howells a dit : «Les Marocains ont une idée sur la meilleure façon d’avancer vers une solution», alors que «les Algériens, à travers le Polisario, voient les choses d’une manière différente.» Sans s’étaler sur le sujet, le responsable britannique a même estimé que le problème semble être enveloppé dans plusieurs «paramètres inconnus».

Cela dit, M. Howells a estimé que le règlement de la question du Sahara occidental nécessitera d’intenses négociations qui doivent avoir lieu sous l’égide de l’ONU. A ce propos, il faut souligner que dans une lettre au secrétaire général de l’ONU, l’Algérie a réaffirmé sa conviction que «seule la mise en œuvre du Plan pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, approuvé par le Conseil de sécurité comme solution politique optimale à ce conflit […] est de nature à assurer un règlement juste et définitif de la question du Sahara occidental en stricte conformité avec la charte des Nations unies et la légalité internationale».

En effet, l’Algérie considère que les seules négociations valables et limitées au royaume du Maroc et au Front Polisario, qui sont les deux parties au conflit, sont celles qui portent sur les modalités de mise en œuvre du plan de paix pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, approuvé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1495 (2003).

N. K.