Le représentant de la LADDH évoque des «cas de tortures»

ÉVÈNEMENTS DE GHARDAÏA

Le représentant de la LADDH évoque des «cas de tortures»

Le Soir d’Algérie, 24 octobre 2004

Le siège national du Front des forces socialistes (FFS) a abrité vendredi soir une conférence- débat sous le thème «Etat contre société». Les interventions ont été axées principalement autour des derniers événements ayant secoué la capitale du M’zab. Présent à cette rencontre, Kamel-Eddine Fekhar, responsable de la fédération FFS de Ghardaïa et membre de la section locale de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), s’est d’emblée indigné contre «la politique répressive» adoptée par les forces de l’ordre pour contrer «un mouvement pacifique».
«Des personnes qui n’avaient rien à voir avec la protestation ont été chargéespuis arrêtées par les forces de l’ordre. Ghardaïa offrait l’imaged’une ville en état de siège avec son lot d’arrestations arbitraires,de violations de domiciles et de bombes lacrymogènes balancéesdans les enceintes des écoles primaires. », a-t-il témoigné.Un état de fait qui a fait naître «un sentiment d’angoisse» chezla population de la vallée du M’zab connue pour son calme et sa tranquillité,relève un militant FFS parti sur les lieux pour assister au procèsdes jeunes manifestants dont certains se sont vu condamnés à despeines de prison ferme. Plus grave encore, Kamel- Eddine Fekhar qui serait recherché parla police, (mais n’ayant reçu aucune convocation de la police, confirme-t-il)a accusé « les forces de l’ordre d’avoir pratiqué la torture ».Il citera le cas d’un jeune manifestant qui aurait été «déshabillé ethumilié en pleine rue par des policiers en furie». Pour le représentantdu FFS à Ghardaïa «les forces de l’ordre à travers leursattitudes provocatrices poussaient les jeunes à la violence pour justifierla répression alors que le problème pouvait être réglé pacifiquementsans qu’il ait un quelconque dérapage». Ce dernier parle mêmed’une volonté de «cultiver le racisme en montant une partie contreune autre». De son côté, Me Noureddine Ben Isaad, avocat duFFS, s’est demandé comment «des jeunes arrêtés pourune simple revendication pacifique se retrouvent à la chambre correctionnelleet criminelle du tribunal pour des chefs d’inculpation correspondant à unmouvement insurrectionnel». Il s’agit, selon Me Ben Issaad, d’une «atteintegrave à la liberté d’expression et au droit de grève pourtantgarantis par la Constitution algérienne». «Le pouvoir continued’user du prétexte fallacieux de l’état d’urgence pour réprimertout soulèvement, pacifique soit-il», poursuit-il. Se voulant plusexplicite, l’avocat affirme que «lors d’un attroupement non armé,la loi exige que le premier magistrat de la localité (wali, chef de daïraou bien le maire) lance des appels au calme ou des sommations avant d’incriminerles gens». Une procédure qui n’aurait pas été suiviepuisque d’après des témoignages concordants, «le wali a refusé dedialoguer avec les représentants des manifestants venus demander audienceauprès de lui». Dans le même ordre d’idées, le premiersecrétaire national du FFS, Ali Laskri, a dénoncé quant à luila politique de «la terre brûlée» devenue «laméthode de choix pour traiter de simples revendications citoyennes».Le premier secrétaire national du FFS a soutenu que «l’Etat visel’asservissement des Algériens et le bâillonnement des libertéspas seulement à Ghardaïa mais dans plusieurs contrées du pays».Notons enfin qu’un rapport a été rédigé par les militantsde l’antenne de la Ligue algérienne des droits de l’homme de Ghardaïaet sera adressé incessamment à l’Observatoire mondial des droitsde l’homme, une instance rattachée à l’Organisation des Nationsunies.
K. B.