Marches interdites à Bouira: Le wali et le chef de Sûreté s’expliquent

Marches interdites à Bouira

Le wali et le chef de Sûreté s’expliquent

Le Soir d’Algérie, 21 décembre 2017

Après plus de 10 jours depuis que les premières marches ont été enregistrées du côté de M’chédallah et Haïzer, avant de se propager vers la ville de Bouira avec tout ce qui les avait caractérisées en termes de confusions, d’interdictions et de répressions, dont la dernière remonte à lundi passé, le wali de Bouira et le chef de Sûreté de wilaya se sont enfin exprimés sur ce sujet.
Ce mercredi, et à l’occasion de la célébration de la Journée arabe de la police qui coïncide avec le 12 décembre de chaque année, et au cours de laquelle, 94 agents de police relevant de différents services et postes de la Sûreté de wilaya et des Sûretés de daïras, ont été décorés et promus aux grades supérieurs, le wali, Mustapha Limani, s’est enfin exprimé sur les derniers événements qui ont secoué la ville de Bouira, notamment les différentes marches interdites et les répressions policières et autres arrestations qui ont suivi.
Ainsi, le wali a rappelé la genèse des événements en disant que la marche des étudiants a été interdite dans un premier temps à cause des différends qui existaient à l’intérieur du campus universitaire entre deux organisations estudiantines. Le lendemain, c’est-à-dire le mardi 12 décembre et après que les esprits se furent apaisés à l’intérieur du campus, la marche des étudiants a été autorisée et celle-ci s’est déroulée dans un calme total avec une vigilance accrue des éléments de la police qui ont accompagné et encadré la marche en évitant tout débordement. Malheureusement, de retour au campus, les étudiants s’étaient encore une fois chamaillés et sont arrivés aux affrontements. Affrontements qui ont fini par persuader le conseil des doyens de l’université Akli-Mohand-Oulhadj, en coordination avec le recteur, de fermer momentanément les portes de l’université et de suspendre les cours pour permettre aux esprits de s’apaiser et de se calmer. Le lendemain, des lycéens et des personnes étrangères ont marché sans aucune autorisation dans la ville de Bouira en commettant des actes de destruction, et les éléments de la police n’ont fait que leur travail en intervenant pour ramener le calme dans la ville et assurer l’ordre public et la quiétude aux citoyens de Bouira. A l’intérieur du commissariat, des procédures ont été faites contre les personnes arrêtées comme cela se fait dans tous les commissariats du monde, mais «je tiens à vous assurer que tous les manifestants interpellés ont été libérés durant le même jour et qu’aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre eux», dira encore le wali. Par ailleurs et au sujet des interdictions des marches, le wali rappelle qu’il y a «un règlement à respecter, à savoir que toutes les marches sont soumises à autorisation préalable».
Enfin, concernant la réouverture des portes de l’université Akli-Mohand-Oulhadj, le wali dira que cela se fera bientôt, mais en rappelant vite que cela relève du conseil des doyens et du recteur de l’université.
De son côté, le chef de Sûreté, Mikhalif Boubekeur, qui a refusé de commenter les déclarations du député RCD de Béjaïa qui l’accuse d’outrepasser ses prérogatives ainsi que le mauvais traitement des manifestants, dira que le respect de la dignité humaine, quel que soit le motif de la présence d’une personne dans les locaux de la police, est sacré et que les procédures suivies pour respecter cette dignité, sont scrupuleusement respectées par le corps de la police.
Aussi, au sujet de prétendues agressions à l’intérieur du commissariat contre les étudiants arrêtés, le chef de Sûreté dira que ceux-ci étaient très bien traités et qu’avant de les libérer, les procédures de visites médicales pour s’assurer que ces personnes n’ont jamais été maltraitées et qu’elles ne présentaient aucune blessure ou autre trace de sévices corporels, sont opérées avant leur libération.
Cela étant, le chef de Sûreté invite les responsables de la société civile, les chefs des partis politiques influents dans la région, ainsi que les associations à travailler dans le sens de l’apaisement afin de préserver notre pays de la violence qui ne profite à personne. Par ailleurs, rappelons qu’hier, toute les communes de la wilaya, ainsi que le chef-lieu étaient calmes, avec cependant, les établissements scolaires, du moyen et du secondaire , qui sont toujours fermés dans la région berbérophone ; alors que du côté des animateurs de la cause amazighe, des initiatives pour créer un cadre organisé et pacifique pour faire avancer la cause amazighe et sa promotion effective surtout dans l’enseignement à travers tout le territoire national et son obligation, se sont multipliées sur le terrain et via les réseaux sociaux.
Y. Y.