58 ans après… les armes sans maîtres tuent encore !
ESSAIS NUCLÉAIRES DE REGGANE
58 ans après… les armes sans maîtres tuent encore !
Le Soir d’Algérie, 14 février 2018
Plus d’un demi-siècle après, les essais nucléaires de Reggane continuent à nos jours de faire des victimes ; conséquences de la radioactivité. Les premiers essais de bombes atomiques (fission nucléaire) ont eu lieu, rappelons-le, le 13 février 1960 à Hamoudia (Reggane), sous le nom de la «Gerboise bleue».
IIs étaient 24 fois plus puissants que ceux de Hiroshima et Nagasaki. Quoiqu’en Algérie, il était nécessaire pour qu’un jour, il y ait une volonté politique de prendre en charge les conséquences des essais nucléaires au Sahara, mais force est de constater que 58 ans après, ces crimes abominables demeurent toujours au même stade ; une situation très critique pour les ascendants et descendants qui ont vécu et qui vivent dans cette région, voire même les malformations dans les futures naissances, les retombées radioactives et les déchets nucléaires qui existent encore à nos jours.
A l’exemple également de l’utilisation du napalm et les bombes incendiaires lâchées sur le mont de Mzi à Aïn-Séfra ou encore ces zones interdites de Oued-Namous et bien d’autres… crimes contre l’humanité.
Pour rappel, à la demande du gouvernement algérien, une expertise de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) a été réalisée en 1999 sur les sites de Reggane et d’Inker.
Puis, en février 2007, le gouvernement algérien est allé plus loin en organisant un colloque international à Alger sur «Les conséquences environnementales et sanitaires des essais nucléaires». Quatre essais aériens et treize autres souterrains ont été opérés par la France dans le sud, et ce, jusqu’à février 1966 dernier essai, dont la plus puissante explosion était celle de 117/127 KT en février 1965 ; alors que pas moins d’une quarantaine d’autres essais se sont déroulés clandestinement dans la région du Sahara.
Des zones qui sont généralement fréquentées par les populations, principalement nomades, où, au fil du temps et de l’érosion, des atomes et des déchets nucléaires en sont découverts.
Des dizaines de personnes ont contracté des pathologies radio-actives induites (tels le cancer et la leucémie) ; des maladies provoquées par l’exposition du sujet aux radiations et qui continuent à tuer fréquemment.. La France qui a toujours nié ou ignoré cette partie de l’histoire pour reconnaître ses crimes contre l’humanité a du mal à classer ce dossier dans les archives des bienfaits de la colonisation, de la révolution scientifique et technologique française en Algérie.
Néanmoins, il est de notre devoir de rappeler à la France ce qui s’est réellement passé et ce qui se passe aujourd’hui dans cette contrée de l’Algérie profonde pour que les victimes de Reggane et d’autres recoins de l’Algérie soient reconnues et indemnisées davantage, comme elles devraient être reconnues comme victimes de crime contre l’humanité, à l’instar du génocide de Hiroshima et de Nagasaki.
D’ailleurs, à Aïn-Séfra, Ziane Barka a été victime d’irradiation des essais nucléaires français, opérés à Reggane. Ce dernier a trouvé la mort, le 27 octobre 2016, des suites d’une longue maladie causée par les atomes radioactifs.
Le défunt a été irradié, alors qu’il accomplissait son service national de 1971 à 1972. Les signes de la maladie commençaient à apparaître dès 1984, et ce, jusqu’en 2012, où il subit une opération chirurgicale à l’hôpital d’Oran et les résultats de l’analyse de la tumeur font ressortir bel et bien que la victime a été atteinte par des rayonnements de déchets nucléaires. Depuis, Ziane, alité et dans la souffrance jusqu’à son décès en 2016.
B. Henine