Les travailleurs du pré-emploi appellent au boycott des élections

Ils interpellent le président de la République

Les travailleurs du pré-emploi appellent au boycott des élections

El Watan, 27 février 2012

Environ 600 000 travailleurs sont recrutés dans le cadre du pré-emploi à l’échelle nationale. Des slogans hostiles au gouvernement, à la police, à l’APN et aux partis politiques ont été scandés.

L es jeunes travailleurs recrutés dans le cadre du pré-emploi fixent un ultimatum au président de la République. Les jeunes Algériens sont-ils devenus pragmatiques ? Oui, leurs slogans le confirment d’ailleurs. Lors du rassemblement tenu hier devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, les protestataires exigent leur intégration avant le 10 mai, date des élections législatives. «Environ 600 000 travailleurs sont recrutés dans le cadre du pré-emploi. S’ils ne sont pas intégrés avant la date des élections, nous boycotterons ce rendez-vous électoral», menace un jeune manifestant. Affiliés au Snapap, les jeunes recrutés dans le cadre de l’ANEM semblent plus que jamais déterminés à changer le cours de leur «misérable vie». Dans la foulée, les jeunes mécontents crient haut et fort au boycott des élections législatives.

Le boycott est le seul moyen qui leur reste pour obtenir des postes d’emploi décents. «Non au vote», crient les protestataires à l’adresse des passants de la rue Bachir Attar. Ils appellent à l’annulation des contrats de pré-emploi, qu’ils qualifient de contrats de «pré-chômage». «Cette politique de recrutement dans le cadre du pré-emploi a montré ses limites», estiment ces jeunes venus de différentes wilayas du pays. Ils demandent une allocation chômage pour tous les chômeurs ayant des diplômes.

«Hassi Messaoud pour tous», ajoutent les travailleurs contractuels, en faisant allusion à la rente pétrolière. Ils avaient décidé de tenir un sit-in devant le siège du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Mais la forte présence d’éléments des forces de l’ordre les a contraints à manifester leur colère devant la Maison de la presse. «Les forces de l’ordre ont déjà occupé la place. Ils ont bouclé tout le périmètre. Ils ont même arrêté des manifestants venus très tôt», dénonce Malika Fallil, porte-parole des travailleurs du pré-emploi. «Y’en a marre de la police ! L’indépendance pour tous», scandent les jeunes à l’encontre des éléments des forces de l’ordre qui les empêchent de marcher vers le ministère du Travail. Cernés, les jeunes manifestants ne sont pas entrés en confrontation avec la police. «Nous sommes pacifiques», lancent-ils à l’adresse des policiers, qui les confinent sur le trottoir en face de la Maison de la presse. Faut-il rappeler que la Maison de la presse a servi, ces derniers temps, de tribune à des personnes traquées par la police.

Hier encore, c’était le seul endroit où les travailleurs contractuels ont pu exprimer leur colère retenue depuis des années. Des slogans hostiles au gouvernement, à la police, à l’APN et aux partis politiques ont été prononcés en chœur. Sur place, un manifestant a profité de l’occasion pour rappeler toutes les lois reconnaissant la liberté d’expression, le droit à l’activité syndicale et au mouvement associatif. Un autre a interpellé les intellectuels algériens, dénonçant leur mutisme vis-à-vis de ce qui se passe en Algérie : «Vous êtes responsables devant la société», a-t-il lancé.
Djedjiga Rahmani