Commémoration du 6e Anniversaire du décès de Hocine Ait Ahmed

Les héritiers à Aïn El-Hammam en rang séparé

Liberté, 25 décembre 2021

Un rituel. Nombreux sont les militants, sympathisants et cadres dirigeants du FFS qui ont pris le chemin qui monte vers la tombe du chef historique, Hocine Aït Ahmed, disparu il y a six ans. Une fidélité renouvelée pour l’homme qui continue d’incarner l’idéal démocratique. Mais les héritiers n’ont pas pris le même chemin pour ce moment de recueillement. Ils sont allés en ordre dispersé à Ath Ahmed, ce haut lieu de résistance où repose “le fils de la Toussaint”.

Si la commémoration de ce sixième anniversaire de la disparition de “Si El-Hocine” a été une occasion pour les cadres du FFS, ainsi que pour les nombreux militants de réaffirmer leur attachement au legs de ce héros national, elle aura été aussi une “opportunité” d’étaler l’éclatement de sa famille politique fondée dans le maquis, le 29 septembre 1963, comme l’illustre ce pèlerinage en deux temps. Une partie a choisi la journée de jeudi, tandis que l’autre a opté pour le vendredi afin de se recueillir sur la tombe du “Zaïm” au village Ath Ahmed, à Aïn El-Hammam.

Le premier recueillement a eu lieu dans la matinée de jeudi, organisé par la direction nationale du FFS conduite par Youcef Aouchiche, alors que la seconde a eu lieu, hier, en présence de l’ex-premier secrétaire Ali Laskri. De nombreux militants opposés à la direction actuelle du parti, notamment depuis sa décision de participer aux élections locales du 27 novembre dernier, ont pris part à cette cérémonie organisée, hier, à l’appel de M. Laskri.

Si, par respect au testament de ce défunt leader de l’opposition démocratique en Algérie, les deux cérémonies se sont limitées, comme à l’accoutumée, à un recueillement loin de tout discours politique, les représentants des deux délégations n’ont pas manqué de s’exprimer pour revendiquer, chacun à sa manière, l’héritage politique du combat de Hocine Aït Ahmed. Ainsi, le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche, qui s’est exprimé en marge de la cérémonie, a souligné que “Hocine Aït Ahmed, qui a donné 70 ans de sa vie pour la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et pour l’instauration d’un État de droit en Algérie, est une école qui nous montre encore le chemin à suivre, pour nous, militants du FFS”. Il a, à ce titre, appelé la jeunesse à rester attachée à ces hommes et femmes qui ont marqué l’histoire contemporaine de notre pays. “Nous n’avons pas à nous tourner vers l’Orient ni vers l’Occident. Nous avons nos repères.

Nous avons des femmes et des hommes qui vont nous montrer le chemin face à cette adversité ambiante”, a-t-il encore affirmé. “Les Algériens sortis dans la rue le 22 février 2019, c’est le prolongement du combat d’hommes comme Hocine Aït Ahmed. À nos dirigeants, nous devons dire qu’il est temps d’aller vers un changement pacifique et radical du système. Il ne faut pas verser dans l’entêtement”, a poursuivi Youcef Aouchiche pour qui, le seul rempart qui peut protéger notre pays contre tous les périls est l’instauration de la démocratie, le respect de la volonté populaire et la consécration de la souveraineté du peuple, en le faisant participer à tous les processus de décision.

Une occasion aussi pour le premier secrétaire du FFS d’adresser un message à la jeunesse. “Notre message à la jeunesse, au FFS, est de s’impliquer dans la vie politique. Les dynamiques sociales et citoyennes doivent être organisées pour imposer ce changement. La jeunesse algérienne n’est pas un troupeau de moutons pour qu’elle soit prise en otage par le système ou par des aventuriers politiques”, a-t-il conclu. Rencontré également à ce recueillement, l’ancien cadre du FFS, Khaled Tazaghart, a évoqué une occasion de réitérer l’attachement des militants du FFS au combat de Hocine Aït Ahmed. “Nous sommes ici pour dire qu’Aït Ahmed est toujours là. Aujourd’hui, l’appel est lancé à toute la jeunesse de Kabylie, en premier lieu, pour réitérer son attachement, sa fidélité à tous les combats libérateurs”, a insisté Khaled Tazaghart.

Pour sa part, Ali Laskri, ancien cadre dirigeant du parti en dissidence, a expliqué que “rendre hommage à Si l’Hocine aujourd’hui, c’est appeler à la mobilisation pour mettre fin aux arrestations arbitraires des Algériens, à la répression. C’est défendre les libertés individuelles et collectives violées systématiquement pour éviter tout contre-pouvoir. C’est refuser le parachèvement de la feuille de route du régime qui ne fait que le pérenniser et le consolider par des passages en force électoraux…”. Ali Laskri, qui ne s’est pas empêché d’égratigner, à l’occasion, la direction actuelle du FFS, a également ajouté que “rendre hommage à Aït Ahmed, c’est aussi défendre la ligne originelle inviolable du FFS qui dérange le régime autoritaire et totalitaire”.

K. Tighilt