Alerte Algérie : Les détenus du Hirak, Rami Amroune et Mohamed Athmane, sont en danger
Algeria-Watch, 12 décembre 2023
Rami Amroune et Mohamed Athmane, deux militants du Hirak originaires de M’sila et détenus dans la prison de Boussaâda, sont en grave danger. En effet, les deux détenus présentent l’un et l’autre une condition de santé dégradée. À la suite d’une grave chute au travail en 2014, M. Athmane souffre d’une obliquité pelvienne grave. Cet accident a conduit à déséquilibrer la longueur de ses membres inférieurs affectant grandement sa mobilité. R. Amroune, jeune étudiant, souffre quant à lui de sérieux problèmes ophtalmologiques. Le 7 décembre 2022, R. Amroune, M. Athmane ainsi que d’autres hirakistes ont été condamnés à 4 ans de prison pour des infractions liées à l’article 87 bis. Depuis, ils ont fait appel de cette décision de justice.Le 29 décembre 2022, M. Athmane a été arrêté par des éléments de la gendarmerie nationale chez lui à M’sila aux environs de 6h30 du matin, juste après son retour de Tizi Ouzou où il travaillait sur des chantiers. De son côté, R. Amroune a été arrêté par la gendarmerie nationale avec perquisition à son domicile à M’sila le 5 janvier 2022. Initialement détenus à M’sila, M. Athmane, R. Amroune, ainsi que d’autres militants du Hirak, ont entamé une grève de la faim le 2 février 2022, avant d’être transférés le 6 février vers la prison de Boussaâda.
Dès leur arrivée à Boussaâda, Mohamed Athmane et Rami Amroune ont subi des exactions quasi quotidiennes.
Les problèmes de vue de Rami Amroune se sont gravement accentués. En effet, ses lunettes se sont brisées alors qu’il était en prison et il n’a jamais obtenu satisfaction à ses demandes insistantes de consulter un médecin. Au contraire, vers le 10 juin 2023, il a été battu par des gardiens, qui lui ont notamment porté des coups de pied à la tête. À la suite de cette agression, il a été placé en isolement pendant quinze jours. À sa sortie , il a rédigé une lettre pour dénoncer ses agresseurs aux autorités carcérales. Les gardiens, ayant eu vent de sa plainte, ont fouillé la salle où il dormait et déchiré sa lettre. En représailles, il a été renvoyé en isolement pour une période supplémentaire de quinze jours. Depuis son agression, Rami Amroune souffre de maux de tête aigus et chroniques. Il n’arrive pratiquement pas à dormir et est devenu hypersensible à toute forme de luminosité.
Le 4 août 2023, Mohamed Athmane a été victime d’une grave intoxication alimentaire. Ses codétenus n’ont pas cessé d’appeler à l’aide les gardiens pendant plus de trois heures, sans aucune réaction de ces derniers. Finalement, alors que son état empirait et qu’il commençait à vomir du sang, Mohamed Athmane a été transporté à l’infirmerie où il n’a reçu aucun soin. Il n’a pu se rétablir que grâce au soutien d’autres militants du Hirak détenus à Boussaâda. À plusieurs reprises, il a demandé un suivi médical auprès des autorités pénitentiaires, ce qui lui a été refusé. En effet, l’obliquité pelvienne dont il souffre doit être surveillée sous peine d’aggraver son handicap.
Il est indéniable qu’en raison de leurs conditions de santé critiques, Mohamed Athmane et Rami Amroune, arbitrairement détenus, plutôt que d’inacceptables mauvais traitements et brimades illégales, devraient bénéficier en urgence d’une prise en charge médicale effective. Ces conditions de détention atroces et inhumaines sont d’intolérables atteintes à la dignité et à l’intégrité physique de personnes qui n’ont commis aucun crime ni délit. Prisonniers d’opinion victimes de l’arbitraire, la santé de Mohamed Athmane et de Rami Amroune relève la responsabilité pleine et directe des appareils judiciaires et pénitentiaires. Algeria-Watch alerte l’opinion internationale et appelle à la libération immédiate de Rami Amroune et Mohamed Athmane sans condition préalable.