Crise malienne : Bamako cherche à négocier avec Lyad Ag Ghali et Amadou Koufa

Zine Cherfaoui, El Watan, 27 janvier 2020

Les autorités maliennes ne semblent plus être contre l’idée de traiter avec certains groupes terroristes, si cela peut contribuer à faire cesser les violences dans certaines régions du pays.

C’est ce qui peut être déduit de la conférence de presse animée, jeudi à Bamako, par le haut représentant du président Ibrahim Boubacar Keïta pour le centre, Dioncounda Traoré. L’ancien président malien par intérim a même révélé avoir mandaté, il y a quatre mois, des personnes pour prendre attache avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa, chefs respectifs du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GISM) et de la katiba du Macina. Devant l’absence de retour, le haut représentant du Président pour le centre a indiqué avoir décidé, il y a quelques semaines, d’envoyer de nouveaux émissaires.

Pour justifier une telle initiative, Dioncounda Traoré a rappelé que sa mission consiste à «faciliter les échanges intra-communautaires et mettre en œuvre une stratégie globale axée sur la protection des civils et la réduction des violences intercommunautaires au centre du Mali». «Nous sommes prêts à lancer les passerelles pour dialoguer avec tout le monde. (…) Tout conflit se termine par un dialogue. Il faut, à un moment donné, s’asseoir autour d’une table et discuter. Alors, si on peut préserver des vies humaines et éviter des violences gratuites, pourquoi pas ? On essaye le dialogue avec tout le monde sans exclusion», a insisté M. Traoré, ajoutant : «Personnellement, j’ai envoyé des émissaires en direction de Koufa et Iyad pour leur dire que je suis disposé à discuter avec eux.» Depuis 2013, le Mali a été durement touché par le terrorisme.

Les participants au dialogue national inclusif organisé par le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, en décembre dernier, avaient, rappelle-t-on, recommandé de sonder Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly. Avant cela, l’influent imam Dicko avait aussi préconisé plusieurs fois d’ouvrir le dialogue avec les deux chefs terroristes dans le but de les convaincre de déposer les armes. Quid d’Abou Walid Al Sahraoui ? Selon la presse bamakoise, aucune démarche n’a été entreprise en direction du chef de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) que la force Barkhane considère comme ennemi public numéro un au Sahel. En ce qui le concerne, Dioncounda Traoré dit ne pas être opposé à discuter aussi avec Abou Walid Al Sahraoui.

Les autorités maliennes refusaient jusque-là, du moins officiellement, tout dialogue avec les terroristes. Officieusement, des tentatives de médiation avaient toutefois été engagées par le passé. «Il y a d’abord eu l’initiative d’Adama Coulibaly, le président de Faso Dambé Ton, une association de la société civile. Il assure avoir rencontré Amadou Koufa, le chef de la katiba Macina, à l’été 2019, avec le soutien implicite du ministère de la Réconciliation», indique la presse malienne. Il y a eu aussi la médiation engagée par l’avocat Hassan Barry, qui lui aussi a approché Koufa. Les «discussions étaient parfaitement encadrées et connues des plus hautes autorités de l’Etat», écrivait l’avocat dans un communiqué fin novembre.