RND: “Guerre de positions”

RND

“Guerre de positions”

Souhila Hamadi, Liberté, 9 juillet 2006

Des ex-parlementaires veulent le départ d’Ahmed Ouyahia de la tête du parti alors que des membres de la direction générale attestent que ces exclus n’ont pas le droit d’ingérence dans les affaires internes du rassemblement.
Le RND — plus particulièrement son secrétaire général Ahmed Ouyahia — est la cible d’attaques, provenant cette fois-ci d’anciens parlementaires du parti. Aïssa Nouasri, ancien secrétaire national de l’UGTA et ex-député du rassemblement, forme, avec quelques-uns de ses camarades du parti, un groupe de frondeurs qui exigent purement et simplement le départ d’Ahmed Ouyahia de la tête du Rassemblement.
Selon Mohamed Djabir Kahlouche, député RND de la précédente législature, les griefs retenus contre l’ex-Chef du gouvernement sont motivés par “les dysfonctionnements dans le parti, la démobilisation de la base et surtout les positions d’Ouyahia par rapport au programme du président de la République et la révision de la Constitution”.
En un mot, les redresseurs cautionnent les projets du chef de l’État, que la direction actuelle du RND n’a pourtant pas récusés. “À présent, Ahmed Ouyahia soutient la révision de la Constitution. Mais il s’y opposait, il y a quelques semaines”, précise notre interlocuteur. “Nous sommes contre l’ambivalence politique prônée par la direction actuelle du RND”, enchaîne Aïssa Nouasri. Appelé à expliquer les raisons qui incitent, en ce moment précis, des ex-parlementaires à enclencher un mouvement de redressement au RND, Mohamed Djabir Kahlouche affirme qu’ils “ont pris le temps de s’organiser”. Il reconnaît, néanmoins, qu’aucune personnalité n’est en vue, pour l’heure, pour prendre les rênes du parti des mains d’Ahmed Ouyahia. “Nous n’avons pas de leaders. Nous n’avons choisi aucune personnalité pour remplacer Ahmed Ouyahia”, confirme Aïssa Nouasri. Il soutient que lui et ses camarades appellent à l’organisation d’une conférence nationale pour discuter de la situation du parti. “Nous avons fait des propositions au parti. Mais on a refusé de réceptionner le courrier”, ajoute-t-il. “Nous ne recevons que le courrier décliné”, riposte un membre du bureau politique du Rassemblement. Il souhaite préserver l’anonymat sur son identité, car du côté de la direction du parti, on a pris la décision de ne pas commenter officiellement, ce qui est considéré comme “un non-événement”. Notre interlocuteur précise que les 27 personnes, qui veulent déstabiliser le parti, ont été exclues de ses rangs en 2001 et 2002 (l’agitation autour des listes électorales à la veille des législatives de mai 2002 s’est soldée par l’éviction de nombreux cadres du RND, dont Aïssa Nouasri et Kacem Kébir). Il atteste qu’aucun militant structuré n’a rejoint le mouvement. “De quel droit ces personnes, qui n’appartiennent pas au RND, exigent des changements au parti ? Et puis, en 2003, nous avons organisé un congrès qui a élu légalement une direction nationale”. De son point de vue, ces personnes “font des offres de services à la Présidence, afin de se placer pour les prochaines législatives”. À rappeler qu’Aïssa Nouasri et ses compagnons ont tenté, par deux fois, de renverser, sans succès, la direction du parti (quelques semaines avant les législatives de 2002 puis juste avant l’élection présidentielle de 2004).

S. H.