Hocine Aït Ahmed à Al Jazeera-Live

Hocine Aït Ahmed à Al Jazeera-Live

Bouteflika et Ben Bella critiqués

El Watan, 6 septembre 2006

Le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, a eu hier des propos crus à l’égard de Abdelaziz Bouteflika dont il a dénoncé les positions pendant la Révolution et durant la crise de Kabylie.

Intervenant hier à l’émission « Moubacheer » (Direct) de la chaîne Al Jazeera-Live, Aït Ahmed a noté que : « Je comprends que Bouteflika, tout comme Ben Bella, se soient révoltés contre le congrès de la Soummam parce qu’il proposait un programme politique cohérent au peuple algérien… » Le leader du FFS, qui intervient quelques jours après la célébration du 50e anniversaire de la tenue de ce congrès, assène que « la Révolution algérienne demeure un mythe, tant ses idéaux n’ont pas été concrétisés ». Au risque de choquer certains, le leader charismatique de l’opposition et le dernier des « Mohicans » de Novembre estime que les incantations du régime sur les valeurs portées par la Révolution ne sont que des « khourafate » (des élucubrations). Hocine Aït Ahmed en veut pour preuve que le « pluralisme politique, culturel et religieux est factice ». Il brocardera tous les régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance auxquels il impute la responsabilité « historique d’avoir privé le peuple algérien de son droit à l’autodétermination ». « Le problème en Algérie c’est le régime », tonne le chef du FFS qui ne voit d’autres issues de secours à part « la négociation ». Une négociation qui devrait se faire « avec tout le monde et sans exclusive », précise-t-il. Visiblement dégoûté par le recours systématique aux élections et référendums, Aït Ahmed martèle que « toutes les élections ont été truquées depuis 1962 et que le seul suffrage réellement libre au monde arabe est celui de la Palestine avec la victoire de Hamas ». S’agissant de la réconciliation nationale, M. Aït Ahmed n’a pas souhaité s’y appesantir concédant tout de même une petite phrase lourde de sens : « le pardon suppose un débat ! », façon à lui de suggérer que la charte de Bouteflika n’a pas fait l’objet d’une négociation politique. Il s’est demandé, d’autre part, comment parler de réconciliation dans un pays « sous état d’urgence depuis 1992 » et dont « il n’y a aucune loi puisque les magistrats sont fonctionnarisés par les responsables politiques ». Et Hocine Aït Ahmed de poser un terrible diagnostic : « En Algérie, tout est fermé ! » Interrogé sur l’arrêt du processus électoral en 1992 suite à la victoire de l’ex-FIS, le président du FFS fait une révélation en affirmant qu’il avait été contacté juste après le coup d’Etat (comprendre la destitution de Chadli) par un général (Khaled Nezzar, ndlr) lui proposant de présider le Haut Conseil d’Etat (HCE) avant de faire appel au défunt président Boudiaf. M. Aït Ahmed affirme avoir décliné l’offre considérant que ce fut « un coup d’Etat ». Le président du FFS sera entraîné malgré lui sur le terrain de la Kabylie par l’animatrice qui tentait d’imposer une « exception kabyle ». M. Aït Ahmed s’en sortira par une pirouette en déclarant que cette région s’inscrit dans « une perspective nationale et milite pour l’unité de l’Algérie ». Mais il profitera de l’occasion pour écorcher le président Bouteflika qu’il cite nommément et qui est coupable à ses yeux « de l’avoir brûlée » en faisant référence aux 123 jeunes assassinés par les gendarmes lors du printemps noir. « Certains responsables nourrissent des sentiments racistes envers cette région », accuse-t-il, avant de décréter que « la Kabylie est une citadelle de la démocratie ».