Procès contre Malika Matoub le 13 mai 2003

Fondation Matoub

Procès contre Malika Matoub le 13 mai 2003

Le samedi 11 mai 2002, dans une émission sur les ondes de la radio Beur FM, Malika Matoub avait déclaré que : « Saïd Sadi et Nordine Aït Hamouda sont derrière l’assassinat de Lounès Matoub ».

Suite à cette émission, Saïd Sadi et Nordine Aït Hamouda attaquent en justice Malika Matoub pour diffamation.

Le procès aura lieu à Paris, le 13 mai 2003 à 13 h 30 mn avec l’absence annoncée de Nordine Aït Hamouda.

Pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire, la Fondation Lounès Matoub rend publique cette déclaration .

Le 25 juin 1998, Lounès Matoub est assassiné dans des circonstances non encore élucidées à Tala Bounane sur la route de retour à son village natal Taourirt Moussa.

Alors que des responsables de partis politiques exigent que « toute la lumière soit faite sur cet acte criminel et que les auteurs soient identifiés et jugés avec toute la rigueur de la loi», les dirigeants du RCD ( Nordine Aït Hamouda, Saïd Sadi, Khalida Messaoudi, Amara Benyounès,…), quelques minutes après le drame pour certains, sans enquête et sans preuves, déclarent que « ce sont les Groupes Islamiques Armés (GIA) qui ont éliminé physiquement » Lounès avec la responsabilité indirecte du Pouvoir « incapable de protéger Matoub » et de « nombreuses complicités et collusions avec l’islamisme» en Kabylie.

Le RCD appelle ensuite à une marche le jeudi 2 juillet 1998 (la demande d’autorisation a été déposée le samedi 27 juin 1998 à 10h) : aucune exigence d’identification, d’arrestation ou de châtiment des criminels ne figure dans les mots d’ordre de cette marche, par contre le RCD appelle à « honorer la mémoire de tous les martyrs de la démocratie et continuer jusqu’à son terme le combat de Lounès Matoub».

Dans une conférence de presse, le lundi 29 juin 1998, Saïd Sadi persiste, signe et apporte des précisions, pour lui, il ne fait pas l’ombre d’un doute, les auteurs de l’assassinat de Matoub sont des éléments de Hattab donc du GIA, et ceci bien avant la « revendication » de Hattab faxée au bureau AFP de Londres.

La gendarmerie de Béni Douala, dans un rapport établi quinze jours après les faits, attribuait l’assassinat à un « groupe terroriste non identifié ».

Lundi 20 juillet 1998, dans une interview au Soir d’Algérie, Nadia Matoub (épouse de Lounès et témoin oculaire du drame), à la question : « L’assassinat de Lounès a été revendiqué… » répond : « Que voulez-vous que je dise…Un coup comme cela, en plein jour…Mon cœur est en proie aux doutes… ». Cette réponse n’a pas plu à certains militants du RCD. Ces derniers lui présentaient Malika Matoub, la soeur du chanteur, comme un exemple à suivre. « Regarde Malika comment elle se comporte. Elle ne cesse de dire que ceux qui tuent sont connus », lui disaient-ils.

En effet, jusque-là, Malika Matoub avait accusé le GIA : interrogée par France 3, le soir du drame, elle avait dit « la question ne se pose pas. Ce sont les islamistes. C’est le GIA » et elle avait signé des déclarations rédigées par des militants du RCD accusant le GIA.

Mais après les certitudes, le doute s’installe, dans une interview accordée à L’ Evénement du Jeudi du 22 au 29 juillet 1998, Malika Matoub n’exclu pas la possibilité d’un assassinat commis par «un groupe armé manipulé par une frange du pouvoir ».

A partir de cette interview, Malika Matoub va devenir la cible privilégiée d’attaques ininterrompues de la part du RCD et de ses relais médiatiques dans la presse algérienne. Le plus éhonté de ses vecteurs de l’injure et de l’infamie du RCD est le chroniqueur Mustapha Hammouche, ex-membre de la direction nationale du RCD et rédacteur de la déclaration préliminaire accusant le GIA lue par Nadia Matoub lors de sa conférence de presse le 7 octobre 1998.

Toutes les actions entreprises par la sœur de Matoub Lounès seront alors combattues par le RCD, à commencer par la création de la Fondation portant le nom du chanteur assassiné le 12 octobre 1998.

Les militants du RCD avaient, en effet, suggéré à Nadia Matoub la création d’une Fondation qui « ne serait pas celle de la rente » avec l’implication de « personnalités qui se reconnaissent dans le combat de Lounès » dont Mustapha Hammouche.

Le 8 Mars 1999, Na Aldjia Matoub (mère de Lounès Matoub) adresse une lettre ouverte, restée sans suite, au Président de la République Zéroual. Elle lui rappelle que le 24 octobre 1998, à l’appel du juge d’instruction du tribunal de Tizi-Ouzou, elle s’est constituée partie civile avec sa fille Malika car elles ont plus que des doutes sur l’assassinat de Lounès, elle l’interpelle en tant que magistrat suprême du pays pour faire la lumière, toute la lumière sur l’assassinat de son fils et lui affirme sa détermination à consacrer toute l’énergie qui lui reste pour poursuivre le combat pour la vérité.

Cette exigence de vérité entraînera, après les doutes, des prises de position encore plus virulentes à l’égard de la famille et de la Fondation Matoub, pour certains «son assassinat a bien été revendiqué. Il ne faut pas spéculer sur les auteurs du crime », pour d’autres « non à ceux qui veulent disculper le GIA de ses crimes » et une campagne de lynchage médiatique va se mettre en marche pour ne plus s’arrêter contre les deux personnes qui « pervertissent le combat de Lounès, souillent son âme et marchandent ses ossements ».

Le 2 septembre 1999, lors d’un meeting à Tizi Ouzou pour promouvoir son projet de concorde civile, le Président Bouteflika s’est, publiquement et solennellement, engagé à ouvrir une véritable enquête sur l’assassinat de Lounès Matoub.

Non seulement, cette promesse n’a pas été tenue, mais elle a donné lieu à une grossière et maladroite tentative d’enterrement de l’affaire Matoub.

En effet, la justice algérienne accédant à la demande formulée par « certains milieux que la vérité ne peut que déranger » a tenté de substituer à la revendication prioritaire de la Fondation et de la famille Matoub : vérité et justice sur l’assassinat de Lounès Matoub, un « simulacre de procès sur commande »avec un candidat à l’inculpation qui s’est rendu le 17 septembre 1999 dans le cadre de la loi sur la concorde civile, présenté par un quotidien (El Watan) comme le kidnappeur de Matoub en septembre 1994 qui n’aurait été selon ses propres révélations l’ «auteur d’aucun crime de sang à Tizi Ouzou et ses environs » et par un autre quotidien(Liberté) sous la plume d’Aomar Mohellebi citant « une source sûre » comme « faisant partie d’un groupe armé qui a assassiné Matoub Lounès ». Ce candidat à l’inculpation qui « le 19 octobre 1999 a été conduit menotté et visiblement torturé, pour une visite de 33 minutes à ses parents, en compagnie de cinq personnes civiles dont un député de la région (Nordine Aït Hamouda) qui n’a rien à voir avec la commission de probation», gardait le jour du simulacre de procès «des séquelles de torture avec une baïonnette », «a signé des P.-V. dont les propos ne lui appartiennent pas» et «aurait été filmé « avouant  » avoir assassiné le chanteur Matoub Lounès». L’autre candidat à l’inculpation, arrêté le « 28 septembre 1999 près de son domicile à Tizi-Ouzou par des hommes armés de la SM (Sécurité Militaire) », « maintenu en détention secrète jusqu’au début du mois de mai 2000 », « sauvagement torturé », « tellement maltraité » que ses tortionnaires ont dû « l’hospitaliser pendant un mois à l’hôpital militaire de Blida », était «à Tizi Ouzou avec une dizaine de personnes. Ils mangeaient des sardines dans un restaurant populaire » au moment où les véritables assassins tiraient sur Lounès Matoub.

Le procès a été reporté à une date indéterminée. Depuis, aucune nouvelle sur l’état d’avancement du dossier.

La famille et la Fondation Lounès Matoub prennent à témoin l’opinion publique nationale et internationale :

-sur la suite réservée par la justice algérienne à sa revendication légitime : vérité et justice sur l’assassinat de Lounès Matoub qui ne peut se faire sans une enquête sérieuse (avec une autopsie, une étude balistique sur le véhicule, une reconstitution des faits avec la présence des témoins oculaires,…) et un procès équitable (avec la citation à comparaître de toutes les personnes qui se sont prononcé d’une façon catégorique sur l’identité des assassins dans les minutes qui ont suivi le drame) .

-sur les pressions, les menaces et la campagne permanente de lynchage médiatique subies, à cause de cette revendication légitime, par la famille et la Fondation Matoub.

Une revue de presse est élaboré par un fan de Matoub qui revient sur certains faits et déclarations qui permettront de comprendre ce qui a amené Malika Matoub à accuser Sadi et Aït Hamouda de complicité dans l’assassinat de son frère Lounès Matoub.

Cette revue de presse disponible qui serra mise en ligne bientôt comporte 12 thèmes :

1.Lounès Matoub et la politique

2.Le RCD, Saïd Sadi et Nordine Aït Hamouda

3.Réactions après l’assassinat

4.Na Aldjia Matoub (mère de Lounès Matoub)

5.Nadia Matoub (veuve de Lounès Matoub et témoin oculaire du drame)

6. Le MAOL ((Mouvement Algérien des Officiers Libres)

7. La promesse du président Bouteflika.

8. Visa de Nadia Matoub et procès Nordine Aït Hamouda-Malika Matoub

9. Chenoui, Medjnoun, Nordine Aït Hamouda et le procès du 20 décembre 2000

10.L’ENTV (Entreprise Nationale de TéléVision, unique chaîne de télévision publique algérienne)

11. Diversions, pressions, menaces et lynchage médiatique

12. Accusation de Malika Matoub sur Beur FM le samedi 11 mai 2002