Jugé à Oran pour faux et usage de faux: Ali Haddad condamné à 18 mois de prison ferme

Liberté, 2 janvier 2022

Le tribunal de Fellaoucène a condamné, mercredi dernier, l’ancien P-DG du groupe ETRHB et ex-président du Forum des chefs d’entreprise, Ali Haddad, à 18 mois de prison ferme et 100 000 DA d’amende pour faux et usage de faux dans le cadre d’une affaire de surfacturation et de perception d’indus avantages au port d’Oran remontant aux années 2016-2017.

Neuf autres accusés — des responsables de l’infrastructure portuaire et des syndicalistes — ont été condamnés à la même peine pour faux et usage de faux et abus de fonction. Le tribunal qui, a, par ailleurs, prononcé la relaxe en faveur de deux accusés, a rejeté la demande de constitution en tant que partie civile du lanceur d’alerte et témoin du procès, Noureddine Tounsi, et accepté la renonciation à la demande d’indemnisations introduite par l’entreprise du port d’Oran.

Lors du procès qui s’est tenu le 8 décembre dernier, Ali Haddad avait pris ses distances avec les cadres et responsables du port et clamé son innocence dans cette affaire de surfacturation dont le préjudice pour le Trésor public n’a pas été déterminé avec précision.

Comparaissant par visioconférence depuis la prison de Lambèse-Tazoult (Batna) où il se trouve en détention, l’ancien patron de l’ETRHB a rejeté toutes les charges qui pesaient sur lui : “Je n’ai rien à voir dans cette affaire. Il y avait un transitaire assermenté qui s’occupait des relations avec la direction du port et les douanes, et je n’étais pas habilité à lui donner des instructions”, a-t-il notamment expliqué en s’étonnant que ni le transitaire en question ni le P-DG du port n’avaient été entendus lors de l’instruction du dossier.

Appelé à produire son témoignage, le lanceur d’alerte et responsable commercial au port d’Oran au moment des faits, Noureddine Tounsi, a considéré avoir dénoncé des faits de corruption et de malversation.

“J’ai découvert des irrégularités dans le traitement des dossiers liés à l’ETRHB. N’ayant pas trouvé une oreille attentive auprès de ma hiérarchie, j’ai porté un dossier documenté à la Gendarmerie nationale”, a-t-il relaté au juge en rappelant avoir été “sanctionné, menacé et licencié pour avoir voulu défendre les intérêts du port d’Oran”.

Noureddine Tounsi, qui a également exprimé son souhait de voir l’Inspection générale des finances “examiner ce dossier et d’autres affaires de corruption que je peux prouver”, a dénoncé la “partialité” des expertises qui avaient conclu à l’inexistence d’un préjudice financier au port d’Oran.

Un argument que l’avocate de la partie civile, soit l’entreprise portuaire, a pris à son compte pour motiver l’absence de demande d’indemnisations. “Un audit interne a conclu à des erreurs et les deux responsables ont été sanctionnés par des mises à pied”, a-t-elle laconiquement déclaré dans sa courte intervention.

Le procureur de la République a, quant à lui, considéré que les faits reprochés étaient motivés et a requis 3 ans de prison ferme contre les frères Haddad et 4 ans contre le reste des accusés.

S. Ould Ali