Tebboune préside la conférence des ambassadeurs: Cap sur la diplomatie économique

Liberté, 9 novembre 2021

Devant les ambassadeurs et consuls généraux algériens à l’étranger réunis hier au Palais des Nations, Abdelmadjid Tebboune a esquissé les contours de ce que sera l’action diplomatique à l’aune des chamboulements qui s’opèrent sur la scène internationale.

Devant tous les représentants de l’Algérie, venus de tout le globe, le chef de l’État a insisté sur ce qui s’apparente à de nouvelles lignes directrices de la diplomatie algérienne. Il a exhorté les représentants de la diplomatie algérienne à œuvrer “à préserver les intérêts supérieurs et l’image du pays à l’étranger”.

Cela passe, selon lui, par la prise de conscience des dangers qui guettent notre pays et les “chamboulements” qui se sont produits sur la scène internationale. Il citera, dans ce cadre, “(…) des foyers de tension dans plusieurs États voisins, notamment au Sahara occidental, avec la reprise des hostilités militaires armées entre le Front Polisario et les forces d’occupation marocaines”.

Mais pas seulement. “Notre lecture du contexte international dans lequel évolue notre diplomatie ne saurait être exhaustive sans évoquer les menaces directes visant à affaiblir l’Algérie, par le biais d’une guerre de quatrième génération dans le cadre d’un vaste plan ciblant, au-delà de l’Algérie, l’Afrique et le Moyen-Orient”, a expliqué Abdelmadjid Tebboune devant des diplomates auxquels il a demandé de “la mobilisation” et des sacrifices.

Dans ce monde en mutation, l’Algérie doit orienter ses efforts vers des “partenaires stratégiques” dans chacun des continents. En Afrique, Abdelmadjid Tebboune a spécifié deux nations africaines avec lesquelles notre pays doit avoir “une relation stratégique”.

Il s’agit du Nigeria et de l’Afrique du Sud. Il a également insisté sur Cuba et le Venezuela pour la région Amérique centrale et les Caraïbes. En Europe, le chef de l’État n’a pas cité de pays, mais il a demandé aux ambassadeurs d’avoir “des relations spéciales” avec des nations qui “partagent les mêmes positions que nous”, allusion probablement à l’Italie, à l’Allemagne et à l’Espagne. Au-delà, il a également demandé à réserver un traitement spécifique aux relations entre l’Algérie et les États-Unis, la Russie et la Chine.

En revanche, il a réitéré le refus de l’Algérie de toute ingérence étrangère dans ses affaires internes, allusion à la récente sortie d’Emmanuel Macron sur la nature du système et l’histoire de la nation algérienne. “(…) Dans le cadre des relations bilatérales avec ses partenaires européens, l’Algérie ne tolérera aucune ingérence dans ses affaires internes et demeurera disposée à établir des liens fondés sur le respect mutuel et à s’engager au respect total du principe de l’égalité souveraine des États”, a-t-il prévenu.

L’Accord d’association signé en 2003 entre l’Algérie et l’Union européenne, et qui aborde dans une de ses dispositions le respect des droits de l’Homme, est-il visé par cette mise en garde ?

Lors du dernier Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune a appelé à la révision de cet Accord “clause par clause”. Au-delà de cet aspect, le chef de l’État a demandé aux ambassadeurs et consuls de mettre l’appareil diplomatique “au service de l’économie nationale”.

Il s’agit, notamment, de dénicher des opportunités qui permettront d’exporter “les produits algériens” à l’étranger. Abdelmadjid Tebboune a également demandé la mise en perspective de “l’attractivité de l’Algérie” pour les investisseurs étrangers.

Sur le plan humain, le Président a instruit les ambassadeurs d’ouvrir les représentations diplomatiques aux ressortissants algériens à travers, notamment, l’ouverture de “numéros verts” à destination des Algériens résidents à l’étranger.

Aussi, a-t-il proposé l’ouverture d’un chapitre budgétaire, afin d’offrir une assistance judiciaire aux Algériens qui se trouvent en difficulté dans leurs pays de résidence.

Sur un autre plan, le chef de l’État a mis l’accent sur l’impératif d’accorder la priorité au prochain mandat de l’Algérie en qualité de membre au Conseil de sécurité onusien, et ce, afin de contribuer aux efforts visant la préservation de la paix et de la sécurité
internationales.

“Il est nécessaire de coopérer avec les États qui partagent nos points de vue et nos positions au sujet du renforcement du rôle de l’ONU pour l’amener à s’acquitter de ses responsabilités, notamment envers les peuples palestinien et sahraoui”, a-t-il dit.

Il a également annoncé la tenue, en mars 2022, du sommet des États arabes à Alger. La rencontre, reportée depuis deux ans à cause de la pandémie de Covid-19, aura pour premier objectif la réforme de l’organisation panarabe.

Ali BOUKHLEF