L’AIS interpelle Abassi et Benhadj

CONGRÈS DE L’EX-FIS?

L’AIS interpelle Abassi et Benhadj

Houari B., L’Expression, 24 septembre 2001

Madani Mezrag, dans une très récente correspondance adressée à Abassi Madani et Ali Benhadj, rejette, une nouvelle fois, l’idée d’organiser un congrès de l’ex-FIS à l’étranger et invite les deux dirigeants de la formation islamiste dissoute à prendre leurs responsabilités pour «déjouer les manoeuvres de ceux qui, tout en se réclamant de nos rangs, nous ont fait beaucoup de mal», a révélé, en substance, l’émir national de l’ex-AIS.
Le document parvenu à notre confrère Er-raï revient sur les motivations qui ont conduit la direction du bras armé du FIS dissous à observer une trêve puis à négocier les accords portant loi sur la concorde civile.
Il estime que ce qui a été conclu (accord AIS-ANP) constitue une première, vers une solution globale, juste et équitable de la crise que connaît le pays toujours menacé dans son intégrité territoriale et son unité par «les éradicateurs que nous vous avions démasqués dans nos précédentes correspondances», révèle Madani Mezrag.
Le contenu fait une violente diatribe contre ceux qui se proclamaient de la direction de l’ex-FIS et qui, «au lieu de le servir ont servi leurs intérêts. Tout en se prétendant réconciliateurs, ils n’ont rien fait pour promouvoir ses principes ou pour assister ceux qui ont milité pour sa concrétisation», note Madani Mezrag.
Concernant les derniers attentats à l’explosif qui ont visé la capitale, l’émir national de l’ex-AIS montre du doigt les éradicateurs et les laïcs qui, «constatant l’échec de leurs desseins, ont opté pour la politique de la terre brûlée».
Revenant sur les raisons qui ont conduit son groupe à observer une trêve puis à négocier la réinsertion de ses éléments dans la vie civile, Madani Mezrag explique que c’était pour déjouer les plans des ennemis de l’Islam et du peuple et pour épargner au peuple d’autres malheurs, que «nous avons pris nos responsabilités en souscrivant à l’initiative du Président de la République, initiative plébiscitée par une large majorité du peuple», révèle le dirigeant du FIS dissous.
Evoquant les contacts de certains dirigeants du front islamique pour organiser un congrès extraordinaire à l’étranger, Madani Mezrag précisera que la situation délicate que vit le pays ne permet pas le recours à l’improvisation. «Ceux qui s’agitent pour promouvoir cette initiative, ne représentent qu’eux-mêmes. Ils ne peuvent se réclamer de la direction de l’ex-FIS qu’ils ont abandonné au moment où il avait besoin de toutes les énergies», note le document qui invite Abassi Madani et Ali Benhadj à se déterminer par rapport à cette agitation qui risque de torpiller «l’unité des rangs et d’ajouter aux malheurs des enfants du Front».
Madani Mezrag rejette l’idée d’organiser un congrès à l’étranger et met en garde les initiateurs de ce projet contre toute volonté d’opter pour la politique de la fuite en avant. «Nous rejetons cette idée et nous ferons de notre mieux pour barrer la route à ses promoteurs», déclare le document paraphé conjointement par des chouyoukh élargis, des membres de la direction de l’ex-FIS dissous, des cadres de l’AIS ainsi que des responsables du Conseil exécutif de l’ex-FIS à l’étranger.
La conjoncture internationale marquée par la mobilisation contre le terrorisme a poussé Madani Mezrag à jeter un pavé dans la mare pour barrer la route à ceux qui voulaient organiser un congrès de l’ex-FIS à l’étranger. Ali Benhadj, qui observait un silence, jusque-là, est sommé de se déterminer et d’user de tout son poids pour ne pas compromettre les chances d’un retour du FIS dissous sous une forme ou une autre sur la scène politique.
Les prochains jours risquent d’élargir le fossé entre les adversaires et les partisans de cette idée. Le temps presse pour les deux camps et la conjoncture internationale ne plaide en faveur ni d’un camp ni de l’autre. Alors, de quoi sera fait demain?