Algérie: Chronologie d’une tragédie cachée ( 11 janvier 1992 – 11 janvier 2002 )

 L’Algérie 10 ans après le putsch     Les droits humains: Un bilan désastreux 

Chronologie d’une tragédie cachée

( 11 janvier 1992 – 11 janvier 2002 )

Salah-Eddine Sidhoum, publiée par Algeria-Watch, 11 janvier 2002

Cette chronologie, loin d’être exhaustive, a été rédigée sur la base d’informations de la presse nationale et internationale, des agences de presse, des témoignages de citoyens et de faits vécus par l’auteur. Elle retrace jour après jour la tragique guerre imposée à la population par les putschistes du 11 janvier 1992 avec son lot de morts, de blessés, de souffrances et de destructions. Notre intention n’est pas de dresser une indécente comptabilité macabre mais de simplement montrer à l’opinion publique qu’une véritable guerre se déroule en Algérie, guerre que les factieux auraient voulu – par une politique de désinformation et de manipulation – mener à huis-clos et cacher au monde.

1992 1993 1994 1995 1996 1997
(jan-juin)
1997
(juil-déc)
1998
(jan-juin)
1998
(juil-déc)
1999
(jan-juin)
1999
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2000
(jan-juin)
2000
(juil-déc)
2001
(jan-juin)
2001
(juil-déc)
2002

1997

(janvier – juin)

 

Mercredi 1 janvier 1997 : Cinq citoyens décapités à Douaouda (Tipaza).

Jeudi 2 janvier 1997 : Deux citoyens égorgés à Hassasnas.

Vendredi 3 janvier 1997 : Descente d’un groupe armé dans le village de Hassi El Abd. Deux citoyens tués et de nombreux téléviseurs détruits. L’école du village est incendiée.

Samedi 4 janvier 1997 : 16 citoyens sont assassinés au village Benachour (Blida) à quelques centaines de mètres d’un campement militaire par des hommes cagoulés. Il est à noter que les citoyens de ce village avaient refusé de se constituer en milices armées selon les témoignages recueillis.

Mr Benskaïm Derradj, son fils Nabil et son frère Mohamed sont tués par un groupe armé à Birkhadem (Alger).

Le tribunal d’exception de Mascara condamne à la peine capitale par contumace 4 citoyens pour activités « terroristes ».

Dimanche 5 janvier 1997 : Massacre de 18 citoyens à la cité des Oliviers à Douaouda (Tipaza). Parmi les victimes figurent 3 enfants et 6 femmes. Cette région avait refusé comme tant d’autres à constituer des milices armées.

Quatre citoyens sont tués dans une agence immobilière de Ain Benian (Alger).

Cinq membres présumés d’un groupe armé tués lors d’une opération militaire près de Baraki (Alger).

Lundi 6 janvier 1997 : Quatre membres présumés d’un groupe armé tués à Ain Benian (Alger) par les services de sécurité. Ce groupe serait, selon la presse privée, responsable de l’assassinat de quatre citoyens tués la veille dans une agence immobilière de la ville.

Mardi 7 janvier 1997 : Explosion d’une voiture piégée au centre d’Alger, à la rue Didouche Mourad (Alger) face à la Brasserie des Facultés : 15 morts et plus de 60 blessés.

Explosion d’une bombe à Aïn Fakroun (Oum Bouaghi) : 7 morts et 11 blessés.

Violent accrochage entre militaires et les maquisards dans la région de Douaouda (Tipaza) avec participation d’hélicoptères de combat.

Bouhali Mohamed Touhami, président de la chambre des greffiers de la Cour de Jijel, tué par balles par des hommes armés.

Jeudi 9 janvier 1997 : La presse privée rapporte que de nombreux véhicules piégés ont été désamorcés dans la capitale : siège de la direction des douanes, El Madania, Bachdjarah…

Vendredi 10 janvier 1997 : Un chauffeur du quotidien gouvernemental El Moudjahid, tué par des hommes armés à Bachdjarah (Alger).

Samedi 11 janvier 1997 : Cinq jeunes filles sont égorgées à Ouled Chbel près de Bouinan (Blida).

Quatre membres présumés d’un groupe armé tués lors d’une opération militaire à Chlef.

Dimanche 12 janvier 1997 : 14 citoyens du village de Tabaïnant près de Bouinan (Blida) assassinés par un important groupe armé. Les victimes de ce massacre avaient des fils qui avaient rejoint les maquis.

Lundi 13 janvier 1997 : explosion d’une bombe près d’un marché à Larbaâ (Blida) : un mort et six blessés.

Quatre membres présumés d’un groupe armé tués par les services de sécurité à Mostaghanem.

Mardi 14 janvier 1997 : Un paysan et son fils de 12 ans tués dans une ferme de Douaouda (Tipaza).

Mercredi 15 janvier 1997 : Benrabia Rachid, policier est tué à Alger.

Cinq cadavres décapités sont découverts à Djebel Koukou (Alger) et quatre autres à Baba Ali (Blida).

Jeudi 16 janvier 1997 : Explosion d’une bombe dans un marché de Boufarik : 15 morts et 43 blessés selon les sources hospitalières.

Violent accrochage dans la Basse Casbah entre militaires et un groupe armé, ayant duré toute la nuit. Aucune information officielle n’est donnée sur les faits et sur les pertes.

Vendredi 17 janvier 1997 : 43 citoyens sont assassinés à Sidi Abdelaziz dans la région de Beni Slimane (Médéa) et 6 autres au village Bouchrahil, dans la même région. Les habitants de cette région sont connus pour leurs sympathies islamiques.

Samedi 18 janvier 1997 ; Ali Hamdi, « ministre » de la planification se tue en « manipulant » son arme de « service » selon l’agence officielle de presse.

Dimanche 19 janvier 1997 : Explosion d’une voiture piégée dans la rue Belouizdad (Alger), une heure après la rupture du jeun, dans un quartier populaire bondé de monde. Un véritable carnage se produit : 54 citoyens sont tués et 89 autres sont blessés selon un décompte des différents hôpitaux d’Alger. Les habitants du quartier dénoncent unanimement les « services ».

Six membres présumés d’un groupe armé tués lors d’une opération militaire au douar Draa, près de Mostaghanem.

Lundi 20 janvier 1997 : Une bombe explose près du Lycée Ourida Meddad d’El Harrach : pas de victimes.

Mardi 21 janvier 1997 : explosion d’une voiture piégée apparemment télécommandée au boulevard des Martyrs, sur les hauteurs d’Alger au passage du car de transport du personnel paramédical de l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja : 17 morts et plusieurs blessés.

Une voiture piégée explose dans un parking de Riad El Feth d’Alger : 2 morts et plusieurs blessés.

Mercredi 22 janvier 1997 : Quatorze personnes sont assassinées au village Benramdane près de Saoula (Tipaza).

Explosion d’une voiture piégée au lieu dit Quatre chemins situé entre Boufarik et Douéra (près du local des miliciens) : 9 morts et 30 blessés selon les sources hospitalières.

Explosion d’une bombe en pleine rue commerciale au centre-ville de Blida (Bab Dzira) : 5 morts et 47 blessés.

23 personnes massacrées à Omaria (Médéa) par un groupe armé.

Jeudi 23 janvier 1997 : Un policier et quatre membres de sa famille sont assassinés à Baraki (Alger).

Les familles Sifouane, Benmahdi et Loukal, demeurant à Haouch El Hadj de Baba Ali (Alger) sont décimées par un groupe armé. Au total 15 personnes dont 9 femmes sont assassinées.

Le vice-président de la mairie de Bachdjarah est tué près de son domicile.

Vendredi 24 janvier 1997 : 35 citoyens demeurant au douar Ouled Ali (Berrouaghia) sont assassinés par un groupe armé.

Le général Zeroual au cours d’un discours à la Nation suite aux massacres perpétrés dans les villages et aux explosions de voitures piégées dans la capitale, montre du doigt les signataires de l’Appel pour la Paix et du Contrat de Rome et les accuse de « conspiration avec l’aide de forces étrangères ». Faute de trouver une solution politique au drame algérien, il promet l’extermination des groupes « terroristes ».

Samedi 25 janvier 1997 : Un groupe d’associations féminines communistes se voit interdire de déposer une gerbe de fleurs sur le lieu de l’attentat de Belouizdad (Alger).

Abdelkader Hachani, ingénieur et homme politique entame sa cinquième année de détention arbitraire sans jugement au bagne de Serkadji.

Dimanche 26 janvier 1997 : Mlle Zenoun Amel, étudiante en droit est tuée à un barrage dressé par un groupe armé près de Sidi Moussa (Alger).

Mr Rabhi Saïd, chauffeur d’un responsable du RCD est tué à Kouba.

Les représentants de partis et d’organisations signataires de « l’Appel pour la Paix » sont interdits par les forces de sécurité de se recueillir sur le lieu de l’attentat de Belouizdad (Alger).

Lundi 27 janvier 1997 : l’hebdomadaire El Kilaa de Tébessa est interdit de parution et son matériel saisi sans explication.

Un inspecteur de police tué au quartier Savignon d’Oran par des hommes armés.

Mardi 28 janvier 1997 : Le jeune Boumezbar Abdelghani âgé de 21 ans est découvert décapité à Frais Vallons (Alger). Son père, chauffeur de taxi et son frère policier, avaient été tués le 19 avril 1995.

Explosion d’une bombe près d’un café à Oued El Alleug (Blida) : quatre citoyens tués et plus de quinze blessés.

Explosion d’une bombe dans un marché de Blida : 15 morts et près de 30 blessés.

Abdelhak Benhamouda, président du comité national de sauvegarde de l’Algérie (CNSA) et secrétaire général du syndicat des travailleurs (UGTA) tué ainsi que son garde du corps et un vigile à sa sortie du siège du syndicat à la place du 1er Mai. Agonisant, il aurait soufflé à l’un de ses collaborateurs : « ils nous ont trahi ». La presse éradicatrice s’empresse d’accuser un groupe armé dénommé FIDA (Front Islamique du Djihad Armé).

Mercredi 29 janvier 1997 : Huit citoyens dont un bébé, sont assassinés dans une ferme de Sidi Kaddour située à Sidi Moussa (Alger). Selon des habitants de la région les locataires de cette ferme seraient suspectés d’apporter une aide logistique aux maquisards islamiques.

Jeudi 30 janvier 1997 : Un général en retraite, Habib Khelil est tué près de son domicile du quartier Saint Hubert à Oran.

Vendredi 31 janvier 1997 : Le quartier de Ktiten situé dans la ville de Médéa est attaqué par des dizaines d’hommes cagoulés et armés. Trente cinq personnes dont des femmes et des enfants ont été assassinés et certains horriblement mutilés. Les citoyens de cette région avaient refusé de constituer des milices armées et basculer dans la guerre civile.

Les citoyens de la ville de Médéa, connus pour leurs sympathies islamiques sont terrorisés. Des comités de citoyens, armés de couteaux et de pioches montent des gardes nocturnes pour se protéger. D’autres fuient la ville.

Samedi 1er février : Le Département d’Etat américain appelle ses ressortissants à éviter de se rendre en Algérie et invite ceux qui s’y trouvent de la quitter en soulignant que le niveau des risques en Algérie est extrêmement élevé.

Sept citoyens d’un domaine agricole (Haouch Louz) situé à Larbaâ (Blida) tués par un groupe armé.

Dimanche 2 février 1997 : Vaste opération de police au niveau de la cité La Montagne (Hussein Dey): 19 citoyens sont arrêtés.

Lundi 3 février 1997 : Neuf personnes d’une même famille connue pour ses sympathies islamiques sont assassinées dans des conditions horribles à Benchikao (Médéa)

Mardi 4 février 1997 : Trois citoyens dont deux femmes sont assassinés au niveau d’un barrage dressé par un groupe armé à Aïn Hadjar, près de Saïda.

Mercredi 5 février 1997 : Embuscade meurtrière contre un convoi militaire, dans la région de Jijel : 17 morts.

Jeudi 6 février 1997 : Douze cadavres sont découverts par les citoyens à la sortie de la ville de Sidi Bel Abbés.

Vendredi 7 février 1997 : Un citoyen, Madani Mohamed âgé de 52 ans, ancien footballeur, est tué à sa sortie de la Mosquée de Kouba par un groupe armé.

Un fonctionnaire de la mairie de Bordj El Bahri (Alger) grièvement blessé par balles.

Explosion d’une bombe à Bougara (Blida) : 2 morts. Il s’agirait des porteurs de la bombe.

Samedi 8 février : 14 personnes massacrées dans la région des Eucalyptus (Alger).

Des hommes armés tirent sur des citoyens sortant de la mosquée de Meftah (Blida) après la prière de l’Aid : 2 morts et une dizaine de blessés.

Un citoyen, son épouse et leur bébé massacrés au Beaufraisier, sur les hauteurs d’Alger.

Dimanche 9 février 1997 : Six citoyens tués par un groupe armé à Oued Senane.

Mardi 11 février 1997 : Amnesty International condamne les massacres de civils perpétrés quotidiennement et demande à ce que des enquêtes approfondies et transparentes soient menées et de s’assurer que les responsables de ces atrocités soient traduits en justice.

Jeudi 13 février 1997 : Violent accrochage en pleine capitale (place du 1er mai) entre deux hommes armés retranchés dans un appartement avec leur famille et des militaires. L’accrochage qui a duré 7 heures s’est soldé par la mort des deux hommes armés, de deux femmes et deux enfants âgés de 12 et 7 ans qui se trouvaient dans l’appartement. La presse éradicatrice annoncera triomphalement l’anéantissement de 6 « terroristes ».

Dimanche 16 février 1997 : Explosion d’une bombe au passage d’un train à Boufarik (Blida) : un citoyen tué.

Massacre de deux familles du douar El Karrech (Blida) qui avaient refusé de se constituer en milices. L’une des familles a été brûlée vive dans sa chaumière suite à l’incendie provoqué par le groupe armé : 33 personnes périssent dans ce massacre.

Lundi 17 février 1997 : Cinq cadavres sont découverts dans la ville de Saïda.

Un important ratissage allant de Médéa à Larbaâ en passant par Bougara, Zeralda, Chréa, utilisant des forces héliportées et des miliciens. Cette opération a été déclenchée suite à l’attaque d’une caserne située à Megtaa Kheira par les maquisards islamiques avec la mort de plus de 20 morts et le dérobement d’une importante quantité d’armes. Le ratissage dure plus d’une semaine. Près de 200 cadavres de citoyens présumés « terroristes » seront exposés dans plusieurs de ces localités selon les témoignages d’habitants de la région.

Mercredi 19 février 1997 : Important ratissage de militaires et de miliciens dans la forêt de Magtaa Kheira (zone limitrophe entre les régions de Blida et de Tipaza). Vingt trois cadavres de citoyens présumés « terroristes » sont exposés sur les places publiques.

Abdelkader Hadj Benaamane, journaliste de l’APS, arrêté en février 1995 et condamné à trois ans de prison pour avoir divulgué le lieu de détention de Ali Benhadj, bénéficie d’une libération conditionnelle.

Mardi 18 février 1997 : Un enfant de deux ans, Lotfi Sadek Belabbès est kidnappé près de son domicile au quartier de Belouizdad. Il est retrouvé mort et mutilé le lendemain dans la forêt d’El Anassers. Les parents et les voisins attribuent ce crime crapuleux à une bande de voyous et de délinquants du quartier. La presse éradicatrice accuse les « islamistes » d’être les auteurs de cet acte criminel. L’assassin qui n’avait rien à voir avec les islamistes est arrêté peu de temps après.

Mercredi 19 février 1997 : La presse privée et la télévision d’Etat annoncent la mise à prix des têtes des chefs « terroristes ». Les primes varient entre 50 et 500 millions de centimes.

Jeudi 20 février 1997 : Dans une interview accordée au quotidien El Hayat de Londres, Mahfoud Nahnah, président du parti Hamas déclare que 115 militants de son parti auraient été assassinés depuis le déclenchement de la guerre.

Cinq cadavres de citoyens enlevés la veille lors d’une rafle sont retrouvés à Larbaâ (Blida).

Une citoyenne, enseignante de profession, tuée dans la Casbah d’Alger.

Vendredi 21 février 1997 : Cinq citoyens d’une même famille connue pour ses sympathies islamiques sont assassinés et affreusement mutilés par un groupe armé à Laghouat.

Cinq cadavres de jeunes citoyens sont découverts sur la route du Frais Vallon (Alger).

Trois femmes sont tuées à Bouzaréah (Alger) par des hommes armés.

Samedi 22 février 1997 : Six membres d’une famille demeurant à Tablat (Médéa) et dont le fils avait rejoint les maquis islamiques sont assassinés par un groupe armé.

Dimanche 23 février 1997 : 18 personnes dont 17 jeunes sont assassinés à un barrage dressé par un groupe armé près de Saïda sur l’axe Alger-Béchar.

Lundi 24 février 1997 : La télévision algérienne présente après le journal de 20 heures les « aveux » d’un jeune citoyen nommé Médjahed Rachid âgé de 30 ans, universitaire qui déclare avoir assassiné le président du Comité national de sauvegarde de l’Algérie (CNSA) et secrétaire général de l’UGTA, Abdelhak Benhamouda. Il déclarera n’appartenir ni au GIA ni au FIDA et avoir agit de manière autonome avec un groupe de quatre personnes. L’œil gauche au « beurre noir », siège d’une importante ecchymose suite à la torture, il déclarera avoir été « bien traité » par les services de sécurité, exprimera ses « regrets » à la famille de la victime et lancera un appel aux groupes armés pour déposer les armes. Ce citoyen sera exécuté sommairement quelque temps après ses « aveux ». Il est à noter que la presse éradicatrice s’empressera d’attribuer l’attentat à un groupe armé dénommé FIDA qui aurait revendiqué l’action selon un communiqué non authentifié. Les milieux syndicalistes proches de la victime attribuent l’assassinat de Benhamouda à un clan du pouvoir. La victime devait créer incessamment un parti politique en vue des « élections » législatives.

Une bombe explose au marché du bétail de Boufarik (Blida) : un citoyen tué et une dizaine d’autres blessés.

Jeudi 27 février 1997 : explosion à l’intérieur du cinéma El Mouggar d’Alger. Un important incendie ravage la salle après la déflagration : 6 citoyens blessés.

Dimanche 2 mars 1997 : Accrochage entre un groupe armé et des miliciens à Khemis El Khechna (Boumerdés) : 5 morts.

Cinq membres présumés d’un groupe armé tués lors d’une opération militaire à Haimer, près de Batna.

Lundi 3 mars 1997 : une bombe explose à Ouled El Alleug (Blida) près d’un café fréquenté par des miliciens : quatre citoyens blessés.

Mercredi 5 mars 1997 : Vaste rafle policière dans les quartiers populaires de Blida, Oued Yaïch et Beni Merad. Plus de 40 citoyens dont plusieurs femmes ont été arrêtés.

Vendredi 7 mars 1997 : Explosion d’un véhicule piégé devant la cité et le commissariat de police de Larbaâ (Blida) suivie d’une embuscade tendue par les maquisards aux policiers arrivés en renfort : de nombreux morts et blessés sont à relever. Cet attentat est passé sous silence par les autorités.

Lundi 10 mars 1997 : explosion d’un véhicule piégé devant le commissariat de police de Sidi Moussa (Alger). Nombreux morts et blessés. Aucune information officielle n’est donnée.

Mardi 11 mars 1997 : Trois membres présumés d’un groupe armé tués par les services de sécurité à Bab Ezzouar (Alger).

Mercredi 12 mars 1997 : Douze membres présumés d’un groupe armé tués à Beaufraisier (Alger) lors d’une opération militaire.

Samedi 15 mars 1997 : embuscade contre une patrouille militaire à la Casbah d’Alger : 5 militaires tués. Déclenchement d’une vaste opération de ratissage dans ce quartier. Sept cadavres de citoyens sont retrouvés dans les ruelles.

Violents accrochages dans la région de Mascara entre des maquisards et l’armée. Utilisation de l’aviation. De nombreux morts seraient à déplorer de part et d’autre mais aucun bilan précis n’a pu être obtenu.

Dimanche 16 mars 1997 : voiture piégée contre le local de la milice armée de Saïda : 7 morts.

Lundi 17 mars 1997 : une série d’explosions secoue la capitale et plus particulièrement Kouba : voiture piégée près de l’Ecole Nationale Supérieure, à la cité Coopemad et à la bretelle d’autoroute : 11 morts et 23 blessés.

Mardi 18 mars 1997 : accrochage entre des militaires et des maquisards dans la région montagneuse de M’sila selon de nombreux témoignages. Aucun bilan officiel n’est donné.

Mercredi 19 mars 1997 : Cinq membres présumés d’un groupe armé tués au quartier Zaroura de Tiaret.

.Jeudi 20 mars 1997 : la famille du citoyen Saddouki Abdallah, militant islamique recherché par la police, annonce le kidnapping de leur fils au niveau de la Casbah le 9 mars et s’inquiète de son sort.

Huit cadavres déchiquetés sont découverts à Naciria (Boumerdés).

Violent accrochage sur les hauteurs d’Alger (El Madania) entre des policiers et des éléments d’un groupe armé : cinq morts.

Des informations font état d’une embuscade contre un convoi militaire près de Boghni (Tizi-Ouzou). Près d’une trentaine de victimes serait à déplorer.

Samedi 22 mars 1997 : sept femmes sont tuées par un groupe armé à Ouzra (Médéa).

Dimanche 23 mars 1997 : 32 personnes dont 14 femmes sont sauvagement mutilées puis tuées à Ouled Antar (Ksar Boukhari).

Un communiqué des services de sécurité annonce la mort de Yahia Rihane dit Krounfel, lors d’un accrochage à Kouba (Alger). Il avait été présenté dans la presse comme étant l’un des « responsables » des attentats de Paris durant l’été 1995.

Lundi 24 mars 1997 : cinq jeunes filles tuées à Berrouaghia par un groupe armé.

.Mercredi 26 mars 1997: Un communiqué des services de sécurité annonce la mort de Abdallah Saddouki « au cours d’un accrochage à Bab El Oued ». Il est à rappeler que ce citoyen avait été kidnappé le 9 mars près de son domicile par la police politique. Il avait été atrocement torturé avant d’être exécuté sommairement selon le témoignage de ses proches.

Jeudi 27 mars 1997 : explosion d’une voiture piégée devant un bar du littoral-est d’Alger à la Marsa (Bordj El Bahri) : cinq morts et plus de trente blessés.

Explosion d’une voiture piégée devant une cité de la police à Sig (Oranie) : 2 morts et 17 blessés.

Violent accrochage en plein centre d’Oran entre des militaires et des maquisards : la presse rapporte le chiffre de 7 morts.

Quatorze éléments présumés d’un groupe armé tués dans la région de M’Sila selon la presse privée.

Vendredi 28 mars 1997 : Sept éléments présumés d’un groupe armé tués à Oran. Il s’agirait des auteurs de l’assassinat du général en retraite Habib Khelil en janvier dernier.

Samedi 29 mars : Vaste opération de ratissage dans les maquis de Sidi Ali Bounab (Tizi Ouzou) avec participation d’hélicoptères de combat.

Mardi 1er avril 1997 : Des informations concordantes rapportent que des civils armés à Alger et Blida interpellent des citoyens à la sortie des mosquées pour leur raser la barbe de force et menacent de mort les femmes portant le voile.

Mercredi 2 avril 1997 : une organisation humanitaire allemande d’aide aux réfugiés politiques (Pro Asyl) divulgue un protocole d’accord entre le gouvernement allemand et le pouvoir militaire d’Alger pour l’expulsion de près de 6500 réfugiés politiques algériens et de la possibilité de participation de policiers algériens à l’opération d’extradition. Cette organisation dénonce « la coopération entre l’Etat allemand et le régime terroriste d’Alger ».

Violents accrochages entre l’armée et des maquisards dans la région de Sidi Al Bounab près de Dra El Mizan. Des hélicoptères bombardent les maquis durant trois jours.

Jeudi 3 avril 1997 : 13 personnes sont tuées par un groupe armé au village de Aïn El Hadid (Tiaret).

Au village Thalit près de Ksar Boukhari (Médéa), un groupe armé massacre plus de cinquante citoyens dont des femmes et des enfants.

A Sidi Naâmane (Tizi Ouzou), cinq citoyens sont tués par un groupe armé.

A Harbil (Petite Kabylie), quatre citoyens sont tués par un groupe armé.

Quatre citoyens tués à un barrage dressé par un groupe armé sur la route Aïn Bessem – Beni Slimane (Médéa). .

Le chef de la zaouïa de Sidi Abdelkrim de Saida et son neveu tués par un groupe armé.

Vendredi 4 avril 1997 : A Amroussa près de Chebli (Blida), deux familles composées de quinze membres dont sept femmes et trois enfants sont exterminées par un groupe armé. La rumeur parle d’escadrons de la mort déguisés en islamistes.

A Staouéli (Tipaza), une famille composée de quatre personnes est décimée par un groupe armé.

Samedi 5 avril 1997 : 12 citoyens dont 7 femmes sont tués par un groupe armé à Bouinan (Blida). Ces familles sont connues pour apporter un soutien logistique aux maquisards selon les témoignages recueillis.

Un groupe armé intercepte un camion à un barrage dressé dans les gorges de la Chiffa (Blida) : les sept occupants sont tués.

Dimanche 6 avril 1997 : 12 citoyens sont tués par un groupe armé à El Merchiche (Tlemcen).

Quinze personnes massacrées par un groupe armé à Ain Lehdid (Tiaret).

Mercredi 9 avril 1997 : Des avocats dignes et courageux alertent l’opinion publique internationale et les organisations des droits de l’homme au sujet de l’exécution sommaire du citoyen Médjahed Rachid, étudiant de 30 ans qui avait été présenté le 24 février 1997 à la télévision faisant des « aveux » sur l’assassinat de Benhamouda, président du CNSA et secrétaire général de l’UGTA. En effet, les parents de cet étudiant avaient été convoqués au début du mois d’avril par la police pour voir le cadavre de leur fils, criblé de balles à la morgue de l’hôpital de Blida. Son corps avait été déposé à la morgue le 27 février 1997, soit trois jours après ses « aveux » télévisés.

Jeudi 10 avril 1997 : Dembri, « ambassadeur » du pouvoir militaire d’Alger auprès de la mission permanente de l’ONU à Genève déclare devant la commission des droits de l’homme de l’ONU que « les dirigeants d’Amnesty International ignorent le droit » et se permet de donner un cours en sciences juridiques et sur les droits de l’homme à ces mêmes dirigeants. Il menace à la fin de son exposé de déposer « une requête en suspicion légitime » quant aux origines des financements de cette illustre organisation. Dembri donne des leçons de démocratie, de gestion financière et de respect des droits de l’homme à l’Humanité.

Vendredi 11 avril 1997 : arrestation du directeur du journal El Oumma, interdiction de parution du quotidien et saisie de l’imprimerie privée.

Une voiture piégée explose devant le local de la milice de Haouch Gros (Boufarik) : cinq personnes tuées.

Dans la même nuit, un massacre qui ressemble étrangement à des représailles est perpétré contre un village avoisinant (village Menaa, Boufarik) : 23 citoyens sont tués sauvagement dont 12 femmes et 6 enfants.

Cinq membres présumés d’un groupe armé tués par les services de sécurité dans la région de Dellys (Boumerdés).

Samedi 12 avril 1997 : arrestation du journaliste Aziz Driss Bouabdallah du quotidien arabophone El Alem Essiyassi (Le monde politique) à son domicile par des civils armés. Ce quotidien est connu pour ses positions pour la paix et la réconciliation.

Violents accrochages entre des troupes héliportées de l’armée et des groupes de maquisards dans la région de Chebli (Blida). De nombreux morts et blessés sont à déplorer de part et d’autre. La zone montagneuse est bombardée durant toute l’après-midi par des hélicoptères lance-roquettes.

Dimanche 13 avril 1997 : Trente deux citoyens sont massacrés par un groupe armé à la ferme Chaïb de Chebli (Blida). Des femmes auraient été enlevées par les assaillants.

Violent accrochage entre des militaires et un groupe armé en pleine capitale, à la cité Jolie Vue (Kouba) : de nombreux morts sont à déplorer de part et d’autre selon les témoignages des habitants de la cité.

Deux civils dont un maire adjoint tués à Ain Lechiakh, près de Blida.

Mardi 15 avril 1997 : six explosions secouent la capitale et ses environs. Aucune information officielle n’est apportée à leur sujet. Des témoins de la banlieue sud affirment qu’il s’agirait de bombardements par des hélicoptères de la région de Meftah et de Chebli.

Deux citoyens tués dans la localité de Tazout (Tizi Ouzou) par un groupe armé.

Mercredi 16 avril 1997 : Explosion d’une bombe dans un marché de Blida : Sept citoyens tués et plus de vingt autres blessés.

Jeudi 17 avril 1997 : explosion d’une bombe au cimetière Mezghiche de Blida : une dizaine de citoyens sont blessés en ce jour de l’Aïd El Adha.

Vendredi 18 avril 1997 : La famille de Aziz Driss Bouabdallah et l’organisation internationale Reporters sans frontières s’inquiètent du sort de ce journaliste. Sa famille angoissée, ignore le lieu de sa détention.

Lundi 21 avril 1997 : un groupe armé et à cheval investit la ferme dite Haouch Boughelaf, située à l’entrée de Bougara (Blida) et procède à l’horrible massacre de 120 personnes (dont des dizaines de femmes et d’enfants). Il est à noter qu’à quelques cent mètres de cette ferme, se trouvent un campement de militaires, le local de la milice et la brigade de gendarmerie. Malgré cela, la bande criminelle occupe la ferme durant toute la nuit jusqu’à l’aube, perpétrant en toute quiétude ses crimes. Ni les cris des victimes ni les tirs et les explosions n’auront « réveillé » les militaires et les miliciens.

Explosion d’une bombe au passage d’un train à la Chiffa (Blida) : un mort et douze blessés.

Cinq citoyens sont tués à un barrage dressé par des hommes armés sur la route Berrouaghia- Khemis Miliana.

Explosion d’une villa et d’une voiture piégées lors de l’arrivée de militaires à Baraki (Alger) : plus de vingt morts et une dizaine de blessés.

Mercredi 23 avril 1997 : 42 citoyens massacrés dans la localité d’Omaria (Médéa).

Vendredi 25 avril 1997 : Explosion d’une bombe au passage d’un train au Gué de Constantine (El Harrach) : 21 citoyens trouvent la mort et 31 autres sont blessés

La famille du journaliste Aziz Driss Bouabdallah déclare être sans nouvelles de leur fils depuis son arrestation. Il serait séquestré selon des informations non confirmées recueillies auprès de ses collègues dans une caserne de la banlieue sud d’Alger.

Dimanche 27 avril 1997 : embuscade meurtrière contre une patrouille militaire à Sidi Moussa (Alger) : 10 militaires tués.

Lundi 28 avril 1997 : Lounas Saad, directeur du quotidien El Oumma est condamné à 30 mois de prison ferme après que le journal ait été interdit de parution et l’imprimerie saisie. Officiellement, le directeur « aurait libellé un chèque sans provision « . Pour le collectif du journal interdit il s’agirait « d’un règlement de compte politique punitif en raison de la ligne éditoriale du quotidien qui prônait la paix et la réconciliation ».

Sept cadavres sont découverts dans la commune de Moulay Larbi (Saïda). Il s’agirait de malheureux bergers.

Mardi 29 avril 1997 : explosion d’une bombe dans un centre de formation professionnelle de Bachdjarah (Alger) : cinq citoyens sont blessés.

Mercredi 30 avril 1997 : Deux policiers sont tués à Bouzaréah (Alger).

Un policier tué à la place du 1er mai à Alger et un autre à Bab El Oued.

Vendredi 2 mai 1997 : Deux voitures piégées explosent devant les hôtels le Sahara et Farah de la station thermale de Bouhanifia (Mascara) : 14 citoyens tués et plus de trente blessés.

A son retour d’une visite en Algérie, Patrick Baudouin, président de la fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) dénonce « le mensonge des autorités algériennes quant à la situation réelle des droits de l’homme en Algérie ».

Mardi 6 mai 1997 : attentat criminel devant le Lycée Frantz Fanon de jeunes filles de Bab El Oued (Alger). L’explosion d’une bombe provoque la mort de cinq lycéennes à quelques semaines des examens.

Une bombe est désamorcée à la place Audin en plein centre d’Alger

Samedi 10 mai 1997 : Djaffar Ouahioune, chef de la milice armée de Tassaft (Kabylie) et militant du RCD est tué ainsi que son garde-corps Kamal Aït Hammouda par cinq hommes armés déguisés en gendarmes, au lycée de Benni Yenni où il enseigne les mathématiques.

Un communiqué du Mouvement pour la jeunesse et la démocratie (parti participant à l’assemblée non élue du CNT) annonce la mort de deux de ses militants, Zerhouni Abdelkader et Nourreddine Ziad, candidats aux  » élections » législatives. Ils auraient été interceptés à un barrage dressé par un groupe armé. Le ministère de l’Intérieur dément que les deux victimes soient des candidats aux  » élections ».

Dimanche 11 mai 1997 : Alger est secouée durant la journée par une série d’explosions.

Explosion d’une bombe dans une discothèque du parc zoologique de Ben Aknoun : un citoyen trouve la mort et vingt et un autres sont blessés.

Explosion d’une voiture piégée devant le Lycée français de Ben Aknoun (fermé depuis 1994) : un citoyen est tué et neuf autres sont blessés.

Explosion d’une voiture piégée devant le ministère de la « justice » à El Biar : deux citoyens sont tués et dix neuf blessés.

Explosion d’une voiture piégée près d’un bar-restaurant Le Méditerranéen à Bordj El Kiffan (à 15 Km d’Alger). Selon des sources hospitalières, quatorze citoyens auraient été tués et plus d’une trentaine d’autres blessés.

A Médéa, explosion d’une bombe qui fait deux morts et plus de dix blessés.

Lundi 12 mai 1997 : le ministère de l’Intérieur britannique décide de suspendre les expulsions d’algériens exilés sur son territoire suite aux allégations de mort sous la torture le 6 mai à Alger d’un jeune policier algérien de 25 ans, Mourad Amara, expulsé en avril par les autorités anglaises. Il s’avérera par la suite que ce citoyen est toujours en vie.

Alger est secouée à la mi-journée par une violente explosion. Aucune information officielle ne permet de localiser le lieu de l’attentat.

Mercredi 14 mai 1997 : le gouvernement allemand suspend sa décision d’expulser 6500 citoyens algériens réfugiés en Allemagne, qui avaient fuit la dictature sanguinaire d’Alger. Cette décision de suspension est le fruit d’une campagne de dénonciation et de protestation entamée par de nombreuses organisations humanitaires et des droits de l’homme.

Anouar Haddam, député du FIS et président de la délégation parlementaire en exil, menace d’entamer une grève de la faim après plus de cinq mois d’incarcération arbitraire dans une prison de Washington. Il avait été arrêté le 6 décembre 1996.

Violents accrochages entre des militaires et un groupe de maquisards dans les maquis de Youb (Saïda). L’armée utilisera des mortiers et des hélicoptères de combat. Plus de 20 morts seraient à déplorer de part et d’autre.

Vingt neuf personnes dont une dizaine d’enfants et de femmes sont tués après avoir été atrocement mutilés dans la ferme Faner (Chebli. Blida) par un groupe armé. Il s’agirait du même groupe qui sévirait depuis octobre 1996 dans la région de la Mitidja et qui a son actif depuis, plus de 800 innocentes victimes.

Jeudi 15 mai 1997 : Les interventions à la télévision de Louisa Hannoune (parti des travailleurs) et de Seddik Debaïli (FFS) sont censurées par la commission nationale « indépendante » de surveillance des « élections » législatives pour avoir qualifié de coup d’Etat l’interruption des élections de décembre 1991.

Ahmed Ouyahia, « chef du gouvernement », tient un meeting « électoral » dans un cinéma de Bab El Oued (Alger). Ce quartier est bouclé dès les premières heures de la matinée par un impressionnant service de sécurité. Toute circulation automobile aux alentours du cinéma est interdite. L’assistance est constituée d’employés et de fonctionnaires des administrations ramenés par bus. Ouyahia est flanqué du chef de la milice armée de Lakhdaria (Bouira).

Vendredi 16 mai 1997 : violents accrochages entre l’armée et des groupes de maquisards à Tissemsilt. De nombreux morts seraient à déplorer.

Quatre personnes dont trois femmes tuées dans la région de Bou Saada (M’Sila).

La famille Haouchine constituée de 4 personnes et demeurant dans une ferme isolée de Sidi Moussa (Alger) est assassinée par un groupe armé.

Samedi 17 mai 1997 : explosions de 2 bombes au niveau du siège de la daïra et de l’hôtel des finances de la ville de Chlef.

Dimanche 18 mai 1997 : la capitale est secouée durant toute la journée par de nombreuses explosions saccadées. Il s’agirait selon des informations concordantes de bombardements des montagnes de Meftah, Oued Slama et de Larbaâ (Blida).

Lundi 19 mai 1997 : des affiches de portraits de citoyens recherchés par les services de police sont placardées sur les murs de certains quartiers de la capitale avec l’inscription : criminels recherchés. Des primes allant de 1 000 000 DA à 4 500 000 DA sont offertes à tout indicateur de la cache de ces personnes recherchées.

Cinq citoyens sont tués à un barrage dressé par des hommes armés sur l’axe Tlemcen-Nédroma.

Mardi 20 mai 1997 : Abdelkader Hachani, ingénieur en pétrochimie et homme politique détenu arbitrairement depuis janvier 1992 à la prison de Serkadji, et sans jugement depuis, entame sa onzième grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention et exiger son jugement. Il est à noter que cet homme politique est mis en isolement depuis plus de cinq années, interdit de promenade et de contact avec les autres détenus. Les visites familiales lui sont fréquemment interdites et de manière arbitraire.

Mercredi 21 mai 1997 : La commission nationale dite de surveillance des « élections » législatives se transforme en commission nationale de censure. Plus de 600 plaintes de partis politiques sont déposées auprès de cette commission qui continue à faire la sourde oreille à leurs doléances. Son rôle se limite à surveiller les interventions télévisées du FFS et du parti des travailleurs.

Deux organisations de défense de la presse (américaine et anglaise) dénoncent les restrictions et les entraves rencontrées par la presse lors de cette supercherie électorale.

Anouar Haddam président de la délégation parlementaire du FIS en exil entame dans sa prison de Virginie (USA) une grève de la faim réclamant un statut de réfugié politique.

Trois citoyens sont tués à un barrage dressé par des hommes armés sur l’axe Tlemcen-Nédroma.

Cinq cadavres mutilés sont retrouvés au lieu dit Sidi Moussa (Tlemcen).

Violents accrochages entre un groupe de maquisards et l’armée dans la commune d’El Maâlab (Tissemsilt). Un ratissage s’en suit avec utilisation d’hélicoptères de combat. De nombreux morts et blessés sont à déplorer de part et d’autre.

Jeudi 22 mai 1997 : une voiture piégée explose près de la mairie et d’un café fréquenté par les miliciens de Boufarik (Blida) : 18 morts sont dénombrés de source hospitalière et plus de 50 blessés.

Les cadavres de trois citoyens égorgés dont deux enfants sont retrouvés à Bensalah (Blida).

Deux personnes dont une fillette tuées au mont Chenoua (Tipaza).

Vendredi 23 mai 1997 : Deux voitures piégées explosent à quelques minutes d’intervalle à Tlemcen, près de l’hôtel El Maghreb où siège la commission locale de surveillance des  » élections » législatives : 15 morts et plus de 45 blessés.

Quatre citoyens tués par un groupe armé près de Boufarik (Blida).

Neuf membres présumés d’un groupe armé tués lors d’une opération militaire à Takhoukht (Tizi Ouzou).

Samedi 24 mai 1997 : explosion d’une bombe au niveau de la brasserie La Rotonde, située près de l’Assemblée Nationale, à Alger) : 12 citoyens sont blessés dont 4 grièvement.

Neuf membres présumés d’un groupe armé dont une femme tués lors d’une opération militaire à Benzerga (Alger).

Dix huit têtes sans corps retrouvées sur la route de Maabad (Djelfa).

Dimanche 25 mai 1997 : Deux citoyens tués par un groupe armé à Ksar Boukhari (Médéa).

Lundi 26 mai 1997 : une famille de huit personnes massacrée par un groupe armé au village Djebabra (Médéa).

Mardi 27 mai 1997 : Vaste opération de ratissage dans les maquis de l’Ouarsenis, dans l’ouest du pays, avec la participation d’hélicoptères de combat.

Mercredi 28 mai 1997 : Sebata Khaled, haut-fonctionnaire du premier ministère tué à Alger.

Jeudi 29 mai 1997 : assassinat de 14 personnes à Bakoura, près de Cherchell, et de 5 autres à Médéa.

Explosion d’une bombe au centre de la ville de Chlef, près d’une banque : pas de victimes mais dégâts matériels importants.

Explosion d’une bombe au marché de véhicules d’occasion de Tidjelabine (Boumerdés) : 3 personnes sont légèrement blessées.

Ouyahia, « chef du gouvernement » et le chef de la milice de Zbarbar, candidats à la « députation » tiennent un meeting électoral avec les miliciens de Lakhdaria au stade de la ville.

Samedi 31 mai 1997 : explosion de deux bombes dans la capitale, au niveau du cinéma Casino et d’une pizzeria de la rue Ben M’hidi (Alger) : 3 morts et 25 blessés selon des sources hospitalières.

Dimanche 1er juin 1997 : explosion de deux bombes dans des bus de la capitale, l’une à la place des Martyrs (7 morts et 54 blessés), l’autre au niveau de la rue Ghermoul (6 morts et 26 blessés).

Lundi 2 juin 1997: explosion d’une bombe dans un marché de la Casbah d’Alger faisant selon les sources hospitalières 10 morts et plus de 50 blessés.

Mardi 3 juin 1997 : La fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) dénonce dans un rapport les graves atteintes aux droits de l’homme en Algérie en mettant en exergue les milliers de cas de disparitions et d’exécutions sommaires.

Le Haut Commissariat aux Réfugiés lance un appel aux autorités allemandes pour surseoir à l’extradition des 6500 réfugiés politiques algériens.

L’instance exécutive du FIS à l’étranger demande la création d’une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur les derniers attentats visant les civils innocents de la capitale et pour démasquer les véritables commanditaires de ces crimes ignobles.

Mercredi 4 juin 1997 : violent accrochage entre des maquisards et l’armée à Tlemcen : 17 militaires et 3 maquisards sont tués.

11 citoyens sont tués à Tipaza par un groupe armé.

Déploiement de plus de 300 000 militaires, policiers et miliciens sur le territoire national à la veille des « élections » législatives.

Jeudi 5 juin 1997 : « Elections » législatives sous très haute surveillance militaro-policière. Très fort taux d’abstention. Selon des sources fiables, le taux avoisinerait les 45%. Au niveau de la capitale, seuls 36% des inscrits auraient voté.

Les résultats sont sans surprise : le parti du RND créé par le pouvoir militaire et né il y a peine 3 mois rafle la majorité des sièges (155) suivi de loin par le parti Hamas (69 sièges seulement).

De nombreux partis d’opposition (FFS, Nahda, PT) et ceux proches du pouvoir militaire (Hamas, RCD, FLN) dénoncent des fraudes massives.

Explosion d’une bombe au passage d’un véhicule emprunté par des membres de la commission de surveillance des « élections » à Djelfa : 2 passagers sont grièvement blessés.

Un membre présumé d’un groupe armé tué et un autre blessé à Tipaza.

Samedi 7 juin 1997 : les « observateurs » internationaux des pays totalitaires (Ligue arabe et Organisation de l’Unité Africaine) se « félicitent » du bon déroulement des « élections » et de la « transparence » du scrutin.

Dimanche 8 juin 1997 : les observateurs internationaux européens critiquent dans leur rapport le déroulement des « élections » en insistant sur de nombreuses irrégularités particulièrement la pression exercée par les éléments armés et l’absence de neutralité de l’administration.

Lundi 9 juin 1997 : violent accrochage entre éléments de groupes armés et l’armée dans la Casbah d’Alger. Une maison est bombardée au lance-roquettes. Quatre citoyens sont brûlés vifs.

Assassinat de six personnes d’une même famille dont deux femmes par un groupe armé non identifié à Tadjenan (Chlef).

Mardi 10 juin 1997 : le pouvoir militaire procède à la dissolution du Mouvement pour la Démocratie en Algérie (MDA) fondé par Ahmed Ben Bella. Ce parti ayant refusé de se conformer à la nouvelle loi camisole sur les partis politiques.

Dix sept citoyens auraient été assassinés par un groupe armé dans la daïra de M’djedel (M’sila) selon le quotidien El Watan.

Mercredi 11 juin 1997 : Le ministère de la défense tchèque annonce la vente à l’armée algérienne de 100 chars T72.

Embuscade meurtrière contre une patrouille de l’armée à Sidi Ali Bounab (Draa el Mizan) : 6 militaires tués.

Violent accrochage entre maquisards et militaires à Chlef. De nombreuses victimes seraient à déplorer de part et d’autre.

Des maquisards attaquent le cantonnement de la milice de Khemis El Khechna (Boumerdés) : 28 miliciens sont tués selon des habitants du village.

Jeudi 12 juin 1997 : assassinat d’une étudiante de 21 ans, Mademoiselle Kerbiche Wassila, à Beauséjour (Bouzaréah) sur les hauteurs d’Alger par un groupe armé.

Neuf personnes appartenant aux familles Arrar et Djillali du village Chéraifia (Boufarik) sont assassinées par un groupe armé.

Vendredi 13 juin 1997 : les quotidiens Le Monde et The Observer publient des témoignages accablants sur les disparitions et sur la torture au chalumeau en Algérie.

Quatre policiers sont tués à Alger près de l’ambassade de Jordanie.

Kader Boukerche, journaliste photographe qui s’était illustré dans de nombreux reportages sur les miliciens, se donne la mort par balles après avoir tué son ex-épouse à Jolie Vue (Kouba)

Samedi 14 juin 1997 : 5 citoyens sont tués à Bouzaréah (Alger) et 4 autres à Chenoua (Tipaza) par des hommes armés non identifiés.

Treize citoyens sont assassinés à Douaouda (Tipaza) par un groupe armé.

Lundi 16 juin 1997 : Abdelkader Hachani, prisonnier politique sans jugement depuis 5 ans, est hospitalisé suite à la détérioration de son état de santé en raison de la grève de la faim qu’il observe depuis le 20 mai.

Quinze personnes sont tuées au village Djouazi (Tissemsilt) par un groupe armé.

Une cinquantaine de citoyens auraient été tués au village de Daïat Labguer (M’sila) par un groupe armé selon le quotidien El Khabar.

Mardi 17 juin 1997 : Zidour Rachid, milicien du domaine Errahaba à Hadjout (Tipaza) est tué lors d’une embuscade.

Mercredi 18 juin 1997 : Le quotidien El Khabar rapporte l’assassinat de onze citoyens à Béchar.

Jeudi 19 juin 1997 : Explosion d’une bombe au cinéma le Sindbad, situé à la rue Ben M’hidi (Alger). Officiellement il y aurait 2 morts et 20 blessés.

Vendredi 20 juin 1997 : Explosion d’une bombe devant le local de la milice d’El Affroun (Blida) près d’un marché : un mort et six blessés sont à déplorer.

Dimanche 22 juin 1997 : 27 détenus transférés de la prison de Tizi Ouzou vers celle de Relizane meurent asphyxiés dans leur fourgon cellulaire sans aération.

Lundi 23 juin 1997 : Explosion d’une bombe à la gare routière de Blida : 3 citoyens blessés.

Explosion d’une bombe près du local de la milice de Tazrout (Béjaïa) : pas de victimes mais les dégâts matériels seraient importants.

Explosion d’une bombe au centre de la ville de M’sila : 3 morts et plusieurs blessés seraient à déplorer.

Quatre citoyens tués par des hommes armés à Tissemsilt.

Mardi 24 juin 1997 : Assassinat de 15 citoyens à Saïda par un groupe armé.

Mercredi 25 juin 1997 : Explosion de deux bombes dans un train à un kilomètre de la gare d’El Harrach (Alger) et en provenance de Réghaia : 2 morts et 40 blessés.

6 citoyens sont tués au lieu dit Bourouis (commune de Sidi Amar – Tipaza) par un groupe armé non identifié.

Violent accrochage entre des maquisards et l’armée dans la région de Maamoura (Saïda). Des hélicoptères interviennent dans les combats. Pas d’informations sur d’éventuelles pertes humaines. .

Le quotidien El Watan annonce la mort de vingt citoyens qualifiés de « terroristes » à Saïda.

Jeudi 26 juin 1997 : Attentat criminel en plein centre d’El Harrach (Alger) : quatre femmes meurent calcinées et 20 blessés suite à l’explosion d’une bombe dans un bus de transport.

Mme Saliha Aït Adda, technicienne à la télévision nationale est tuée à la place du 1er mai à Alger.

Vendredi 27 juin 1997 : 22 personnes sont tuées au douar Zmala, village Seghouane (Médéa) par un groupe armé non identifié.

Samedi 28 juin 1997 : explosion d’une bombe dans un train à El Affroun (Blida) : un citoyen tué et huit autres blessés.

La famille de Ali Benhadj, homme politique, condamné à 12 ans de réclusion et gardé au secret depuis trois ans, adresse une lettre au général Zeroual, lui demandant de l’autoriser à lui rendre visite.

 

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