Les lycéens font la leçon

BRAS DE FER AVEC LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE

Les lycéens font la leçon

Le Soir d’Algérie, 20 janvier 2008

Colères lycéennes. Plusieurs villes du pays en ont abrité hier. Le mot d’ordre de grève a fait tache d’huile. Partout, des potaches, armés de colères légitimes, ont séché les cours pour investir les rues. Ils refusent de servir de cobayes. Ils dénoncent, au-delà, une réforme qui hypothèque leurs chances de réussite au baccalauréat. Ils ne demandent pas la lune.

Ils revendiquent tout juste que soient allégés les programmes des classes de terminale, dont ils éprouvent réellement la surcharge. Le ministère de tutelle manque d’être franchement à l’écoute. Plutôt qu’un dialogue ouvert et serein, le département de Benbouzid a préféré le froid communiqué de presse. C’était jeudi. La réponse ministérielle, servie ainsi par voie de presse, a raté de rassurer. Les lycéens ont maintenu leur grève. Ils l’ont superbement réussie. La mobilisation a été semblablement forte dans la capitale, à Constantine, à Tizi-Ouzou, à Bouira, à Blida et ailleurs. Belle leçon de détermination. Lucidité exemplaire également. Le département de Benbouzid devra méditer sérieusement cette mobilisation. D’autant qu’elle se propose durable. Les lycéens projettent de reproduire la démonstration de force samedi prochain, soit le 26 janvier. Si bien sûr, leur doléance ne trouve pas satisfaction d’ici là. Les délégués des lycéens grévistes, reçus hier au niveau de certaines académies, notamment à Alger, se sont vu promettre la reconduction de la formule de choix de sujets durant les épreuves du baccalauréat. Peu suffisant, ont estimé les représentants des lycéens. Aussi se déclarent-ils toujours mobilisés. La balle est dans le camp de Benbouzid. Saura-t-il réintroduire la sérénité dans les lycées ? Il lui faudra plus que de rassurer à travers un communiqué. Mais surtout il lui faudra éviter de diaboliser ce mouvement lycéen de protestation. Il s’est, au demeurant, vainement essayé à un tel exercice jeudi. «Le ministère de l’Education nationale invite les élèves, les parents d’élèves et l’ensemble de la communauté éducative à déjouer toute tentative destinée à porter atteinte à la valeur et à la crédibilité de l’examen du baccalauréat et à son exploitation à des fins politiques », notait en effet le communiqué du ministère de l’Education nationale. Vieille rengaine qui consiste à jeter le discrédit sur tout ce qui est discordant. Coup loupé. Les lycéens ont bel et bien débrayé samedi. Il fallait autre chose que de la provocation pour espérer les voir desserrer les rangs et rentrer en classes. Cette autre chose n’est rien que la prise en charge effective de leurs revendications. Quitte pour cela à revoir des chapitres entiers de la réforme de l’éducation. Car une réforme qui fait déserter les lycéens de leurs salles de cours n’est pas nécessairement la meilleure.
S. A. I.


ALGER

La démonstration de force

Des milliers de lycéens ont manifesté, hier, dans différents points de la capitale pour dénoncer la surcharge du nouveau programme des classes de terminale. Le mouvement de protestation pourrait prendre une envergure nationale, une grève générale étant prévue à partir du 27 janvier dans tous les établissements du pays.

Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Le ministère de l’Education nationale a eu droit, hier, à une véritable démonstration de force de la part des lycéens de troisième année secondaire. Ils sont de nouveau passés à l’action après le «test» de mercredi dernier. A Ben Aknoun, les élèves de plusieurs établissements de d’Alger-Ouest (académie de Chéraga) ont tenté de marcher vers le siège du ministère de l’Education. Il a fallu l’intervention des forces anti-émeute pour les en dissuader. Plusieurs centaines de lycéens ont été regroupés dans le parking de la cité universitaire Taleb- Abderrahmane de Ben Aknoun. Ils ont passé une bonne partie de la matinée sous garde policière. «Ils ne doivent surtout pas croire que leurs policiers nous impressionnent. Nous sommes fermement décidés à obtenir gain de cause. S’ils veulent que nous retournions en classe, Benbouzid n’a qu’à accepter notre plate-forme de revendications», affirme une élève d’El Mokrani. Leurs revendications, les terminales les résument ainsi : allègement du programme, suppressions de certaines matières jugées «inutiles» pour les filières scientifiques (sciences islamiques, histoire-géographie, arabe) et choix des sujets au baccalauréat. Ils dénoncent également le manque de préparation des enseignants. «Le ministre de l’Education n’est pas conscient de la situation. Sa réforme est une catastrophe, il doit comprendre une bonne fois pour toutes que nous ne sommes pas des machines», précise un autre élève. Selon lui, le dernier communiqué du ministère, daté de jeudi dernier, démontre à lui seul le manque de considération des pouvoirs publics. «Ils n’ont rien compris. C’est notre avenir qui est en jeu et eux ne trouvent rien de mieux à faire que de parler d’exploitation de notre mouvement à des fins politiques. Faudrait qu’ils sortent un peu de leurs bureaux, ces gars-là». Les lycéens campent sur leurs positions. Ils acceptent toutefois de rencontrer le responsable de l’académie d’Alger- Ouest. Un groupe de 5 délégués est constitué. Il aura à représenter la quinzaine d’établissements qui ont pris part à l’action de protestation de Ben Aknoun. Mais les élèves des hauteurs d’Alger ne sont pas les seuls à crier leur colère. Les lycéens de Kouba, Bachdjerrah, Hussein-Dey, Aïn-Naâdja et El Harrach sont, eux aussi, passés à l’action en manifestant sous les fenêtres de l’annexe du ministère de l’Education, sise au Ruisseau. Une situation qui a nécessité l’intervention de la police pour maintenir la fluidité de la circulation automobile. Les représentants des établissements ont été reçus par un responsable du département de Benbouzid. Une rencontre qui n’a abouti à rien de concret. De son côté, la délégation des lycées de Chéraga-Ouest a pu obtenir un petite avancée : le rétablissement du choix des sujets au bac. «On espère que c’est un début. Mais ce n’est pas assez, les responsables du secteur de l’Education doivent faire plus d’efforts», expliquera un des délégués. Les élèves reprendront les cours dès aujourd’hui. Mais ils ont accordé un ultimatum d’une semaine au ministère. «Si nous n’obtenons rien d’ici-là, la grève sera nationale et illimitée à partir du samedi 27 janvier».
T. H.


TIZI-OUZOU

Une marche contre l’échec du programme

Les éclaircissements et les assurances rendus publics par le département de Boubekeur Benbouzid à propos des sujets des examens du baccalauréat semblent avoir produit l’effet inverse.
Environ 3 000 lycéens, selon les services de sécurité, sont descendus dans la rue au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou pour exprimer, après un mouvement de grève à caractère national, leurs préoccupations au sujet du programme qui, selon eux, hypothèque dangereusement les résultats du baccalauréat. «On a un problème avec ce programme que nous n’arriverons jamais à terminer. Nous sommes pratiquement à la fin du 2e trimestre et on n’est qu’à la moitié du premier manuel scolaire alors qu’on a normalement deux pour chaque matière. Les promesses de Benbouzid de nous donner des sujets en fonction de ce qu’on aura étudié ne correspondent pas à nos demandes. On veut du concret et surtout savoir où on va», nous déclare une lycéenne membre du comité d’organisation, mettant en doute les capacités de l’administration de gérer l’évolution du programme actuel au niveau des 48 wilayas. Les potaches se sont donné rendez-vous devant le stade du 1er-Novembre, un lieu situé au cœur de la ville, et dans une marche bruyante et quelque peu agitée sont allés rejoindre la direction de l’éducation pour formuler de vive voix leurs revendications au directeur de l’éducation, représentant local de la tutelle. Une délégation représentant tous les établissements présents à la marche, constituée non sans difficulté, a été filtrée par les organisateurs et les services de sécurité laissant, apparemment, sur le carreau quelques prétendants à l’audience. Le centre-ville de Tizi-Ouzou a été secoué tôt le matin par le bruit des protestataires venant de tous les établissements de la ville et des localités environnantes et convergeant vers le lieu de rassemblement, et de ce dernier vers la direction de l’éducation où les participants à la marche ont tenu un sit-in pendant que leurs camarades étaient reçus à la direction de l’éducation. Sur quelques banderoles brandies par les marcheurs, on pouvait lire les slogans suivants : «Où va l’école algérienne ?» ; «Pour un véritable enseignement général» ; «Programme 2008 aucune réussite» ; «Pour une véritable réforme» ; «On est pas des cobayes». Rappelons que le mouvement des lycéens a débuté jeudi dernier lorsque les initiateurs ont fait le tour des établissements du chef-lieu, appelant à une marche de protestation ce samedi 19 janvier qui, au vu du nombre de participants, est couronnée de succès. Quant à la manipulation politicienne soupçonnée par la tutelle dans le but de faire diversion aux véritables préoccupations des candidats au baccalauréat, les lycéens répondent à l’unanimité par l’absence de toute organisation politique ou autre dans leurs rangs.
B. T.


BOUIRA

Les élèves exigent du concret

Emboîtant le pas à leurs camarades des autres wilayas, les élèves des classes de terminale de plusieurs lycées de la wilaya de Bouira, notamment ceux du chef-lieu et des daïras de Lakhdaria et de Aïn Bessem, ont organisé hier des marches pour demander «une décision officielle pour l’allégement des programmes». En effet, dès la matinée, le mouvement de protestation s’est ébranlé vers le chef-lieu de la wilaya, depuis le lycée Krim Belkacem pour se propager au fil des heures vers les autres lycées, six au total, et se transformer en une marche à travers les principales artères de la ville. Ainsi, au fil des heures, le nombre de marcheurs bien encadrés par les services de sécurité, augmentait puisqu’au niveau de chaque lycée, des dizaines d’élèves de terminale se joignaient aux protestataires qui étaient à la fin plus d’un millier, à scander «pour une décision officielle d’allègement des programmes » et «nous ne sommes pas des rats de laboratoire», etc. Arrivée vers 11 heures devant le siège du cabinet du wali, une délégation d’élèves a remis au wali une requête signée au nom de tous les élèves de terminale de la wilaya de Bouira et dans laquelle il est demandé principalement, la décision officielle d’allégement des programmes des classes de terminale. Pendant ce temps, à l’extérieur, beaucoup d’élèves nous ont assailli par leurs préoccupations. Des préoccupations allant de la surcharge des programmes à leur inadaptation en nous citant des exemples qui laissent pantois les plus avisés. En effet, Sofiane, élève de terminale dans la filière lettres et langues étrangères, nous parle des programmes d’histoire dispensés dans lesquels nous dira-t-il, il n’est fait référence que de concorde civile et des citations de Bouteflika ; ensuite en géographie où l’on retrouve également les «grandes réalisations» de Bouteflika. Une autre élève évoque le problème de l’éducation islamique où la plupart des exposés renvoient l’élève à s’inspirer du Coran dans plusieurs questions sans aucune référence.
Y. Y.


BOUMERDÈS

Une grande détermination

Programmes surchargés, grand retard dans les cours, décalages entre les méthodes pédagogiques, enseignement non conforme à la nouvelle méthode, manque de moyens pédagogiques, manuels scolaires en mauvais état, établissements dans une situation de délabrement avancé sont pour les lycéens et lycéennes des motifs de protestation.
Les trois établissements de la ville de Boudouaou, filles et garçons, sont entrés en grève illimitée depuis jeudi dernier, et ce pour dénoncer les insuffisances et exiger l’allégement des programmes. Ils font montre de détermination «Nous ne rejoindrons pas nos classes jusqu’à ce que nos problèmes soient résolus» affirment-ils unanimement. Ils rejettent, en outre, les explications du ministre de l’Education nationale. Hier, ils ont effectué une marche d’une dizaine de kilomètres pour aller au chef-lieu de la wilaya où ils ont été rejoints par les élèves du lycée Laïd El Khalifa. En cours de route, les services de sécurité qui se sont déployés en nombre important, notamment des policiers anti-émeute, ne les ont pas dissuadés d’arriver à la cité administrative où les casques bleus cernaient l’entrée principale et le siège de la direction de l’Education. Une délégation a été désignée et est allée porter leurs revendications auprès de la Direction de l’éducation. Quelques journalistes qui voulaient être présents à cette réunion en qualité d’observateurs ont été empêchés. A travers leurs propos, les lycéens ont démontré leur maturité. «Dites à monsieur Benbouzid que nous ne sommes pas des robots mais des êtres humains» nous lance une manifestante. Ses camarades approuvent bruyamment. Narimène revient à la charge «nous sommes ici pour réclamer nos droits. Nous ne voulons pas être les sacrifiés d’une réforme vouée à l’échec» et elle argumente : «Certaines filières ne sont qu’à environ 20% de leur programme alors qu’une instruction a été donnée pour terminer les programmes le 30 mai.» D’autres parlent des difficultés pour suivre les cours parce que, selon eux, les professeurs ne maîtrisent pas, soit les sujets ou la méthode pédagogique. «Dans certains livres, nous avons relevé des erreurs graves» ajoute Omar. Certains protestataires vont jusqu’à demander la suppression de quelques matières pour alléger le programme. «Nous n’avons pas de base pour comprendre tous les programmes» récapitule Omar qui résume toute la détresse de l’école algérienne.
Abachi L.


SKIKDA

Mouvement de contestation

Les classes d’examen du bac de quatre établissements scolaires de la commune de Skikda se sont distinguées, dans la matinée d’hier, par un mouvement de contestation qui s’est traduit par la désertion des cours et un sit-in au niveau du siège de la Direction de l’éducation. Une longue marche dans les différentes artères de la ville a été également effectuée, ponctuée par des slogans rejetant la réforme, «Lil Islah Rafidoune» (nous refusons la réforme). Quadrillés par un service d’ordre impressionnant, les élèves des lycées Seddik-Ben- Yahia, Nahda, Larbi-Tébessi et Abdeslam-Boudebza dénoncent, à l’instar des lycées d’autres wilayas, la surcharge des programmes et l’augmentation des épreuves. Dans la ligne de mire aussi, les enseignants. «Ils sont indifférents à nos problèmes d’assimilation. Outre cela, ils s’absentent régulièrement et veulent compenser cela par une rapidité d’exécution des programmes scolaires», nous diront les élèves. Une délégation des représentants des élèves a été reçue au bureau du secrétaire général de la Direction de l’éducation en présence du directeur et des responsables des services compétents.
Zaïd Zoheïr


CONSTANTINE

Les lycéens investissent la rue

Constantine a vécu toute la journée d’hier au rythme des manifestations de lycéens. Un mouvement spontané, enclenché par plusieurs milliers d’élèves de la classe terminale qui ont investi les principales artères de la ville dès la première heure de vacation, et ce pour exprimer leur rejet du nouveau programme d’enseignement et également de l’évolution des cours qu’ils jugent chaotique.
La manifestation de ces lycéens a commencé devant le siège de la direction de l’éducation où les élèves des lycées Jugurtha et El Houria se sont rassemblés pour faire entendre leur voix aux responsables de l’éducation. L’effet boule de neige ne tardera pas à se faire sentir puisque repoussés au-delà du plateau du Koudiat où siège la majorité des administrations de souveraineté dont la direction de l’éducation et la sûreté de wilaya, les manifestants ont été rejoints par les élèves des lycées Ibn- Badis, Ibn Taymia et Malek Haddad qui ont mené une marche depuis la cité Boudjnana en passant par Nehhas Nabil pour arriver à la place de la pyramide au centre-ville. La foule des lycéens qui se sont regroupés dans un sit-in devant le siège du groupement de la Gendarmerie nationale, a repris, par la suite, le chemin de l’académie avant d’être empêchée d’évoluer par les forces de l’ordre qui ont bloqué tous les accès menant à El Koudiat. Si les filles du lycée El Houria ont été quadrillées par la police et empêchées de rejoindre leurs collègues, la colère des autres lycéens n’a pas été maîtrisée aussitôt puisqu’ils ne se sont pas dispersés cette fois-ci mais se sont retrouvés au boulevard Belouizdad (ex- Saint Jean) puis sur la route menant vers Nehhas Nabil. Cependant, les agents de l’ordre qui opéraient discrètement, faut-il le signaler, ont commencé les arrestations. Des policiers en civil ont infiltré la foule en marche et conduit plusieurs lycéens au commissariat notamment parmi ceux de l’avant-garde, sans pour autant pouvoir dissuader leurs collègues qui ont continué la manifestation jusqu’au siège de la station régionale de la télévision nationale, sis à Nehhas Nabil en face du lycée Ibn Badis. Les élèves, qui agitaient leurs tabliers blancs en marchant, avaient répété sans cesse des slogans qui exprimaient leur colère par rapport à l’évolution des cours et aussi aux programmes qu’ils jugent trop chargés. «Nous pataugeons encore dans le premier quart du programme alors qu’il nous reste près de 3 mois d’étude. Comment peut-on répondre aux questions de l’examen du bac ? Les programmes sont trop chargés et même les enseignants n’ont pas pu les suivre convenablement» s’est indignée une lycéenne. «Nous ne sommes pas des cobayes !». Voici, entre autres, ce que répétaient ces élèves qui réclamaient auprès des responsables de l’éducation de se pencher sur cette situation pour trouver une issue à ce qu’ils qualifient de non-droit. Un autre élève a décrié, par ailleurs, les déclarations faites par le ministre de l’Education jeudi dernier qui a avancé que les questions du bac seront élaborées en fonction du taux d’avancement des cours, c’est-à-dire choisies sur les leçons étudiées. «D’abord, l’évolution des cours varie d’un lycée à un autre et d’une wilaya à une autre. D’ailleurs, comment peut-on continuer notre cursus sans être imprégnés de toutes les notions du programme ? Nous revendiquons une formation correcte et c’est notre droit le plus absolu» répliqua de lycéen. En tout état de cause, les manifestants se sont regroupés pendant plus d’une demi-heure devant le siège de l’ENTV. Si aucune caméra de la chaîne publique n’a filmé ce rassemblement, les policiers ont procédé à l’arrestation de plus d’une dizaine de lycéens. Ils se sont dispersés vers les 11h 00 mais de petits groupes de lycéens continuaient de manifester tout au long de la journée à travers la ville des ponts. Ils jurent de ne plus rejoindre les bancs de classe jusqu’à l’obtention d’une réponse positive de la part de la tutelle. Il convient de noter que certains parents d’élèves avaient également participé à cette manifestation aux côtés de leurs enfants.
Lyas Hallas


BLIDA

L’inquiétude

Ils étaient plusieurs centaines d’élèves venus du lycée Omar Ibn Khattab à Blida, à se bousculer, hier à 11 heures, au seuil de la porte de notre bureau régional pour dénoncer la charge du programme réservé aux classes de terminale. Leur appréhension est ne pas pouvoir terminer à temps le programme et faire chou blanc à l’examen du bac. Pour prendre note de leurs préoccupations, il nous a fallu beaucoup de patience surtout qu’ils parlaient tous en même temps. A travers ce brouhaha, on a pu comprendre que ce sont les matheux et les scientifiques qui étaient les plus lésés par le programme en vigueur. Les littéraires ne sont pas en reste et déplorent le manque de cohérence entre les textes de littérature et ceux qui ont un lien avec la continuité de cette même matière. «Le ministre de l’Education doit éliminer du bac la matière des sciences islamiques car nous arrivons à peine à suivre les autres matières essentielles », nous dira, excédé, un élève. Il poursuivra que ceux qui ont élaboré ce programme n’ont pas tenu compte du facteur temps, lequel joue en défaveur des élèves qui doivent encore étudier chez eux mais comme ils quittent parfois le lycée à 20 heures, cela devient quasiment impossible.
M. B.


ORAN

La manifestation réprimée

Comme prévu depuis jeudi dernier, les lycéens d’Oran sont à nouveau sortis dans la rue hier matin pour manifester et revendiquer un allégement du programme de 3e année secondaire.
Cette fois-ci, les lycéens sont partis de plusieurs établissements implantés dans différents quartiers de la ville, Medioni, Les Amandiers, L’USTO, Maraval, banderoles à la main, slogans contre le ministre Benbouzid. Leur mot d’ordre était de se retrouver devant le siège de l’académie d’Oran pour y faire part de leurs revendications. Mais les forces de police étaient positionnées aux abords des établissements et des principaux carrefours et avec célérité, elles ont forcé les manifestants à rebrousser chemin en les poursuivant. Ainsi et durant presque toute la matinée, il s’en est suivi une sorte de courses-poursuites entre lycéens et policiers. Refusant de retourner dans leurs établissements, de très nombreux élèves ont subi de la part des forces de police des coups de pieds, des matraques et des insultes qui se sont abattus sur eux comme nous avons pu le constater. Une lycéenne avait le visage marqué par un coup de matraque sur la tempe, alors que d’autres étaient touchés légèrement aux jambes. Certains lycéens ont été interpellés mais aussitôt relâchés. Une attitude des forces de police qui a provoqué la colère et l’incompréhension des lycéens : «Ils n’ont pas le droit de nous frapper, c’est notre droit de manifester pacifiquement…! » disaient-ils à l’adresse des journalistes pris à témoins. Finalement, les manifestants arriveront à se regrouper devant le siège de l’académie où une délégation rencontrera le responsable. Celui-ci leur assurera que les épreuves du baccalauréat ne porteront que sur le programme qui a pu être étudié tout en reconnaissant qu’ils avaient raison et que leurs revendications étaient légitimes. Les lycéens, dans l’attente d’un engagement ferme du ministre, ont décidé par la suite de se disperser sans heurts.
Fayçal M.