Ouyahia: «Où est passé le pôle démocratique ?»

Ouyahia devant le conseil national du RND

«Où est passé le pôle démocratique ?»

Par Faouzia Ababsa, La Tribune, 28 juin 2003

Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique n’y est pas allé de main morte, ce week-end, aussi bien avec le pôle démocratique qu’avec le courant islamiste. Comme «promis», Ahmed Ouyahia a tenu un discours virulent, d’abord à la séance d’ouverture du conseil national du parti qu’il préside. Une intervention qui ne dépassera pas les 15 minutes, contrairement aux précédentes rencontres de sa formation politique. Mais qui en dit long sur l’inquiétude qui a gagné et le RND et Ouyahia par rapport à la situation globale du pays. Notamment à l’approche de la libération de Ali Benhadj. Nous sommes dans la même situation que celle de 1990 et 1991», dira-t-il. «Alors que l’Algérie faisait face au violent séisme, ils n’ont pas hésité à profiter de la situation pour s’attaquer de nouveau aux citoyens», ajoutera le patron du RND. Celui-ci fait allusion à l’affectation des forces de sécurité à Alger et Boumerdès au lendemain du séisme du 21 mai dernier. Dès lors, des unités en faction à l’ouest du pays ont été quelque peu dégarnies. Et c’est ce moment-là qu’ont choisi les terroristes pour mener leurs attaques. Cependant, le secrétaire général du RND ne s’est pas fait d’illusions. A l’en croire, ces terroristes n’ont rien inventé de nouveau, toutefois, ils ont révélé à ceux qui continuent à louvoyer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays leur véritable dessein, expliquera encore l’orateur. Et Ahmed Ouyahia de s’interroger : «Où sont passés le pôle démocratique et le courant nationaliste ? Attendent-ils le mois d’avril 2004 pour pleurer ?» Il ajoutera de manière tranchante : «Nous n’avons pas le choix, il faut nous mobiliser.» En tout état de cause, le RND compte, selon son premier responsable, rester tout le temps sur la ligne de front. A propos du dialogue avec les arouch, il dira que l’heure de vérité est arrivée, tout en précisant que «la toile d’araignée se tisse autour de la prise du pouvoir, notamment en Kabylie». Faisant certainement allusion au FFS et au RCD, qu’il accuse de manière indirecte de vouloir manipuler le mouvement et qui déclarent que l’offre de dialogue initiée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’un camouflet en prévision des élections présidentielles. «Ils seront certainement les premiers à se bousculer devant la porte du Conseil constitutionnel pour déposer leurs candidatures aux présidentielles.» Selon Ahmed Ouyahia, ils sont beaucoup plus préoccupés par la prise du pouvoir et les élections que par le combat contre le terrorisme et le fondamentalisme. «Il n’y a pas trace d’une seule condamnation des assassinats. Est-ce devenu banal à ce point ?» s’est interrogé le secrétaire général du RND lors de la conférence de presse qu’il a animée hier à l’issue des travaux du conseil national. «De l’autre côté, les terroristes et les fondamentalistes ont une démarche synchronisée. Les uns multiplient les attaques, les autres intensifient les déclarations.» Durant ce point de presse, Ahmed Ouyahia réitérera les positions du parti, réaffirmées la veille, aussi bien par rapport au terrorisme que par rapport à la situation globale du pays. A une question relative à un éventuel échec du dialogue avec les arouch, le secrétaire général du RND dira que, le cas échéant, c’est l’avenir de 3 millions d’Algériens et de toute une région qui sera hypothéqué.A propos de la crise au FLN, Ouyahia s’interdira tout commentaire, partant du principe que le RND refuse de s’ingérer dans les affaires internes des partis politiques. A une question relative à la levée de l’état d’urgence, le conférencier dira que le RND n’a pas changé d’avis et qu’il était contre. «L’instauration de l’état d’urgence est le fait d’une circonstance. Ce n’est pas un choix.» Et d’ajouter : «C’est une disposition du décret sur l’état d’urgence qui a permis de mettre Abassi Madani en résidence surveillée», a-t-il indiqué comme pour signifier que c’est le même sort qui attend Ali Benhadj, libérable le 2 juillet, s’il venait à enfreindre la loi. A propos d’un supposé crédit de 500 millions de centimes que lui aurait accordé El Khalifa Bank, le premier responsable du RND aura cette réponse : «Je leur donne un délai d’un mois pour me présenter le fac-similé.»Rappelons que le conseil national tenu ce week-end avait pour ordre du jour l’examen de la situation du pays, l’adoption du règlement intérieur, le programme d’action du parti et enfin l’élection du bureau national. Celui-ci est notamment composé de Abdelkrim Harchaoui, Chihab Seddik, Abdelkader Malki, Abdesselam Bouchouareb, Mohamed Tahar Bouzghoub, Miloud Chorfi, Boutouiga Benhalima (chef d’un groupe de Patriotes), Nouara Djaafar, Salah Djnouhat, Hafsi Nouria (secrétaire générale de l’UNFA), Khalfa Mbarek, Hammi Laroussi, Khaldi Boumediene, Mohamed Maghlaoui, Saïd Maddour et Zitoufi Driss. Ce bureau se réunira la semaine prochaine pour l’affectation des tâches de chacun.

F. A.